Les Etats-Unis ont dévoilé lundi une refonte tous azimuts de leur politique en Afrique subsaharienne où ils entendent contrer la présence russe et chinoise, et développer notamment des approches non militaires contre le terrorisme. Cette nouvelle stratégie, qui reconnaît au passage l'importance démographique croissante de l'Afrique, son poids à l'ONU tout comme ses immenses ressources naturelles et opportunités, intervient alors que le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a entrepris une deuxième tournée africaine, qui doit le conduire en Afrique du Sud, en République démocratique du Congo (RDC) et au Rwanda. M. Blinken, arrivé dimanche à Johannesburg, doit prononcer lundi un discours politique majeur à Pretoria, capitale de l'Afrique du Sud. L'année dernière, il s'était rendu au Kenya, au Nigeria et au Sénégal. Cette réorientation intervient également alors que certains critiques affirment que l'accent mis par les Etats-Unis sur la lutte militaire contre les groupes extrémistes en Afrique n'a pas beaucoup porté ses fruits. « Les Etats-Unis ont tout intérêt à s'assurer que la région reste ouverte et accessible à tous, et que les gouvernements et les populations puissent faire leurs propres choix politiques (…) Des sociétés ouvertes sont généralement plus enclines à travailler de concert avec les Etats-Unis, attirent plus de commerce et d'investissement américain (…) et contrent les activités nuisibles de la République populaire de Chine, de la Russie et d'autres acteurs étrangers », souligne le nouveau document d'orientation divulgué lundi. Lire aussi: Arrivée de Blinken en Afrique pour contrecarrer l'influence russe Intitulé « Stratégie américaine envers l'Afrique subsaharienne », le document détaille quatre objectifs pour cinq ans: favoriser les sociétés ouvertes; offrir des dividendes démocratiques et en matière de sécurité; travailler au redressement après la pandémie et sur les opportunités économique; soutenir la préservation et l'adaptation au climat et une transition énergique juste. L'attention des Etats-Unis pour l'Afrique a souvent été reléguée au second plan et l'administration américaine espère changer de pied. Un sommet américano-africain est prévu le 13 décembre à Washington. Endiguer l'autoritarisme Le document américain égrène les griefs de la Maison Blanche contre Pékin et Moscou en Afrique. Il suggère que Pékin s'y comporte comme dans une « arène pour défier l'ordre international fondé sur des règles, faire avancer ses stricts intérêts commerciaux et géopolitiques (…) et affaiblir les relations des Etats-Unis avec les peuples et les gouvernements africains ». Quant à la Russie, elle « considère la région comme un environnement permissif pour les sociétés para-étatiques et militaires privées, créant souvent de l'instabilité pour en retirer un avantage stratégique et financier », selon le document américain qui pointe aussi l'usage de « la désinformation ». « Nous sommes extrêmement préoccupés par le rôle des mercenaires russes », a par ailleurs commenté un responsable de l'administration américaine, pointant le groupe Wagner, accusé d'exactions, notamment en Centrafrique. Si près de 70% des Africains expriment un ferme soutien à la démocratie, le nombre de pays dit libres s'est réduit à huit, un nombre qui n'a jamais été aussi faible en trente ans. Le document suggère un effort accru pour « endiguer la récente vague d'autoritarisme et de coups d'Etat militaires en travaillant avec des alliés et des partenaires dans la région pour répondre au recul démocratique et aux violations des droits de l'homme ». Lire aussi: Libertés religieuses: Antony Blinken encense le Maroc Il ajoute que les Etats-Unis utiliseront leur « capacité unilatérale », autrement dit militaire, contre des cibles terroristes « uniquement là où c'est légal et là où la menace est la plus aiguë ». Le but est de donner la priorité aux « approches dirigées par des civils lorsque c'est possible et efficace ». Dans ce contexte, le soutien des Etats-Unis à la reprise de la région après les graves conséquences économiques de la pandémie de coronavirus « est une condition préalable pour regagner la confiance de l'Afrique dans le leadership mondial des Etats-Unis », ajoute le document.