Le président Emmanuel Macron a retrouvé mardi le terrain de la diplomatie avec la guerre en Ukraine, tandis que sa rivale Marine Le Pen a dénoncé son « chantage à la peur » à la veille de leur duel télévisé qui pourrait être décisif à cinq jours du second tour. Délaissant quelques heures la campagne présidentielle, M. Macron a participé dans l'après-midi à une visioconférence consacrée à l'Ukraine à l'initiative du président américain Joe Biden. Cette réunion avait pour but de discuter du « soutien continu à l'Ukraine et les efforts visant à s'assurer que la Russie rende des comptes », selon la Maison Blanche. Elle intervient après l'annonce d'une nouvelle offensive majeure russe dans l'est de l'Ukraine. Les deux finalistes se préparent à leur duel télévisé mercredi, un rendez-vous crucial que Marine Le Pen avait complètement raté il y a cinq ans face à un Emmanuel Macron qui a cette fois un bilan à défendre. Dans une vidéo diffusée mardi, la candidate a déploré que le président-candidat ait « fait le choix de l'invective et du chantage à la peur ». « La peur, c'est le seul argument qui reste à l'actuel président de la République pour tenter de se maintenir à tout prix » au pouvoir, a-t-elle affirmé.
– Des sondages favorables –
Les soutiens au vote pour Emmanuel Macron estiment eux, comme le dit dans le monde mardi le dirigeant de la CFDT Laurent Berger, que « Marine Le Pen nous promet une société du rejet ». « On ne peut pas l'appréhender comme une candidate lambda, car le risque est grand qu'elle essaye d'instaurer un pouvoir autoritaire », ajoute-t-il. Emmanuel Macron est donné vainqueur dimanche soir face à la candidate d'extrême droite, en légère progression dans les sondages sur son adversaire. Il l'emporterait avec entre 55% et 56,5% des voix contre entre 43,5% et 46 pour Marine Le Pen. En 2017, M. Macron l'avait remporté face à Mme Le Pen avec 66% des voix. Les deux candidats s'efforçent d'élargir leur base électorale, notamment à gauche, tout en allant chercher les indécis et ceux tentés par l'abstention. Il y a cinq ans, elle était arrivée mal préparée et fatiguée au débat de l'entre-deux-tours, passage obligé de la présidentielle depuis 1974, après avoir multiplié les déplacements. Lire aussi: France: Macron et Le Pen cultivent leurs divergences sur l'interdiction du voile Elle doit montrer qu'elle est « à la fois crédible, qu'elle sait rassembler, mais surtout qu'elle incarne la fonction, ce que n'a pas réussi à faire M. Macron », a affirmé le vice-président du RN et maire de Perpignan Louis Aliot sur France 2, espérant que le débat soit sans « agressivité générale ». S'il semble vouloir dédramatiser l'événement, Emmanuel Macron « se prépare sérieusement parce que c'est un débat important » et cela va permettre de « rentrer dans le détail des propositions », a précisé sur CNews Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement et soutien d'Emmanuel Macron. D'autant plus que « le programme de Mme Le Pen est extrêmement difficile à suivre, ça change tous les jours », a renchéri le Premier ministre Jean Castex sur France Inter, après notamment les importantes évolutions ces derniers jours des positions de la candidate RN sur l'interdiction du voile islamique dans l'espace public. Contrairement à 2017, le président sortant devra cette fois défendre le bilan d'un quinquennat marqué par la crise des « gilets jaunes » et la pandémie du Covid-19 face aux attaques de sa rivale qui dénonce « une forme de profond mépris à l'égard des Français » et a fait de la défense du pouvoir d'achat le thème principal de sa campagne.
– « Pire toujours possible » – Le duel mercredi à 21H00 est d'autant plus attendu que le président sortant n'a participé à aucun débat avant le premier tour. Dans cette dernière ligne droite, les deux candidats s'efforcent aussi de séduire les partisans de l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon, arrivé troisième au premier tour, et qui a appelé aussitôt à ne pas accorder « une seule voix » à la candidate d'extrême droite. Il doit s'exprimer sur BFMTV mardi soir, après la consultation réalisée auprès de ses soutiens en vue du second tour, où le vote blanc ou nul est arrivé en tête avec 37,65% devant le vote Macron (33,4%) et l'abstention (29%). Entretemps, les candidats malheureux à la présidentielle lorgnent déjà les législatives en juin, comme Eric Zemmour, qui a réclamé mardi une « grande coalition des droites et de tous les patriotes » pour « bâtir une majorité » « contre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon ». Le candidat Reconquête!, rejoint par Marion Maréchal qui a annoncé devenir vice-présidente exécutive de ce parti, a appelé à voter Marine Le Pen au second tour, mais a souvent dit ne pas croire à ses chances.