Comme en 2017, Emmanuel Macron et Marine Le Pen se retrouvent face-à-face au second tour de l'élection présidentielle. Si le président sortant est donné vainqueur par les sondages, la dirigeante de l'extrême droite se voit déjà dans le fauteuil présidentiel. La droite laminée, la gauche qui boit la tasse, l'extrême droite qui rebondit... et un nouveau duel entre Emmanuel Macron (La République en marche) et Marine Le Pen (Rassemblement national). Un scénario dont personne ne voulait et qui prouve à quel point les électeurs français sont désabusés. Un sentiment bien exprimé par l'essentiel de la presse française, au lendemain du premier round de l'élection présidentielle. «La disruption et le social-populisme se retrouvent face à face à l'issue d'un premier tour (presque) couru d'avance et d'une campagne atone, voire aphone. Comme si rien ne s'était passé pendant le quinquennat marqué par les événements les plus inquiétants que le pays ait connu depuis des décennies», écrit notamment ainsi Sophie Leclanché dans La Montagne. Les quotidiens de gauche s'en désolent également : «Cette fois, ça craint vraiment», titre Libération en Une sur fond noir. «Pas elle», placarde L'Humanité, avec deux L figurés par les flammes du logo du Rassemblement national dirigé par Marine Le Pen.Devant l'offensive du Rassemblement national, Emmanuel Macron, qui s'était peu impliqué dans la campagne avant le premier tour en raison de la guerre en Ukraïne, a pris, dès lundi matin, son bâton de pèlerin «pour rasssembler, au-delà des différences dans un grand mouvement d'unité et d'action». «Rien n'est joué», a dit Emmanuel Macron et «le débat que nous aurons pendant 15 jours sera décisif pour notre pays et pour l'Europe», a-t-il déclaré devant ses partisans. Un message entendu aussi par les finalistes Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise), l'écologiste Yannick Jadot, la socialiste Anne Hidalgo et le communiste Fabien Roussel, notamment, qui appellent «à faire barrage à l'extrême droite». «Il ne faut pas donner une seule voix à Marine Le Pen», a répété à ses partisans Mélenchon. Marine Le Pen, qui se sent pousser des ailes, pensant qu'elle fera mieux qu'en 2017, invite «tous ceux qui n'ont pas voté pour le président sortant à la rejoindre». Déjà, elle est assurée du soutien d'Eric Zemmour (parti Reconquête) et du souverainiste Nicolas Dupont-Aignan. L'abstention, un adversaire de taille Des premiers sondages réalisés dimanche soir en vue du second tour donnent Emmanuel Macron vainqueur, soit de justesse (51-49% selon Ifop-Fiducial), soit un peu plus largement (54-46% pour Ipsos) mais dans tous les cas de manière beaucoup plus étriquée qu'en 2017 quand il l'avait emporté avec 66% des votes. Deux principaux défis se dresseront sur la route des deux prétendants: l'abstention qui a été très forte, aux alentours de 25%, et le report de voix qui est incertain, tant est vive la défiance des Français envers la politique et pour certains envers la politique menée par Emmanuel Macron, qu'ils qualifient de «président des riches». Rappelons qu'il y a cinq ans, un quart du l'électorat n'avait pas voulu départager Macron et Mme Le Pen, et quatre millions de Français, soit près d'un inscrit sur 10, avaient préféré voter blanc ou nul. Le moment clé de ces deux semaines de campagne sera le 20 avril, date du traditionnel débat télévisé de l'entre-deux tours. Tous les Français gardent en mémoire la leçon donnée par Macron à Marine Le Pen. Mais cette année, la fille de Jean-Marie Le Pen semble mieux préparée. «Ce qu'elle a réussi en trois mois peut fonctionner sur ces deux semaines», disait récemment son directeur adjoint de campagne Jean-Philippe Tanguy. La droite s'effondre Valérie Pécresse, sèchement éliminée dimanche de la présidentielle, a déclaré qu'elle voterait «en conscience» pour Emmanuel Macron au second tour face à Marine Le Pen, alors que son parti est menacé d'implosion après cette seconde élimination consécutive au premier tour. Les Républicains atteignent leur plus bas historique au premier tour de cette présidentielle, loin des 20% de François Fillon en 2017, avec un score autour de 5% pour Pécresse, vainqueur de la primaire de la droite à l'automne. Elle n'a ensuite cessé de perdre du terrain dans les sondages tout au long de sa campagne, également marquée par l'absence de soutien de l'ancien président Nicolas Sarkozy. Le parti Les Républicains (LR), qui arrive même derrière Eric Zemmour, est divisé maintenant sur la marche à suivre. Lundi, Valérie Pécresse a appelé aux dons financiers au nom de la «survie de la droite républicaine». «J'ai besoin de votre aide d'urgence d'ici le 15 mai pour boucler le financement de cette campagne présidentielle», a-t-elle lancé devant les médias, alors que les frais de campagne sont remboursés par l'Etat français à condition d'obtenir au moins 5% des suffrages. «Il en va de la survie des Républicains et au-delà de la survie de la droite républicaine». Mélenchon en tête au maroc Habituellement orientés à droite, les Français du Maroc ont cette année donné la majorité de laeurs voix au candidat de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon. Selon les premiers résultats, la droite a perdu 19 points au profit de la gauche qui gagne 13 points et du centre (+6 points). L'effondrement de la droite provient essentiellement du parti des Républicains qui termine à 3,5% contre 29% en 2017. Du côté de la gauche, Jean-Luc Mélenchon passe de 26% en 2017 à 40% le 10 avril 2022. Dans le détail, ce dernier a obtenu 40,29% des voix, devant Emmanuel Macron (37,9). Marine Le Pen a eu 4,5%. Sami Nemli avec Agence / Les Inspirations ECO