Impacté par la hausse des prix des denrées alimentaires, le célèbre marché casablancais de Benjdia se voit déserté par sa clientèle. Tomates, oignons, haricots verts…«on ne trouve plus rien en dessous de 5 DH», témoigne un commerçant. Reportage. Mercredi matin, au marché de Benjdia, quelques clients circulent dans les allées pour faire leurs courses. Beaucoup moins que d'habitude. « C'est vide », témoignent les commerçants et clients que nous interrogeons. « Le marché n'est plus ce qu'il était, tout comme les prix ». En cause, la hausse des prix de la plupart des produits de première nécessité: céréales, viandes, poissons, légumes et fruits… « Cette envolée des prix est elle-même causée par la hausse du prix des carburants et par extension du transport », rappelle Lahcen, un vendeur de fruits et légumes. « Les tomates sont passées de 5 à 8 DH, les oignons de 4 à 7 DH, les haricots verts à 22 DH et les petits pois de 10 à 17 DH. C'est une énorme hausse. Pour les personnes qui n'ont pas beaucoup de moyens, c'est difficile », détaille-t-il. Lire aussi : Fouzi Lekjaa: «la hausse des prix est due à la conjoncture internationale actuelle» Devant son stand, une cliente confirme. « Les prix ont augmenté, mais on fait en fonction de notre budget. Certains commerçants acceptent de ne pas répercuter cette hausse. Avec les prix actuels, on ne peut plus acheter au kilo, seulement une ou deux pièces », se désole cette habituée du souk de Benjdia. S'exprimant lors d'un point de presse à l'issue du Conseil du gouvernement jeudi dernier, Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget, avait précisé que la hausse des prix de certains biens de consommation s'explique, principalement, par la reprise économique inattendue dans le monde et l'augmentation continue des prix des céréales et des produits pétroliers sur les marchés mondiaux. L'augmentation du prix des céréales affecte notamment les producteurs et vendeurs de volailles qui utilisent ces denrées pour nourrir les animaux destinés à l'abattage, faisant ainsi augmenter leurs prix de vente. C'est ce que l'on constate en discutant avec Saïd, vendeur de volailles, lapins et œufs au marché de Benjdia. « Le sac d'aliments pour volaille est passé de 225 à 285 DH. Quant au prix du poulet, il est passé de 16 à 18 DH le kilo, soit une hausse de 2 DH. Les œufs coûtaient 1 DH l'unité et désormais 1,10 DH actuellement. Tous les produits pratiquement ont augmenté, sans compter l'impact de la sécheresse, et de la pandémie qui a mis des commerçants au chômage », témoigne le commerçant. Lire aussi : Hausse des prix: voici comment le gouvernement prépare la riposte De son côté, Kamal, poissonnier, explique que ces derniers jours, il faut accepter de débourser plus pour avoir du poisson de qualité, d'autant que les pêcheurs ne partent pas toujours en mer, « à cause du mauvais temps ». « Le merlan coûte entre 70 et 80 DH, la sole entre 90 et 100 DH, les crevettes entre 100 et 120 DH, le calamar 140 DH, la courbine 80 DH, le pageot entre 100 et 120 DH », précise-t-il. « Cette hausse des prix ne concerne pas que le Maroc, c'est une vague mondiale, nous n'avons pas le choix. La sécheresse n'arrange pas non plus la situation. Certains produits vont sûrement voir leurs prix continuer à augmenter à l'approche du Ramadan, notamment les légumineuses que l'on consomme beaucoup pendant cette période. C'est ce que prévoient les commerçants, mais on espère quand même que cela va passer », confie une autre cliente du marché de Benjdia. D'après le Haut-commissariat au plan, la hausse des prix à la consommation est essentiellement due à la flambée des prix des produits alimentaires (4,3%). La hausse de l'IPC (indice des prix à la consommation) la plus forte a été enregistrée à Casablanca avec un taux de 0,5%.