Le coronavirus a induit des variations des prix des légumes frais au Maroc. En témoigne la flambée de certains légumes au niveau de la région Souss-Massa, qui approvisionne le marché national à hauteur de 850.000 tonnes, selon l'Office régional de mise en valeur agricole du Souss-Massa (ORMVA-SM), soit plus de 60% de la production nationale de légumes. Les grandes et moyennes surfaces (GMS) ont été prises d'assaut en fin de semaine par les consommateurs. Ces derniers ont fait le plein de produits de la terre, surtout ceux qui ne sont pas «périssables» tels que l'oignon et les carottes, du fait du risque de pandémie et des craintes amplifiées suite aux différentes mesures de précaution prises pour contrer le coronavirus. Résultat, les prix ont flambé, surtout au détail, pression exercée sur l'achat de denrées alimentaires oblige. Certains consommateurs ont fait le choix de s'approvisionner sur le marché de gros et demi-gros de fruits et légumes à Inezgane. La première culture concernée par cette hausse est celle des oignons. La psychose a amplifié la hausse des prix puisque cette culture est déjà impactée par le déficit pluviométrique enregistré cette année au Maroc. Le prix de l'oignon déjà affecté par le déficit pluviométrique Actuellement, les besoins du marché interne sont essentiellement couverts par les cultures d'oignons issues de zones irriguées alors que la production conduite en bour a fait les frais du déficit pluviométrique précité. Partant de ce constat, c'est l'absence de production émanant des zones bours qui a entraîné la hausse des prix sur le marché local. Les quantités expédiées vers le marché sont vendues 8 DH/kg pour les oignons rouges et blancs sur le marché de gros d'Inezgane, principal fournisseur de fruits et légumes au Maroc. Concernant le prix de l'oignon vert, il est de 5 DH/kg. Ceci dit, le prix payé par le consommateur final en fonction des régions a dépassé les 10 DH/kg en prenant en considération le coût du transport et la distance des zones de production. La deuxième culture à avoir enregistré une hausse des prix est celle de la tomate. Les prix sur le marché interne oscillent entre 130 et 150 DH/caisse, soit 5 à 6 DH/kg, toujours au niveau du marché de gros à Inezgane, alors que le prix au détail était de 3 à 4 DH il y a quelques jours. Quid des carottes et des pommes de terre? Les autres segments ayant affiché une flambée des prix sont ceux des carottes (4 DH) et des pommes de terre (également 4 DH) en gros et demi-gros. «Hormis l'augmentation de la demande constatée par les consommateurs, la production est effectuée de façon normale au niveau des exploitations avec la prise des précautions nécessaires pour lutter contre le coronavirus», explique Lhoucine Aderdour, président de la Fédération interprofessionnelle de production et d'exportation des fruits et légumes (FIFEL). Ce sentiment de panique a aussi contribué à une petite hausse des légumineuses, à commencer par les haricots blancs, passés sur le marché de gros de 13,20 DH/kg à 13,80 DH/kg. Idem pour les lentilles, les fèves et les pois chiches. Selon plusieurs commerçants, le risque lié à ce sentiment de panique peut amener certains grossistes à réduire les quantités mises sur le marché pour augmenter les prix. Cette «fièvre acheteuse» des légumineuses impactera négativement la dynamique commerciale enregistrée avant et pendant ramadan à cause de la vague d'inquiétude et de panique des consommateurs concernant le coronavirus. Le ministère de tutelle rassure sur l'état des stocks Du côté du ministère de tutelle, celui-ci n'a pas révélé de perturbations en matière de production, et l'approvisionnement est assuré de façon normale et régulière en produits agricoles et de la pêche. Dans ce sens, en date du 14 mars, le stock de blé destiné à la minoterie industrielle détenu par les organismes stockeurs couvre 3 mois d'utilisation, couverture qui atteindra, selon le communiqué du ministère de l'Agriculture et de la pêche maritime, plus de 4 mois vers la fin du mois d'avril. Le niveau actuel des stocks disponibles permettra de couvrir les besoins nationaux grâce aux stocks issus de la production nationale 2018/2019 et aux importations réalisées ou à réaliser au cours des trois prochaines mois. Pour ce qui est des légumes, la production de tomates primeurs couvrira les besoins du marché jusqu'au mois de mai étant donné le bon déroulement de la campagne de primeurs. La production prévisionnelle de la tomate de saison est aussi suffisante pour couvrir les besoins de la consommation nationale. Idem pour la pomme de terre et pour l'oignon. Selon le ministère, les fruits affichent également un niveau de disponibilité très satisfaisant. La production couvre les besoins du marché national En somme, la production de fruits et légumes va couvrir les besoins du marché national, même pendant le mois de ramadan qui se caractérise par une forte consommation de denrées alimentaires. La production laitière, actuellement en saison de haute lactation, offre un volume pour un usinage de près 165 millions de litres contre un besoin moyen mensuel de 125 millions de litres et atteint 135 millions litres durant le mois de ramadan. Pour le ministère de l'Agriculture, aucune variation des prix n'est prévue. Quant aux produits laitiers dérivés, notamment le beurre, ils sont disponibles sur le marché grâce à la production laitière nationale et aux importations entamées au début de l'année. Concernant les viandes, la quantité de viandes rouges (bovine, ovine et caprine) disponible couvre les besoins de consommation nationale. Pour la viande blanche et les œufs, l'offre est supérieure aux niveaux de consommation. En ce qui concerne les produits de la pêche, aucun impact ou pénurie n'est à redouter, selon le ministère. Pour la sardine, une forte production est attendue durant les mois à venir. Par ailleurs, la décision du ministère de l'Intérieur de fermer au public, jusqu'à nouvel ordre à partir de ce lundi 18h, les cafés, restaurants et salles de fêtes, dans le cadre des mesures et dispositions préventives prises pour faire face au danger de propagation du nouveau coronavirus, devrait contribuer à réduire la pression sur les denrées alimentaires. Cette décision ne concerne ni les souks, ni les commerces et les locaux de vente de produits et matières de première nécessité, ni les restaurants qui livrent à domicile.