Qualifié de « Protecteur » de dizaines de milliers de familles juives dans les années 1940, Mohammed V aura, à juste titre, marqué des générations de marocains de confession juive, pour s'être opposé aux lois anti-juives imposées par le régime de Vichy, alors que le Maroc était sous protectorat. Eclairage. Nous sommes en 1941 et feu Mohammed V avait clamé sa ferme opposition à toute ségrégation entre ses sujets sur la base de leurs religion. A ce sujet, l'histoire retiendra sans doute cette déclaration du jeune Sultan: « Il n'ya pas de juifs, il n'y a pas de musulmans. Il n'y a que des sujets ». A cela s'ajoute son refus catégorique de remettre la liste des citoyens marocains de confession israélite au maréchal Pétain, une position saluée aujourd'hui encore par la communauté internationale. Roi de tous les marocains « Feu Mohammed V était précurseur en matière de coexistence entre musulmans et juifs marocains. Le défunt Roi considérait les deux communautés comme étant des sujets au même pied d'égalité. Son opposition aux lois de Vichy s'inscrivait dans cette logique», nous explique El Mehdi Boudra, fondateur de l'association Mimouna, oeuvrant pour la coexistence entre musulmans et juifs au Maroc. Une prise de position qui n'aura pas été sans conséquences. « Elle fait partie des nombreuses raisons qui ont motivé la décision du protectorat de l'exiler hors le royaume», souligne-t-il. Dans les années 1950, à la veille de l'indépendance du Maroc, la communauté juive marocaine comptait quelque 250.000 personnes. Répartie sur tout le territoire national, il s'agissait, à l'époque de la plus importante entité juive du monde arabe. « Eternelle reconnaissance » Aujourd'hui, cette communauté est animée par une reconnaissance que le professeur Mohammed Kenbib qualifie d' « éternelle » vis-à-vis du Sultan Moulay Youssef, devenu Souverain du Maroc en 1957. « C'est grâce à lui, à sa protection, que les juifs du Maroc ont traversé sans encombres la seconde guerre mondiale qui était une phase terrible dans l'histoire», précise l'historien, chercheur et auteur de l'ouvrage « Juifs et Musulmans au Maroc, des origines à nos jours » (Gallimard). Mohammed Kenbib explique que c'est aussi en sa qualité de chef à la fois politique et spirituel que le Sultan recevait des délégations de notables qui se rendaient au Palais pour « implorer » sa protection. Malgré les pressions de la Résidence Générale à l'époque, Sidi Mohammed Ben Youssef es assurait de son soutien plein et entier, car leur protection, en leur qualité de « Aux Gens Du Livre », était garantie par le Coran, fait savoir l'historien. Aujourd'hui, la diaspora marocaine de confession juive compte près d'un million de personnes, installées dans plusieurs pays. Tous ont contribué, d'une manière ou d'une autre, à l'histoire du Maroc, à son économie, à sa culture et à sa diplomatie et cultivent des liens avec le pays de leurs ancêtres. La diaspora n'oublie pas que les Rois du Maroc, de Moulay Rachid (sultan de 1667 à 1672) à Mohammed VI, ont toujours veillé à sa protection, en toutes circonstances.