* Les catastrophes naturelles survenues au Pakistan font chuter la production mondiale de coton de 18%. * LInde revoit ses exportations à la baisse. * Hausse des cours du coton sur le marché international. * Les exportations de textile-habillement en perte constante de compétitivité. La brutale chute de production mondiale de coton de près de 18% liée aux catastrophes naturelles intervenues au Pakistan et en Chine, conjuguée à la décision prise par l'Inde de restreindre ses exportations, expliquent en quelque sorte la pénurie annoncée du coton sur le marché. Pénurie qui, probablement, pourrait avoir des impacts non négligeables sur le secteur textile et habillement au Maroc. Les inondations survenues au Pakistan et les récents glissements de terrains en Chine, ont affecté une partie importante de la production mondiale, laquelle est générée à hauteur de 40% par ces deux pays. En effet, les intempéries ont fait chuter de 8 % la production pakistanaise et de 10 % la chinoise. Cela se traduira par une production de lhémisphère Nord qui sera inférieure à la demande anticipée de novembre de 10 à 15%. Les cours s'en ressentent déjà dans la mesure où certains redoutent une pénurie, ou que l'offre soit insuffisante pour satisfaire les contrats en cours. La situation risque d'être d'autant plus tendue que la production n'a cessé de chuter depuis deux ans. En raison de la faiblesse des cours lors des précédentes saisons qui a incité des producteurs à se reconvertir, les surfaces cultivées ont baissé d'environ 25 %. Autant de phénomènes qui fragilisent davantage les exportations de coton, encore victimes des effets négatifs de la crise économique mondiale et de la nervosité du marché. Cette situation est dautant plus accrue que l'Inde, quant à elle, second exportateur mondial, souhaite diminuer ses exportations de coton à hauteur de 5,5 millions de balles pour la campagne 2010/11. Sachemine t-on vers une flambée des cours du coton sur le marché international? La réponse reste évidente quand on sait que les cours du coton à New York ont atteint la semaine dernière un plus haut de 8/9,49 cents la livre... Sur le mois d'août, le coton a été la matière première qui a enregistré la meilleure performance, en progressant de 9,45%. Globalement, la demande est très forte avec 10 millions de balles pour le coton indien. Quid du Maroc ? Le Maroc est-il épargné par cette situation au regard des quantités de coton quil importe et qui ont atteint 32,9 millions de tonnes en 2009 ? Ce phénomène naturel intervenu au Pakistan et en Chine «ne touchera pas le secteur textile et habillement au Maroc». Cest ce que laisse entendre, dans un journal de la place, le président de l'AMITH, El Mostafa Sajid, pour qui «les fibres utilisées par le secteur au Maroc proviennent d'Afrique et des Etats-Unis, et le fil de l'Inde». Certes, mais la hausse des cours du coton sur le marché mondial ne se répercutera-t-elle pas sur les importations marocaines ? Certainement. Et, auquel cas, les industriels ne pourront que lintégrer dans les charges dans un premier temps, avant den répercuter une partie sur le prix de vente de leurs marchandises. Ce qui risque de poser inévitablement un problème de compétitivité face à une rude concurrence étrangère. Dans tous les cas, les exportations du textile et de lhabillement ne pourront guère échapper à ce phénomène dont les conséquences, même minimes, sont susceptibles de rendre les exportations marocaines moins compétitives quelles ne le sont déjà par rapport aux autres fournisseurs méditerranéens et asiatiques. Pour rappel, les exportations de textile-habillement du Maroc nont pas fini de subir les conséquences négatives de la crise économique et lappréciation du Dollar par rapport au Dirham. En effet, selon la dernière lettre mensuelle du Cercle euro-méditerranéen des dirigeants textile-habillement (CEDITH), le Maroc est le pays le plus touché parmi les quatre pays fournisseurs méditerranéens (Turquie, Egypte et Tunisie), avec une baisse de 16,4% qui le fait glisser de la 6ème à la 7ème place en 2009. Les dernières statistiques publiées par lOffice des changes annoncent une chute de 15,7% au premier semestre 2010, par rapport à la même période de lannée dernière. Pour les 5 premiers mois de 2010, les exportations de vêtements confectionnés ont chuté de 17,2% par rapport à fin mai 2009 et celles darticles de bonneterie sont en recul de 16,2%. La perte de compétitivité croissante du textile et habillement du Royaume sexplique par un certain transfert de sourcing européen au profit de fournisseurs asiatiques tels que la Chine, lInde et le Bangladesh qui voient leurs parts de marché bondir de 44,5 à 56,4% entre 2005 et 2009. Ce qui constitue un sacré coup pour loffre exportable du Maroc qui voit ses parts de marché chuter, avec une contraction de 3,5 à 2,8%. Cest dire que, pour linstant, la filière marocaine textile-habillement traverse une situation assez difficile, pour ne pas dire quelle file un mauvais coton.