* Les exportations de biens ont subi un repli de plus de 16% au quatrième trimestre, suite à la chute des ventes de phosphate. * Le secteur du textile-habillement souffre doublement : baisse de la demande résultant de la crise et de la levée des quotas par lUnion européenne. La balance commerciale du Maroc souffre dun déséquilibre croissant. En effet, le déficit commercial a atteint à fin 2008 plus de 160 Mds de DH, soit un creusement de 25% par rapport à lannée précédente. Cette hausse à deux chiffres est due, en grande partie, à la hausse soutenue des importations par rapport aux exportations. La balance des paiements, publiée par BAM, confirme pour sa part cette tendance défavorable, de sorte que le compte reflétant les échanges de biens a accumulé un solde déficitaire de plus de 44 Mds de DH au cours des 9 premiers mois de lannée 2008. Soit une détérioration de plus de 40% par rapport à lannée précédente. «Les exportations de biens, corrigées des variations saisonnières, ont ralenti au troisième trimestre (+4,1% en glissement trimestriel), avant de se replier au quatrième (-16,3%), suite à la chute des ventes extérieures de phosphate et dérivés qui est intervenue, après une forte hausse aux premier et deuxième trimestres», affirme une note de conjoncture publiée récemment par le Haut Commissariat au Plan. Dans ce contexte défavorable caractérisé par la détérioration du pouvoir dachat dans la zone de lUnion européenne, principal partenaire économique du Maroc, le déficit commercial risque datteindre des niveaux critiques. Une dégringolade du prix du phosphate Les importations, situées à 245,5 milliards de dirhams, ont progressé de 32,1%, soit 59 Mds de Dh de plus. Lalourdissement de la facture énergétique a joué un rôle de premier ordre dans cette hausse. En fait, le budget lié à lacquisition des hydrocarbures sest accrû de 50% au cours des neuf premiers mois pour atteindre 18,2 Mds de DH. Cette hausse soutenue provient principalement du doublement des dépenses dimportation de gasoil et de fuel et de la hausse de 35,4% de celles du pétrole. Par ailleurs, les achats hors énergie ont progressé de plus de 27% pour dépasser les 41 Mds de DH. Outre la hausse du volume des importations des produits alimentaires, la demande des équipements et des matières premières a enregistré une croissance fulgurante. En contrepartie, malgré la hausse des exportations de 34%, pour se situer à 123 Mds de DH, celles-ci ne couvrent même pas 50% des importations. Il est à noter que les exportations des produits hors phosphate nont évolué que de 5%, soit juste 4,3 milliards de plus. Ainsi, la hausse du prix du phosphate et ses dérivés a généré la majeure partie des exportations. Lexpansion des exportations est due pour lessentiel à la progression des ventes de phosphate et dérivés qui ont presque triplé, pour atteindre 43,5 milliards de dirhams sous leffet du renchérissement de leurs cours à léchelle internationale. La flambée du prix du phosphate a connu une baisse dernièrement. Pour preuve, Mostapha Terrab, président de lOffice chérifien des phosphates, a affirmé lors de la signature du protocole daccord entre la BCP et lOCP que la baisse des cours des phosphates sur le marché mondial était réelle. Une telle baisse se traduira par un creusement du déficit commercial. Ce taux pourra être susceptible datteindre un niveau élevé à cause de la baisse du pouvoir dachat dans les principaux pays demandeurs de produits nationaux. Les entreprises marocaines exportent sur les rotules Les principaux secteurs nationaux exportateurs subissent plus que jamais les impacts de la conjoncture économique internationale défavorable. À la tête des branches affectées par la crise, se trouve lindustrie du textile-habillement qui a subi de plein fouet les impacts de la crise. Force est de constater que lannée 2008 a connu la levée des quotas sur les importations européennes de textile et dhabillement. Certes, lindustrie a connu une croissance de 2,7%, au troisième trimestre 2008, mais «cette évolution revient, en particulier, à latonie des industries du textile-habillement et de lélectronique, comme latteste le repli des ventes extérieures de la confection, de la bonneterie et des composants électroniques de 7,1%, 16,8% et 23,5% respectivement, au cours de la même période. Les analystes considèrent que la montée en puissance des importations résulte en grande partie de la progression de la demande des biens déquipement, notamment auprès des chantiers de développement dinfrastructure. Le problème réside au niveau des exportations, de sorte quune part importante des produits nationaux représente une faible compétitivité sur les marchés internationaux. Outre la rude concurrence représentée par les pays asiatiques, les pays du bassin méditerranéen sont plus compétitifs que jamais, principalement dans les branches sur lesquelles se positionne le Maroc. Par ailleurs, rares sont les entreprises marocaines qui ont pu conquérir de nouveaux marchés. Pour ce faire, au-delà dune maîtrise des coûts de production et de lamélioration de la qualité des produits, la mise en place dune politique commerciale agressive est un choix incontournable.