L'importance du désendettement est étroitement correlée avec l'évolution du déficit budgétaire. Toutefois, en vue de ramener le taux d'endettement à des niveaux supportables, il est impératif de prendre en considération le poids d'autres facteurs intervenant dans la dette publique marocaine. L'analyse du problème de l'endettement, sur une longue période, et les simulations effectuées sur la dynamique d'endettement, au cours des dix dernières années, permettent de tirer un certain nombre de conclusions. Cet indicateur, qu'est l'endettement, ne peut refléter avec exactitude la situation des finances publiques d'un pays que lorsqu'il est rapporté au PIB. Notons qu'une politique budgétaire viable est celle qui suppose que le niveau actuel de l'endettement ne soit pas trop élevé et que le niveau de nouveaux emprunts ne détourne pas l'épargne, en exerçant des pressions, à la hausse, sur les taux d'intérêt, laquelle épargne pourrait créer de la valeur ajoutée dans le secteur privé. Il est à rappeler qu'au cours de la décennie 80, la persistance des déficits budgétaires nettement supérieurs à 3% du PIB, a engendré un accroissement notable du taux d'endettement public direct. Durant cette période et cela jusqu'en 1993, le Maroc a subi le programme d'ajustement structurel. Ce programme a permis certes une amélioration des indicateurs macro-économiques, mais a engendré aussi une aggravation de la pauvreté. Dès 1993, le marché marocain a eu recours au marché financier international afin d'alléger le déficit budgétaire. Actuellement, un tiers du budget est alloué au service de la dette, tandis qu'au début des années 80, il ne s'agissait que de 7%. Le taux d'endettement public direct a atteint 85% en 1992, contre 41,6% en 1980. Il a été ramené à 75% en 2001. En 2002, le Maroc a bénéficié de la réduction du déficit commercial (-2,6%) due à une hausse des exportations et à un maintien des importations. Les réserves de change ont poursuivi leur hausse en 2002 (5,1%), soit l'équivalent de 11,6% moins d'importations de marchandises. Grâce à ces résultats et à une gestion active de la dette publique, celle-ci a sensiblement diminué, atteignant 83,4% contre 85% en 2001. La dette extérieure n'atteint plus que 35% du PIB, fin 2002. Fin 2003, il a été relevé, dans une note publiée par Standard & Poor's sur la position du Maroc, que la dette extérieure a accusé, cette année là, une baisse de 13,8 Mds de DH par rapport à l'année 2002. De ce fait, le taux d'endettement extérieur est passé entre 2002 et 2003 de 35% à 29,5% du PIB. Cette baisse conséquente de la dette extérieure est une suite logique à un refinancement progressif, sur le marché domestique, moins cher et à une initiative du mécanisme de conversion de la dette extérieure en investissements. Ce poids des opérations de conversion a été significatif. En témoigne la mise en place de mécanismes similaires par l'Espagne et l'Italie. En somme et malgré une réduction de la dette extérieure, force est de constater que le niveau de la dette en général demeure élevé. Dans leur rapport, les analystes de Standard and Poor's ont attiré l'attention sur les niveaux élevés du poids de la dette bien qu'elle soit en diminution progressive. Les éléments influant sur le poids de la dette Certes, il est à reconnaître que l'importance du désendettement est étroitement liée à l'évolution des déficits budgétaires. Toutefois, les mesures prises par l'argentier du Royaume dans les différentes Lois de Finances n'exercent leurs effets, sur la réduction de la dette publique, que d'une manière très lente. Pourquoi ? Parce que l'évolution de la dette publique par rapport au PIB est le résultat de la conjugaison de quatre facteurs essentiels: la croissance du PIB en volume, l'inflation, le niveau des taux d'intérêt et le niveau du solde primaire. Par ailleurs, d'autres élèments sont à prendre en considération, il s'agit du taux de change et de la gestion active de la dette. En outre, comme il a été démontré dans une étude de la DPEG sur l'endettement au Maroc, le taux d'intérêt peut être considéré comme étant le facteur le plus influant sur l'évolution du taux d'endettement. Dans un contexte caractérisé par une maîtrise de l'inflation, il est indispensable de chercher à réduire le coût moyen de la dette intérieure qui reste supérieur de 3 points à celui de la dette extérieure. En conclusion, il est à noter que la réduction du taux d'endettement est dépendante de la mise en place des conditions d'une croissance économique forte et durable : la réforme financière ne peut avoir d'effets positifs sans une réforme économique globale, d'où la necessité de prendre en compte la dette dans ses deux composantes interne et externe. Le maintien des niveaux d'endettement importants constitue un obstacle durable au développement en provoquant une hémorragie permanente des ressources pouvant être déployées dans le développement économique.