* Malgré lavènement du Code de la famille, tous les aspects de la vie dune femme ne se sont pas forcément améliorés. * Des poches de résistance persistent, notamment sur le plan politique. * Avis de Bassima Haqqaoui, parlementaire et membre du Secrétariat général du PJD. Le nouveau Code de la famille a été adopté à lunanimité par les députés le 23 janvier 2003 et est entré en vigueur le 4 février 2004. Augurant ainsi de lavènement dune société de progrès et de prospérité où les femmes recouvreront leurs droits et devoirs. Plus de quatre années après, quel a été limpact de ce Code sur la situation de la femme dans le champ politique marocain ? A-t-il créé un environnement propice au renforcement du rôle de la femme dans la vie politique marocaine ? Si lon se contente de la composition du Gouvernement actuel et du nombre de femmes y occupant le poste de ministre ou de secrétaire dEtat, alors la réponse est a priori oui. Et pourtant, ce nest nullement lavis des militantes politiques qui estiment que le Code à lui seul ne saurait améliorer le rendement politique «féminin». Bassima Haqqaoui, parlementaire et membre du secrétariat général du PJD est également de cet avis : «Jai travaillé sur le Code de la famille sur deux plans : associatif et politique. Ce Code a été employé plus comme un joker politique quun ensemble de lois à même daméliorer la condition sociale et culturelle féminine. Sur le plan politique, il na pas réellement pour vocation de booster le travail de la femme sur la scène politique». Ainsi, cest une illusion de croire quune fois la femme ayant recouvré tous ses droits, son rôle politique se verrait renforcé. Ce nest pas une condition sine qua non, il existe même un grand clivage entre les deux, bien quil existe une raison de cause à effets entre les deux. En effet, la logique voudrait quune femme jouissant pleinement de ses droits dans la société, ait inéluctablement le même bénéfice au sein dun parti politique. Dans la réalité, il nen est rien. Dailleurs, le système des quotas a été adopté justement pour forcer la main aux partis à avoir plus de femmes sur les listes électorales, par exemple. Ce système a été adopté pour les législatives de 2002, soit deux années avant lavènement du Code de la famille. Et il a été reconduit pour les législatives de 2007, mais toujours avec les mêmes résultats mitigés de 2002. «Le système des quotas adopté en 2002 voulait marquer une phase de transition vers une présence féminine plus importante et plus active sur le champ politique. Une transition qui na pas eu lieu, puisque pour les législatives de 2007, il a encore été question de ce système pour garantir un plus grand accès des femmes aux listes électorales. Et encore ! Les partis politiques nont pas eu le courage dinscrire des femmes sur les listes locales. De même que toutes les militantes ne se sont pas retrouvées au Parlement, toutes les femmes au Parlement ne sont pas forcément des militantes», poursuit Bassima Haqqaoui. En fait, le système des quotas a ouvert la porte aux spéculations et au clientélisme concernant les femmes qui figureraient sur les listes électorales. Ce ne sont pas souvent les plus méritantes qui ont été sélectionnées. La transparence et le courage politique ny étaient pas à 100 %. Et le mérite nétait pas le seul critère de sélection. Pour Bassima Haqqaoui, le mécanisme des quotas a prouvé ses limites et sest trouvé dépassé vu les objectifs quil visait. Faudrait-il pour autant adopter un autre système ? Pas forcément. Selon cette militante du PJD, il ne suffit pas dadopter des lois pour améliorer la condition féminine. Puisquil reste encore un grand travail à faire au niveau de la société et des partis politiques pour créer un environnement propice à la femme. Cest toute une mentalité quil faut changer et surtout se doter de courage pour le faire. Au niveau du PJD, ce chantier est largement en cours. Puisque les instances dirigeantes du parti ont opté pour une égalité des chances entre hommes et femmes pour briguer les postes importants. Cela dit, des obstacles culturels persistent mais quil faut dépasser progressivement pour rétablir la femme dans son droit dacteur politique à part entière.