* La CNSS étend le taux de couverture des affections de longue durée. * Les cancers sont désormais pris en charge par cet organisme à hauteur de 95%. * Une mesure qualifiée dinacceptable par lAssociation Néo Vie House. Cest un tollé général qua créé la CNSS au sein des associations de soutien aux malades atteints daffection longue durée. La Caisse a révisé récemment les taux de remboursement des affections de longue durée (ALD). Ainsi le taux de couverture a atteint 95 %. Cela dit, cette mesure a suscité indignation et dénonciation des associations notamment Néo Vie House. Pour elles, cette action reste en deçà des attentes à la fois des affiliés, des observateurs et des associations. De nombreuses voix se sont donc élevées pour défendre les droits des malades à laccès aux soins et aux traitements. Pour lAssociation Néo Vie House, une telle initiative reste louable mais elle ne peut nullement résoudre la problématique que pose la prise en charge des malades qui en sont atteints, et à des stades avancés dans beaucoup de cas. «Inacceptable», tel est le terme utilisé par le Pr Adeblkader Acharki, vice-Président de cette ONG créée en 2004, pour qualifier la nouvelle disposition mise en place par la CNSS. «Avec un taux de remboursement des ALD variant entre 95 à 99%, améliorer létat de santé des malades qui en sont atteints relèverait de lutopie», a-t-il affirmé. En effet, les 5 % restants pour cette catégorie de maladies sont lourds de conséquences physiques, psychiques et socio-économiques. Un moindre remboursement des soins a un impact certain sur leur santé. Ainsi, ceux qui narrivent pas à supporter les 5 % restants pourraient être victimes de non observance des traitements, de prise en charge insuffisante, de développement de complications longues et coûteuses «Pour les cancers, par exemple qui touchent au Maroc environ 30.000 à 35.000 nouveaux cas par an, il est inadmissible et inhumain que les affiliés de cet organisme ne puissent disposer dune couverture médicale adéquate leur permettant de se prémunir contre ce fléau mortel sil nest pas traité. Les 95% à la charge de la CNSS ne peuvent nullement rendre espoir à cette tranche de la population affaiblie par la maladie et les traitements onéreux qui en découlent», explique-t-on du côté de lAssociation. Cet avis est justifiable quand on sait que la plupart des salariés de la CNSS se situent dans des tranches de salaires basses, ne dépassant pas les 5.000 DH. Si une année de traitement du cancer peut dépasser 200.000 DH, il est donc évident qu'un salarié touchant le SMIG ou un peu plus, ne pourra pas payer les 5% restants. «La CNSS est vivement appelée à revoir sa décision, surtout que les patients cancéreux ne représentent que 5,17% des remboursements effectués par cette assurance», indique lAssociation. Dautant plus que lanalyse des études effectuées dans ce contexte révèle que la survie au cancer est plus élevée chez les patients qui ont une assurance adéquate (privée ou autre) alors que les taux les plus bas sont enregistrés chez les malades ne disposant pas de couverture médicale. De telles variations dans les taux de survie sont probablement liées à des différences dans l'accès au diagnostic et au traitement et des facteurs tels que la biologie des tumeurs, de l'état au moment du diagnostic ou du respect du traitement qui peuvent également être importants. Par conséquent, «seule une prise en charge totale des ALD peut être satisfaisante pour nous et nos malades. Jusquà quand la CNSS continuera-t-elle à prendre à la légère la santé de la population? La santé est un capital à préserver et la vocation de tout système de santé est bien évidemment d'être aux côtés des plus malades», conclut le Pr Acharki. A rappeler que la Direction générale de la CNSS, en concertation avec certains organismes concernés comme lANAM, vient de fixer une nouvelle liste de maladies donnant droit à exonération et les conditions dans lesquelles cette exonération est accordée. Cette liste englobe 10 affections longues et coûteuses (ALC) et 82 affections de longue durée (ALD). Le taux de remboursement de la première catégorie de maladies est total alors que celui de la deuxième varie entre 95 et 99%. Aspects financier, social et médical sont les principaux critères qui ont présidé à larrêt de cette nouvelle liste, sachant que les taux de remboursement prennent en considération les tarifs nationaux de référence. Cette nouvelle décision est entrée en vigueur depuis le 15 juillet 2008.