* La procédure écrite, jugée trop formaliste, pourrait être à lorigine de lencombrement des tribunaux de commerce. * Louverture des procès à des confrontations directes serait une mesure utile pour un meilleur rendement de la Justice. Le débat sur le rendement actuel des instances judiciaires commerciales a souvent été focalisé sur la nécessité de «sécuriser» les investisseurs. La sécurité juridique invoquée a pourtant été identifiée à la phase écrite devant le tribunal. Une étape avant lintroduction de la requête après son inscription au registre par le greffier. La procédure écrite demeure aussi utile devant le juge pour lui indiquer lobjet du litige ainsi que les principaux arguments invoqués. La requête du défendeur revêt aussi obligatoirement un caractère écrit, avec parfois des répliques et des dupliques, bien évidemment par écrit et qui, jusquà cette étape, ne laisse aucune place à la discussion orale. Il faut dire que la pratique marocaine a institué cette démarche écrite afin de lutter contre le retard du traitement des affaires et pour permettre aux juges dexaminer, dans des délais raisonnables, les affaires qui leur sont soumises. Or, il sest avéré que cette procédure écrite donne limpression que tant quelle est activée et demandée, le procès na pas encore commencé. Même si en fait tout dépend des documents présentés avec les requêtes des avocats des deux parties. Il faut dire aussi que le principe de la représentation de lavocat de ses clients a encore davantage accentué limportance de lécrit devant le juge marocain. Souvent, les avocats sont le premier relais de la procédure orale qui commence notamment par un exposé des faits du défendeur à son avocat. La requête introductive dinstance revêt par conséquent un caractère sur-mesuré qui devient la pièce centrale dans la machine de prise de décision. Cest pour ça que les justiciables ont souvent le sentiment que leur juge «traîne» à prendre une décision. Alors quil a nécessairement besoin dentendre les parties pour donner le poids quil faut aux documents qui lui sont présentés. Il faut souligner que lorganisation des tribunaux de commerce offre un cadre peu adéquat au développement de la procédure orale devant les juridictions. Le code du commerce rend lui aussi loral secondaire en accordant trop dimportance aux explications écrites des parties dont le sort du procès semble dépendre de la capacité à réunir en un seul document les «allégations» écrites et orales de leurs clients. Il est remarquable que le principe même de «la comparution» des parties revêt dabord un caractère exclusivement écrit puisque cest le document rédigé par lavocat qui détermine si le juge va accorder beaucoup dintérêt aux questions orales quil pose. Les responsables du département de la Justice ont certainement conscience du fait que la procédure écrite pourrait être à lorigine de lencombrement des tribunaux de commerce. Louverture des procès et latténuation du caractère formaliste des procédures pourraient bien avoir un effet magique sur le rendement de la Justice commerciale au Maroc.