La présence des Chinois au sein du marché marocain est désormais un fait. Apparemment à part les banques, tous les autres secteurs nationaux cherchent encore les meilleures armes possibles pour se protéger contre la concurrence chinoise. Au premier semestre 2005, les importations globales des produits chinois au Maroc ont progressé de 41% avec une valeur de 1,25 milliard de DH. Ceci signifie que notre déficit commercial avec la Chine connaît lun de ses moments les plus forts. En 2004 déjà, les entreprises et léconomie marocaines ont été mises au parfum de ce déficit avec un volume global des importations marocaines de lordre de 6,6 milliards de DH. Seules les banques semblaient, et semblent encore, profiter des transactions financières faites par les Chinois qui réalisent leurs opérations en devises. Même sil est difficile de donner un chiffre approximatif de lenveloppe totale des virements effectués par les Chinois au Maroc, il est sûr que ce chiffre grimpera au fil des mois. La crainte exprimée par les milieux daffaires marocains paraît par conséquent fondée. Non seulement chez les petites et moyennes entreprises, mais aussi chez les détaillants. La variable importante des prix bas pratiqués par les Chinois laisse pour tout le monde une faible marge de manuvre. Car loptique adoptée par le pays de Mao sintéresse à tout et partout. Inutile de dresser un tableau exhaustif, dans la mesure où on risque de voir du chinois partout. Les résidents chinois au Maroc paraissent, dun autre côté, bien sadapter à lenvironnement économique local: prise de conscience aiguë de la faiblesse du pouvoir dachat de la majorité des Marocains, capacité dadaptation concernant la lourdeur de la procédure administrative, et surtout une approche culturelle de lentreprise qui a réussi à stimuler une clientèle assez importante. Le secret : sadapter Il est remarquable que les quelques milliers de Chinois qui sont venus au Maroc commencent à donner limpression quils entendent sinstaller pour une longue durée chez nous, en faisant venir leurs familles et en initiant dernièrement un important projet dapprentissage de la langue chinoise. Cet aspect est dautant plus important quà moyen et long termes, linvestissement chinois au Maroc pourrait participer activement à la réduction du chômage. Parce quil ne faut pas se leurrer et accepter lidée simpliste que les Chinois ne vendent que des vermicelles et des porte-clés. Lindustrie chinoise qui commence à inquiéter sérieusement lUnion européenne et les Etats-Unis paraît disposer encore dautres atouts, pouvant être bénéfiques pour la croissance et la stimulation de linvestissement au Maroc. Il est vrai que la Chine demeure un concurrent néfaste pour les produits du textile et de lhabillement provenant du Maroc. Il est vrai aussi que le volume des exportations marocaines vers la Chine caracole toujours à un rythme trop faible. Pourtant, linvestissement chinois au Maroc demeure une importante piste à explorer. Il ne faut pas non plus oublier que les phosphates marocains ou encore les produits de la mer liés à lindustrie agroalimentaire ont rarement été exportés vers la Chine. Cest pourquoi probablement, la «crainte», excessive parfois, envers les produits chinois ne serait, en fin de compte, quun reflet dune appréhension exprimée par les marchés traditionnels du Maroc, en loccurrence ceux de lU . E. Dans un pays en quête dinvestissements comme le nôtre, et qui est au cur dun important effort de mise à niveau de ses entreprises, le bien industriel national semble ne pas pouvoir disposer de beaucoup dalternatives. A commencer par celle dadopter une quelconque politique protectionniste envers les produits chinois. Cest en tout cas le vu de certains industriels qui lont exprimé lors dune réunion consacrée au sujet chinois par la Chambre de Commerce, dIndustrie et de Services de Casablanca. La présence au sein de cette réunion dun responsable des Douanes a été une occasion pour certains intervenants de demander «lapplication de tarifs douaniers supplémentaires sur les produits chinois pour essayer de limiter leur déferlante sur le marché marocain». Cest la même solution qui a été entreprise par les Etats-Unis et lU . E à lencontre des vêtements chinois. En somme, il savère nécessaire davoir une vision claire, qui prend en compte les intérêts dun pays émergent, comme le nôtre, et essayer de tirer pleinement profit dune puissance économique qui a le vent en poupe et que rien ne semble pouvoir arrêter.