En avril 2005, "Ladies Wear", société appartenant au groupe "Azron", a connu une cessation d'activité provisoire. Le confectionneur, qui employait 250 personnes s'estime, victime du "tsunami" chinois. Ces deux frères ont déjà fermé une usine au quartier Beauséjour à Casablanca du nom "Ramicuir" ! ALM : Vous attribuez la fermeture de « Ladies Wear » à l'envahissement du marché marocain par les produits textiles chinois. N'aviez-vous pas péché également par un manque d'agressivité face aux textiliens chinois ? Yoram et Maurice Azron : Plus agressifs que nous, il n'y en a pas. Au mois de mai 2005, on a été jusqu'à exposer au Salon de textile de Las Vegas (Etats-Unis). Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le textile marocain est de qualité. Au même titre que celui des Chinois, qui est impeccable. Simplement, le coût de production au Maroc est des plus élevés. Le textilien marocain est contraint de s'acquitter de charges écrasantes. En plus, il doit importer de Chine la matière première, tissu et autres accessoires (boutons, etc). Si on devrait ajouter à cela le coût du transport aérien national, le coût de l'énergie (électricité) et les cotisations sociales à la CNSS, il est difficile d'imaginer comment on peut tenir tête à un géant comme la Chine et autres dragons asiatiques émergents comme le Vietnam. Vu la rapidité avec laquelle la crise s'est installée dans le secteur du textile, on se rend compte que le confectionneur marocain n'était pas prêt à faire face à la concurrence chinoise. Cela veut-il dire que vous avez pris cette concurrence à la légère ? L'opérateur marocain n'a pas mesuré l'ampleur des dégâts consécutifs à l'entrée des produits chinois, pas plus d'ailleurs que le gouvernement marocain qui n'a pas préparé un plan de sauvetage pour 2005 suite au démantèlement des accords multi-fibres. On s'est vite rendu compte que rien n'a été fait. Les prémices de la crise étaient pourtant perceptibles bien avant janvier 2005, seulement on ne s'attendait pas à ce raz-de-marée chinois. En bref, nous n'avons pas pris le « risque jaune » au sérieux. Le résultat, tout le monde le sait. Depuis janvier 2005, la crise s'est aggravée au point que plusieurs confectionneurs marocains ont dû fermer. Pour notre part, nous continuons bon gré mal gré de nous battre. Notre souci actuellement est de préserver les emplois de notre personnel. Qu'avez-vous justement fait pour préserver ces emplois ? Avez-vous les moyens de maintenir vos employés en activité ? Nous avons des difficultés à rentrer dans nos frais et sommes obligés à puiser dans nos économies pour payer la main-d'œuvre. Envisagez-vous une solution à la crise du textile ? Le gouvernement marocain est appelé à réagir le plus rapidement possible, il y va de l'avenir d'un secteur vital à l'économie du pays et de l'intérêt de milliers d'employés qui risqueront de se retrouver sur le carreau. N'est-ce pas là une manière de faire un chantage à l'emploi ? Pas du tout. Le gouvernement est appelé à aider le textilien marocain à faire face à la crise, en allégeant la facture de l'électricité, les taux de cotisation auprès de la CNSS et des crédits bancaires. En ce qui concerne les banques, il faut dire que ces dernières sont restées complètement hors du jeu. Autrement dit, vous comptez encore sur l'État pour vous faire des cadeaux ? Non, nous voulons que l'État marocain sauve le secteur par des mesures appropriées.