* L'augmentation a concerné la quasi-totalité des produits, sauf le gaz dont le prix est resté inchangé. * L'Etat envisage des mesures d'accompagnement pour certains secteurs fortement touchés. * Les arriérés de paiement de la Caisse de compensation pourraient atteindre les 3 MMDH à la fin de l'année. La hausse tant attendue des prix des produits pétroliers est arrivée et le gouvernement a décidé le retour au système d'indexation des prix. C'est la troisième hausse des prix en huit mois et il faut s'attendre à une autre à la fin de l'année si les tendances haussières des cours du pétrole persistent. Cette augmentation a concerné la quasi-totalité des produits, sauf le gaz dont le prix est resté inchangé. Le gouvernement a justifié sa décision par la flambée des cours des prix du pétrole au niveau mondial. La forte demande en produits pétroliers, une offre saturée, la faible capacité de raffinage, les tensions géopolitiques au Moyen-Orient, les incidents contre les installations pétrolières au Nigéria... Ces événements ont contribué à renchérir davantage les cours. Sans oublier qu'en prévision de l'hiver la demande est boostée, ce qui contribue à tirer les prix vers le haut. C'est le 1er septembre que le département de tutelle a diffusé un communiqué annonçant la nouvelle. Selon Rachid Talbi Alami, ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des Affaires économiques et générales, « cette hausse devait être appliquée il y a quelques mois, mais le gouvernement a préféré la fin des vacances et la rentrée pour l'annoncer. Il a pris en considération le caractère spécifique de certains produits comme le butane dont le prix est resté inchangé depuis des années déjà ou le gasoil qui a une part de 45% parmi les produits pétroliers utilisés ». Moulay Abdallah Alaoui, président de la Fédération de l'Energie, a indiqué à cet égard : «Nous sommes pour la transparence et la vérité des prix. Le Budget de l'Etat, c'est-à-dire l'argent du contribuable, ne doit plus financer la consommation aux dépens de l'investissement». Il a préconisé que «l'Etat prenne des mesures d'accompagnement, notamment en faveur des secteurs de l'agriculture et du transport», avant d'ajouter qu'«au lieu d'un système de subventions qui met tout le monde sur un pied d'égalité, il faut opter pour une approche basée sur un ajustement des prix et des subventions au profit des bénéficiaires qui en ont besoin. Ceux-ci doivent toutefois faire des efforts pour moderniser leurs outils de production, car il ne faut pas subventionner des moyens de transport vétustes». Evoquant la question des subventions, Alaoui a indiqué que « la Caisse de compensation est une aberration qui doit disparaître». « Le retard de paiement est actuellement de trois à quatre mois. Ces arriérés atteindront 2,6 à 3 milliards de DH vers la fin de l'année en cours », a-t-il noté. Il est rappelé que dans un souci de maîtriser le déficit public, le Premier ministre a envoyé, fin juillet, une lettre de cadrage aux membres de son gouvernement . «La flambée des prix du pétrole sur le marché international impose la révision du régime des subventions, en prenant en compte la nécessité de cibler les populations nécessiteuses et le maintien des équilibres macroéconomiques concernant le tissu productif national et les finances publiques», a indiqué Driss Jettou. Ce sont pas moins de 19 MMDH qui seront absorbés par les subventions de la Caisse de compensation. Cela concerne les arriérés des produits pétroliers pour 2006, les subventions des mêmes produits pour 2007 sur la base d'un baril à 70 dollars, le sucre, la farine et le gaz butane. Outre le déficit public, la facture des hydrocarbures ne cesse de gonfler la valeur des importations et de creuser le déficit commercial. Les achats de produits énergétiques ont totalisé plus de 16 MMDH. La progression qu'elle a connue durant le premier semestre a représenté 66,4% de celle enregistrée globalement par les importations, établie à +9,1% d'un semestre à l'autre des deux années. Les importations en pétrole brut ont atteint, durant le premier semestre de l'année en cours, environ 9,95 MMDH contre 6,1 milliards une année auparavant, soit une hausse de 62,9%. A lui seul, le pétrole brut a coûté 9,95 MMDH contre 6,11 MMDH, soit +62,9% d'un semestre à l'autre. Le prix moyen de la tonne importée a augmenté en effet de 37,2%, passant de 2.154 DH/T à 2.954 DH/T. Cette hausse en valeur a été accompagnée d'une progression moins importante en volume de plus de 18,8%. Le tonnage importé est passé de 2,83 millions de tonnes à 3,37 millions de tonnes. Cette hausse des achats de pétrole brut a largement dopé les importations des produits énergétiques en général, qui ont progressé de 41,1 %, passant de 11,36 MMDH à environ 16 milliards.