Toutes banques confondues, l'immobilier global (particuliers et promoteurs) représente en moyenne 30% de leur activité. Il reste donc l'activité principale des établissements bancaires. Par contre, au niveau de CIH Bank, l'immobilier est, de par l'histoire de la banque, dominant, représentant un peu plus des 2/3 de l'activité. «Globalement, au niveau du système bancaire, c'est donc une activité forte, recherchée et rémunératrice, d'où la concurrence accrue sur ce créneau», relève Rahhou, non sans s'attarder sur l'expertise de CIH Bank dans ce domaine. Cette expertise justifie d'ailleurs que la banque envisage de maintenir une forte présence dans l'immobilier, mais en ramenant, avec le temps, son poids à 50% dans son activité globale. «Mais pas en dessous pour les experts que nous sommes», tient-il à préciser. Cela se fera à travers une stratégie bien circonscrite. «Nous gérons notre croissance et ferons baisser progressivement la part de l'immobilier, tout en développant plus vite les autres secteurs», fait remarquer Rahhou. Cette option se justifie d'autant plus que le crédit bancaire évolue faiblement, d'où la nécessité de s'adapter au rythme du marché. Par ailleurs, il est à souligner que le secteur immobilier connaît un certain ralentissement qui se voit à travers les mises en chantier devenues moins importantes. Cela s'explique, entre autres, par la forte baisse de la demande émanant de l'étranger, notamment celle des Marocains résidant à l'étranger, gros consommateurs de crédits immobiliers, mais victimes de la crise en Europe. Toutefois, nuance Rahhou, «le volume de l'argent qui rentre au Maroc n'a pas faibli (aux alentours de 5 Mds d'euros), mais c'est plutôt la part qui est transformée en épargne longue, y compris sur le logement, qui s'est tassée». «Il semble de ce fait peut-être utile au Maroc de suivre le rythme d'écoulement (nombre de logements vendus, toutes natures confondues) et veiller pendant un certain temps (2 à 3 ans) à ne pas produire davantage pour donner à ceux qui ont des stocks une chance de les écouler», relève-t-il, tout en précisant qu'il n'y a pas de bulle, d'autant que le stock correspondrait à une année de demande; et il y a de la demande. «Seulement, il faut veiller à ce que cette demande soit solvable», poursuit-il. Rahhou pousse même la réflexion plus loin, estimant que dans le domaine de l'immobilier, le Maroc marche sur un seul pied : celui de l'acquisition. Or, tout le monde ne peut être propriétaire et le Maroc n'a d'ailleurs pas intérêt, explique-t-il : «la propriété induit la réduction de la mobilité, laquelle est primordiale pour la bonne marche de l'économie». Les jeunes actifs auront en effet tendance à s'établir sur les villes les plus riches (Casablanca et Rabat notamment), au détriment des autres régions. «Ils ne pourront profiter des opportunités de travail qui leur sont offertes ailleurs s'ils sont, à 25 ou 30 ans, alourdis par un crédit immobilier», souligne Rahhou. D'où l'intervention des fonds d'investissement qui peuvent construire pour louer, ce qui n'est pas la vocation des promoteurs immobiliers. Selon Rahhou, «cela peut être un moteur extraordinairement important pour donner un taux de croissance plus conséquent à l'immobilier, si toutefois on met en place les mécanismes de régulation adéquats».