Le Crédit immobilier et hôtelier (CIH) se ressaisit et reprend son rythme de croisière. En effet, le CIH a poursuivi ses efforts de recouvrement en baissant son coût du risque de près de 26 points de base à 0,11%, sur un an. Ce résultat conforte le management de la banque dans sa stratégie d'assainissement, désormais sans impacts négatifs sur les comptes de la banque. Il est à noter que, durant le premier semestre de cette année, l'établissement a récupéré près de 40 MDH sur les anciens dossiers à assainir. Par ailleurs, les résultats de la première partie de 2012 ont connu l'intégration totale dans leur périmètre de consolidation d'une unité hôtelière, ainsi que de la société de consommation Sofac. En effet, l'offre publique d'achat réalisée sur la société a connu un franc succès avec l'acquisition de 13,63% sur 14,50% convoités (taux de réussite de 94%). La part du CIH dans Sofac est désormais de 59,84%. Les réalisations à fin juin confirment ce ressaisissement de l'établissement. Au niveau des indicateurs de rentabilité, le résultat brut d'exploitation progresse de 13% à 318 MDH. La marge d'exploitation prend pour sa part 7,7 points de base pour s'établir à 35,3%, et celle nette 0,8 points à 28,1%. Le produit net bancaire avance de 11,2% à 760 MDH. La nouveauté pour ce semestre est que les activités de marché commencent à pointer du nez. Même minime, leur part s'établit à 1% du PNB, pour un résultat d'environ 7 MDH à fin juin, en progression de 5%. Ceci concerne d'une part l'activité du marché des changes et d'autre part quelques opérations de placements. La banque réalise un profit de 184 MDH contre 167 millions une année plus tôt et 24,3 millions en juin 2010. Sur le plan commercial, CIH a mobilisé 1,3 milliard supplémentaires au titre des dépôts à vue à 13,4 MMDH et plus de 600 millions à 9,4 MMDH pour les ressources à terme. Parallèlement, elle a accordé 2,1 milliards de crédits en six mois, lesquels sont en hausse de 8,7% sur un an. À fin juin, leur encours s'établit à 25,3 MMDH. Tout de même, ce fossé entre la collecte et la distribution témoigne d'une certaine difficulté des banques aujourd'hui à mobiliser de nouvelles ressources. Pour cette année, Ahmed Rahhou, président du groupe reste confiant quant à l'évolution de l'activité du CIH : «Nous envisageons de maintenir le même trend d'ici la fin de l'année. Malgré des tensions sur les liquidités ressenties ces derniers temps, nous nous attendons à une bonne année en termes de productivité et de recouvrement», soutient le président. De surcroît, il tient à préciser que le CIH est à mi-chemin et que son rythme devrait être accéléré dans les années à venir pour atteindre les objectifs du plan stratégique 2010-2014. Cela étant, l'établissement compte poursuivre ses efforts en matière de collecte des ressources, parallèlement à une consolidation de sa position vis-à-vis des crédits immobiliers. Aussi, dans cette lignée, le management entend continuer l'industrialisation des process, notamment de ceux liés au recouvrement des anciennes créances. Sur un autre volet, Ahmed Rahhou a affirmé que le désengagement de la CDG, principal actionnaire de la banque, n'est pas à l'ordre du jour. Bien au contraire, la participation de l'institutionnel s'est renforcée davantage pendant les tours de table de l'établissement, notamment via sa souscription totale lors de la dernière augmentation de capital d'1 MMDH, qui devrait accompagner la banque dans son développement. «Nous avons une position dominante dans le financement du logement social» : Ahmed Rahhou,Président du CIH. Les Echos quotidien : Est-ce que la montée des crédits non immobiliers (notamment dédiés à l'entreprise) serait un signal de votre désengagement progressif du segment immobilier ? Ahmed Rahhou : Le CIH est un acteur majeur du secteur de l'immobilier et entend le rester. Mieux, nous comptons être un acteur très actif concernant la professionnalisation et le développement de ce secteur. À ce titre d'ailleurs, nous participons de façon visible et dynamique à l'ensemble des actions entreprises par les acteurs du secteur, et aux travaux des réformes menées par les autorités au niveau du ministère de l'Economie et des finances pour le financement et la garantie des prêts, et au niveau de la conservation foncière. Nous avons par ailleurs une position dominante dans le financement du logement social, que nous comptons garder. Le développement d'autres types de crédits résulte de notre politique de diversification, qui a pour objet d'élargir le champ d'intervention de la banque, en vue de développer d'autres sources de revenus, comme d'ailleurs d'autres banques qui n'étaient pas dans le financement de l'immobilier et qui sont arrivées sur ce créneau. On constate un coût du risque en forte baisse au premier semestre. Quel est le secret de votre politique de recouvrement ? Parmi les actions de restructuration que nous avons menées ces deux dernières années, figurent en bonne place la professionnalisation et l'informatisation de notre pôle de recouvrement. Nous en récoltons le fruit aujourd'hui. Un bon recouvrement suppose une bonne tenue des dossiers, une réaction rapide en cas d'impayés, et un suivi rigoureux en cas de contentieux. Nous sommes aujourd'hui à un niveau très satisfaisant sur ces trois critères, ce qui nous permet de régler beaucoup de difficultés très en amont. Nous veillons par ailleurs, dès l'octroi du crédit, à ne pas mettre le client en situation de surendettement, source de problèmes futurs pour lui et pour la banque. Il faut dire qu'avec la mise en place par Bank Al-Maghrib de la centrale des prêts, qui permet de connaître le niveau d'endettement global de chaque client, la situation est aujourd'hui plus simple à gérer pour tout le monde. Peut-on s'attendre à d'autres opérations d'assainissement ? Les gros dossiers du passé sont assainis, soit par leur traitement définitif, soit par une couverture des risques résiduels par des provisions. Aujourd'hui, nous sommes à des phases de recouvrement très actives sur les dossiers non encore clos, sachant qu'ils ne représentent plus de risques pour la banque, et à des cessions de biens qui ont été acquis par la banque dans le cadre du traitement de certains dossiers anciens. Qu'est-ce qui justifie vos sorties massives sur le marché de la dette avec différentes levées de fonds (émissions de certificats de dépôt et emprunts obligataires) ? À l'instar des autres banques, nous diversifions nos sources de financement pour accompagner les besoins de nos clients en crédits. Le marché financier marocain se diversifie, et l'ensemble des acteurs, l'Etat, les banques, les sociétés de financement, les entreprises, les investisseurs institutionnels, gestionnaires de fonds ou d'OPCVM ont un accès direct à ce marché. Les banques, en même temps qu'elles ont recours à ce marché pour lever des fonds, participent à travers leurs émissions de titres à permettre aux investisseurs de diversifier leurs placements et leurs risques. C'est donc une opération profitable pour tous les acteurs du marché.