Le pays de la Téranga a initié depuis les années 2000 l'assainissement et la libéralisation du secteur des technologies de l'information et de la communication (TIC). L'essor de la branche et les multiples défis créent incontestablement des opportunités pour les opérateurs marocains qui jouissent d'un grand savoir-faire et d'une longue expertise dans le domaine. Troisième puissance économique de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), le Sénégal s'est récemment doté d'un plan ambitieux dénommé «Sénégal Emergent». Ce dernier devrait à terme permettre au pays de jouer les premiers rôles économiques au niveau régional. Ce plan national qui déborde d'ambition fait la part belle aux TIC. Ce qui ouvre incontestablement de nouvelles perspectives de développement et de nouvelles opportunités d'affaires pour ce secteur à forte valeur ajoutée. C'est dans ce contexte propice que dix entreprises marocaines évoluant dans ce secteur ont récemment effectué une mission de prospection au Sénégal dans l'optique de rencontrer aussi bien des entités publiques (Agence de l'informatique de l'Etat, Agence sénégalaise de la promotion des exportations, etc.) que privées (entreprises évoluant dans divers domaines). Cela dit, ce déplacement piloté par Maroc Export en collaboration avec Mazars a permis aux opérateurs marocains d'apprécier plus finement les potentialités dont recèle le marché sénégalais et d'être au fait de la palette de politiques publiques initiées sous la férule de l'Etat dans le domaine des TIC. Terreau propice pour les opérateurs marocains La mission de prospection des entreprises marocaines au Sénégal était ponctuée de rencontres avec leurs homologues sénégalais dans le cadre des BtoB et des visites sur site. En interrogeant les différents représentants des entreprises nationales au terme de leurs différents rendez-vous, un constat revenait de façon récurrente : celui de la forte probabilité de faire des affaires au Sénégal. Ce qui témoigne clairement des opportunités qui existent sur ce marché. En effet, ce pays, situé en Afrique de l'Ouest, avait enregistré un taux de croissance de 4% du PIB l'année dernière. En 2014, la Coface y prévoit une croissance de 4,6% du PIB, essentiellement tirée par les investissements publics (réalisation de grands travaux). Ce pays qui compte un peu plus de 13 millions d'habitants, a su au fil des années moderniser le secteur des nouvelles technologies. L'Etat fait de l'eGouv son cheval de bataille avec une ferme volonté de développer l'Intranet et de généraliser la gestion des formalités administratives en ligne. Ce qui constitue une réelle opportunité pour les entreprises marocaines. Cela dit, l'importance du secteur des TIC est corroborée par le fait qu'il génère pas moins de 10% du PIB du Sénégal et représente actuellement 1,3 point de croissance. Au-delà de ces chiffres édifiants, le déplacement a conscientisé les dix entreprises marocaines sur le fait qu'étant membre de la CEDEAO, le Sénégal est une porte d'entrée pour les 14 autres pays membres de l'organisation sous-régionale qui compte un marché de 300 millions d'habitants. Pour situer le contexte économique, il est nécessaire de rappeler que la CEDEAO représente plus de 30% du PIB du continent. L'autre intérêt pour les entreprises marocaines de s'imposer sur le marché sénégalais, est qu'il existe dans l'espace économique de la CEDEAO, la libre circulation des biens et des services, et un droit des affaires harmonisé. Les produits et services n'y subissent qu'une seule taxe à l'entrée d'un pays membre. Configuration du marché des télécommunications L'élément de taille à mettre au crédit de cette mission de prospection est qu'elle a aidé les opérateurs marocains à circonscrire les différentes facettes et la configuration du marché sénégalais des télécommunications. Pour rappel, le secteur des télécoms a été libéralisé à partir des années 2000 au Sénégal. Globalement, le réseau est de haut débit et numérisé à 100%. Ce qui atteste incontestablement des efforts consentis par les pouvoirs publics pour moderniser le secteur qui est dominé par l'Organisation des professionnels de l'information et de la communication du Sénégal (OPTIC). Cette entité qui regroupe les trois opérateurs de téléphonie et bien d'autres acteurs, génère un chiffre d'affaires annuel qui flirte avec les 50 Mds de DH. A ce stade, il est important de souligner que l'OPTIC est une interlocutrice privilégiée pour les projets entrant dans le cadre du partenariat public-privé. L'autre donnée stratégique pour les entreprises marocaines est que 40% des investissements de la Sonatel (première société de téléphonie), sont captés par des entreprises locales. D'où l'intérêt pour les opérateurs nationaux de nouer des partenariats avec des entreprises sénégalaises. Cela dit, les sociétés chinoises et indiennes sont bien implantées sur le marché des télécommunications au Sénégal. Ce qui amène à dire que les opérateurs marocains sont appelés à se frotter à une concurrence qui ne sera pas de tout repos. Il y a tout de même lieu de préciser que leur capacité à innover et leurs services de qualité sont de réels atouts pouvant leur permettre de tirer leur épingle du jeu sur le marché sénégalais.