Taleb Barrada, ambassadeur du Maroc au Sénégal, salue l'initiative de Maroc Export de conduire dix entreprises marocaines oeuvrant dans le domaine des TIC à Dakar. L'ambassadeur met en évidence l'intérêt de se positionner sur le marché sénégalais qui, d'après lui, est une porte d'entrée vers les 14 autres pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Barrada relève aussi les principaux atouts des opérateurs marocains à même de leur permettre d'avoir une longueur d'avance sur leurs principaux concurrents au Sénégal. Finances News Hebdo : Quelle lecture faites-vous de la nouvelle orientation de la diplomatie économique du Royaume qui est de plus en plus tournée vers le continent ? Taleb Barrada : Tout d'abord, je tiens à saluer l'initiative de Maroc Export qui a piloté cette mission de prospection du secteur des nouvelles technologies de l'information de la communication au Sénégal. Ce voyage est l'occasion pour les opérateurs marocains de découvrir le Sénégal et de se positionner dans le domaine des TIC du pays. Par ailleurs, il est important de savoir que le pays est une porte d'entrée vers les autres pays de l'Afrique de l'Ouest. Cette mission est aussi un format adéquat pour les entreprises marocaines qui ambitionnent d'explorer les opportunités d'affaires qu'offrent différents secteurs d'activité sénégalais. Le message de l'Ambassade est d'inciter les opérateurs nationaux à nouer des partenariats avec leurs homologues sénégalais pour aller ensemble à la conquête d'autres espaces économiques du continent. Ceci étant, j'estime louable l'ensemble des initiatives de Maroc Export qui, par ailleurs, est un partenaire de l'Ambassade du Maroc au Sénégal. Il y a une interaction très dense entre les entités dans le cadre de la promotion des exportations au Sénégal. Dans ce même ordre d'idées, il est nécessaire pour Maroc Export et les entreprises nationales d'assurer une plus grande présence marocaine au Sénégal et en Afrique de l'Ouest qui est un espace économique intégré. A ce titre, j'invite les opérateurs marocains à se positionner d'ores et déjà dans cette région pour y accroître leurs parts de marché. A partir de 2015, l'espace économique ouest-africain connaîtra une nouvelle configuration. Pour répondre concrètement à votre question, depuis l'avènement de SM le Roi Mohammed VI, le Royaume a développé une politique africaine dynamique. Ce dynamisme est observé à travers les différentes visites effectuées par SM le Roi dans bon nombre de pays du continent qui sont désormais ouverts à nos entreprises. De plus, le chemin est balisé par les différents intervenants (Ambassades, autres entités publiques et privées). Toutefois, il appartient aux entreprises marocaines de saisir cette opportunité et de mettre à profit ce contexte propice pour investir et s'installer au Sénégal. Ce qui est d'autant plus intéressant que ce pays est une ouverture sur les 14 autres Etats de la CEDEAO. Cet espace économique intégré compte près de 300 millions d'habitants, ce qui est une occasion favorable pour nos entreprises. Compte tenu de cela, l'Ambassade s'active dans le domaine de l'accompagnement des entreprises qui ont l'ambition de s'établir au Sénégal. Par ailleurs, il y a lieu de préciser qu'après les différentes visites de SM le Roi sur le continent et la nouvelle politique africaine initiée sous son règne, le Sénégal est devenu la première destination des investissements directs du Maroc à l'étranger. Depuis quelques années, le pays est notre premier partenaire économique et commercial au Sud du Sahara. F.N.H. : En dépit des potentialités qui existent entre les deux pays, on relève tout de même que les opérateurs marocains oeuvrant dans les TIC doivent faire face à la concurrence des Chinois, des Européens et des Indiens, au Sénégal. Selon vous, quels sont leurs principaux atouts pour se faire une place sur le marché sénégalais ? T. B. : Comme vous le savez, l'histoire est là pour nous ouvrir les portes et les opportunités avec nos frères et partenaires sénégalais. Le poids de l'histoire permet aux opérateurs marocains d'avoir des contacts et une communication plus simples avec les partenaires sénégalais et d'Afrique de l'Ouest. Cependant, il est clair que nos entreprises devront faire preuve de dynamisme pour exploiter les opportunités qui se présentent à elles. J'estime que les Marocains ont une part de marché à défendre et à conquérir. Les entreprises y travaillent et sont en mesure de consolider leur positionnement dans cette zone. Les produits marocains sont globalement appréciés par les pays d'Afrique de l'Ouest. A charge maintenant pour nos sociétés de capitaliser sur cet atout de taille pour faire face à la concurrence internationale qui existe aussi dans cette région. La question de la délocalisation des entreprises marocaines dans l'espace de la CEDEAO, et plus particulièrement au Sénégal, me paraît être un point important, d'autant plus qu'il existe un accord d'établissement permettant aux ressortissants marocains de s'installer plus facilement au Sénégal. F.N.H. : Le Sénégal vient de se doter d'un plan de développement ambitieux dénommé «Sénégal Emergent». Ce dernier devrait donner un coup d'accélérateur à l'émergence économique du pays. Estimez-vous que cette nouvelle orientation sénégalaise constitue une opportunité pour les entreprises marocaines oeuvrant dans le secteur des TIC ? T. B. : Le plan «Sénégal Emergent» devrait booster la croissance du Sénégal. Naturellement cela devrait créer de nouvelles opportunités d'affaires dans les domaines des infrastructures, de l'agriculture, de l'électrification, des TIC, de l'énergie, etc. Ce qui peut être une excellente aubaine pour les entreprises marocaines du secteur des TIC et celles évoluant dans les domaines précités. Le plan «Sénégal Emergent» est crédibilisé par les différents intervenants institutionnels et les organisations internationales qui appuient la démarche du pays. Ce plan de développement permettra certainement à des entreprises étrangères d'accompagner le gouvernement du Sénégal dans sa stratégie de développement. F.N.H. : Quel commentaire pouvez-vous faire de la réussite des entreprises marocaines oeuvrant dans les domaines de la banque, des assurances et de l'immobilier au Sénégal ? Selon vous, pourquoi les acteurs marocains de ces secteurs réussissent-ils au Sénégal ? T. B. : Nos entreprises évoluant dans les domaines mentionnés se singularisent par leur rigueur et leur savoir-faire. Je dois vous rappeler que le Maroc a su exporter ce qu'il sait faire. La présence de trois banques marocaines au Sénégal et celle d'une grande compagnie d'assurance, sans oublier les désertes quotidiennes de la RAM, donnent plus d'assurance aux investisseurs marocains. Par la même occasion, leur installation et leur business au Sénégal sont devenus plus faciles. Pour preuve, il existe une multitude de PME marocaines qui se sont installées dans le pays. F.N.H. : Pensez-vous que les relations économiques entre les deux pays se densifieront davantage à l'avenir ? T. B. : J'ai la conviction que les relations économiques entre les deux Etats sont en train de se développer au quotidien. Cet essor est facilité par le corridor routier Casablanca-Dakar, à travers la Mauritanie. Les camionneurs font deux à trois jours pour relier ces deux villes. Ces voies de communication augmentent davantage le potentiel d'échanges entre les deux pays.