Une autre façon de faire des échanges. C'est le message dominant qui est ressorti du symposium organisé par Maroc Export, son homologue sénégalais de l'Agence sénégalaise de promotion des exportations (ASEPEX), ainsi que la Chambre de commerce et d'industrie de Dakar (CCID). Tenue à l'occasion des journées économiques Maroc-Sénégal à Dakar, cette rencontre a regroupé plus d'une centaine d'hommes d'affaires et d'opérateurs économiques des deux pays, évoluant dans des secteurs tout aussi divers... Les présents à cette rencontre ont dressé un diagnostic de la situation des échanges entre les deux pays, qui fait principalement état d'une insuffisance des flux, surtout sur le secteur des TIC. «Les chiffres ont besoin d'être améliorés et le partage d'expériences peut être facilité par la proximité géographique», déclare Abdellatif Maâzouz, ministre du Commerce extérieur. Une donne à revoir En effet, le gros des flux d'échanges demeure majoritairement concentré sur des produits finis de grande consommation, notamment agroalimentaires. Cela se fait au détriment des services et du transfert des technologies nouvelles. C'est également la même idée véhiculée par Daouda Diouf, vice-président de la Chambre de commerce et d'industrie de Dakar (CCID), qui appelle à une démultiplication «des efforts pour que les relations soient dynamisées qualitativement et quantitativement». Par qualitativement, le responsable sénégalais veut faire comprendre à ses interlocuteurs hommes d'affaires que les TIC doivent être placées au cœur de leurs priorités dans la négociation des contrats de partenariat. Des lacunes et des lacunes Dans ce même diagnostic des échanges existant entre le Sénégal et le Maroc, il y a également lieu de souligner l'existence de deux grands obstacles qui ralentissent la croissance des relations commerciales. Le premier est d'ordre juridique. Il s'agit en effet du projet d'accords entre le Maroc et l'ensemble des pays membres de l'Union économique et monétaire des Etats ouest africain (UEMOA), relatifs au développement des investissements et à la non-double imposition, qui tarde encore à se réaliser. «On est en train de manquer beaucoup d'opportunités d'échanges à cause du retard accusé dans la mise en œuvre des ces accords avec les pays de l'UEMOA», regrette Taleb Berrada, ambassadeur du royaume à Dakar. En second lieu, l'inexistence de dessertes maritimes entre Dakar et Casablanca est également désignée comme une entrave majeure. Pour l'instant, les axes routiers et aériens demeu-rent les «seules voies physiques» de trafic de marchandises entre les deux territoires, déplore toujours Taleb Berrada. «Approfondissements» Le mot a été prononcé plus d'une fois durant cette journée économique du Maroc au Sénégal. «Se rencontrer c'est bien, mais rester ensemble c'est encore mieux», tel que l'a indiqué Saad Eddine Benabdallah, le directeur général de Maroc Export. Et la signature d'un protocole d'accord, lundi dernier, entre Maroc Export et l'Agence sénégalaise de promotion des exportations (ASEPEX), vise justement d'apporter «des approfondissements à nos relations», explique le ministre sénégalais du Commerce, Amadou Niang. Ce protocole porte sur trois grands points. En premier lieu, il s'agit de favoriser et de développer les «échanges d'informations» stratégiques entre Marco Export et l'ASEPEX sur les opportunités d'investissement à saisir dans les deux pays. Il est question en outre de «la réalisation de programmes communs promotionnels» (foires, salons, voyages d'affaires...). La « recherche», proprement dite, et la «multiplication des missions de prospection» entre le Maroc et le Sénégal ne sont pas en reste. «Ils ont dit...» Les Echos : Qu'apporte de nouveau la convention signée entre Maroc Export et l'Agence sénégalaise de promotion des exportations (ASEPEX)? Sagar Diouf Traoré, D.G de l'Agence sénégalaise de promotion des exportations (ASEPEX) : Nous avons convenu de signer cette convention qui devrait nous amener à mener des activités en commun. Il s'agit, par exemple, de la promotion économique et sociale à destination d'un marché d'intérêt commun, la réalisation de programmes de formation, l'échange des informations sur les marchés de destination et finalement, l'échange d'expertises entre les deux structures, tout ceci, bien sûr, au profit des entreprises des deux pays, et surtout des PME. Saad Eddine Benabdallah, D.G de Maroc Export : Le fait déjà que cette caravane ait débuté avec le Sénégal est une preuve des fortes relations qui existent entre nos deux pays. Mais nous ne voulons pas «dormir sur nos lauriers». Il nous faut avancer et faire performer le courant d'affaire qui existe entre opérateurs économiques marocains et sénégalais. Et le message de Maroc Export est clair : nous sommes à la recherche de partenariats gagnant-gagnant, par le biais de la coopération sud-sud, ou sud-sud-nord. Et l'initiative de cette convention s'inscrit dans ce sens. Nous voulons d'abord commencer par l'institutionnel, avant de laisser la place à l'opérationnel et à la mise en pratique.