La Caisse centrale de garantie vient de lancer un nouveau produit baptisé «Mouwakaba». Un instrument de garantie inédit qui vient en appoint aux porteurs de projets faisant face à une insuffisance de fonds propres. Hicham Zanati Serghini, Directeur général de la CCG, en explique le principe et les enjeux. Finances News Hebdo : Vous venez de lancer le premier instrument de garantie des prêts d'honneur. Ce terme est relativement nouveau dans le paysage financier. Pouvez-vous nous expliquer en quoi il consiste exactement et qu'est-ce qui a motivé sa mise en place ? Hicham Zanati Serghini : Il est vrai que l'activité de prêt d'honneur est encore embryonnaire au Maroc. Il s'agit de l'octroi de crédit à moyen terme sans intérêt ni garantie en faveur d'un porteur de projet ne possédant pas suffisamment d'apports financiers personnels par une association engagée dans l'accompagnement des créateurs d'entreprises. Le lancement du produit de garantie «Mouwakaba» destiné à couvrir les prêts d'honneur à hauteur de 70%, vise à donner une impulsion à de telles initiatives en renforçant la capacité financière des associations qui pourront répondre à une demande plus importante de la part des porteurs de projets. F.N.H. : Qu'est-ce qui le différencie des autres instruments déjà disponibles sur le marché, et quels sont les critères d'éligibilité ? H. Z. S. : En fait, le prêt d'honneur n'est pas une alternative aux autres instruments de financement classiques et peut même en faciliter l'accès, car il répond à une problématique spécifique qui est celle du manque de fonds propres. Il est également le résultat d'une relation de confiance entre le porteur de projet et l'association qui l'accompagne. Il peut donc être une passerelle intéressante pour un promoteur en phase de démarrage qui pourra par la suite faire appel au financement bancaire pour développer son activité. Les prêts d'honneur sont accordés aux porteurs de projets en phase de création de leurs entreprises. Celles-ci doivent être de droit marocain, personnes physiques ou morales, ayant pour objet ou activité la production de biens et/ou de services. Les prêts plafonnés à 300.000 DH ne sont pas assortis de taux d'intérêt et sont remboursables sur une durée généralement comprise entre 2 et 7 ans, pouvant inclure une période de différé pouvant aller jusqu'à 2 ans. F.N.H. : Quel est le montant global mobilisé pour répondre à la demande potentielle et quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés ? H. Z. S. : «Mouwakaba» est un produit géré dans le cadre du Fonds de garantie PME, confié en gestion par l'Etat (ministère de l'Economie et des Finances) à la CCG, qui est le réceptacle unique de tous les produits de garantie et qui dispose de ressources financières suffisantes. Concernant les objectifs, nous prévoyons de garantir dans les premières années de lancement un montant de 10 MDH de prêts émanant de différentes associations. F.N.H. : Mouwakaba étant un produit nouveau, quelles sont les actions qui seront entreprises pour lui garantir un réel succès ? H. Z. S. : Nous travaillons sur l'instauration et le renforcement du partenariat avec les associations spécialisées dans l'accompagnement des porteurs de projet, car ce sont elles qui accordent les prêts d'honneur. Des actions de communication et de formation sont prévues pour promouvoir l'utilisation de ce nouveau produit. F.N.H. : Avez-vous déjà identifié les associations engagées dans l'accompagnement des porteurs de projets susceptibles d'être intéressées par Mouwakaba ? H. Z. S. : Nous avons identifié à aujourd'hui 5 associations, mais nous ouvrons la porte à toutes les entités qui souhaitent soumettre leur candidature. L'objectif de ce nouvel instrument étant de créer une émulation pour la multiplication d'associations oeuvrant dans ce domaine. Les associations désireuses de bénéficier de ce mécanisme seront sélectionnées sur la base d'un dossier de candidature constitué notamment du dossier juridique, de leur offre précisant obligatoirement la description détaillée de la politique d'intervention, les ressources humaines et techniques et enfin la gouvernance de l'association.