Vingt cinq ans après la création de l'UMA, les objectifs restent en-deçà des espérances. Malgré le blocage politique, les entrepreneurs veulent dépasser les contraintes et participer à la création de l'espace maghrébin. Le Maghreb reste l'espace économique le moins intégré dans le monde avec moins de 3% seulement d'échanges intra-régionaux contre 60% pour l'Union européenne. En présence de 600 participants s'est tenu à Marrakech le 3ème Forum des entrepreneurs maghrébins. Le choix du 17 février n'est pas fortuit car c'est la date de la création de l'Union du Maghreb Arabe (UMA) il y a 25 ans. L'événement permet de dresser un constat sur la situation actuelle et proposer de nouvelles pistes pour impulser l'espace maghrébin. Avec 90 millions de consommateurs, le Maghreb présente toutes les caractéristiques pour réussir un espace intégré. «Après un départ prometteur et des accords commerciaux ou de partenariat, la machine est depuis quelques années en panne, l'économie en fait les frais. Le commerce intramaghrébin pèse moins de 3% de l'ensemble du commerce des pays de la région. C'est le plus faible de tous les espaces économiques dans le monde», souligne Miriem Bensalah-Chaqroun, présidente de la CGEM et présidente de l'Union des entrepreneurs maghrébins. «L'UMA a nourri beaucoup d'espoir, mais n'arrive pas à atteindre le objectifs escomptés. Les entrepreneurs croient beaucoup en cet espace. Ils ont confiance en l'avenir. Nous sommes certes des pays différents, mais nous sommes et restons un seul peuple. Nous avons perdu assez de temps, il faut créer l'union économique et la politique suivra», affirme, pour sa part, Abdelillah Benkirane, Chef du gouvernement. 54 thématiques transversales ont été abordées lors de cet événement. Parmi les sujets phares, il y a notamment : la convergence douanière et réglementaire ?; l'ntégration logistique : le nécessaire maillage pour la réussite du commerce ; le marché du travail et le dialogue social maghrébin?, le Maghreb de l'énergie; les services comme supports à l'intégration maghrébine. Par ailleurs, une convention a été signée entre l'Union des banques maghrébines et l'Union des entrepreneurs maghrébins. L'initiative du commerce et de l'investissement est une feuille de route pour créer un cadre plus favorable pour les opérateurs des pays maghrébins. Elle permettra de lancer à terme une zone de libre-échange. Au cours de l'année 2014, 3 conventions seront signées pour son application. Le coût du non-Maghreb C'est déjà un pas en avant, mais l'UMA reste nettement en-deçà des réalisations des autres espaces régionaux, notamment l'Union européenne où 60% des échanges se font à l'intérieur de l'UE, l'Amérique du Nord (56%), l'Asian (25%) et le Mercosur (15%). «Il est temps pour les opérateurs maghrébins de faire un travail de fond afin d'élargir l'espace et développer les échanges et les opportunités d'affaires. Ils ont un rôle à jouer dans la construction de cet espace. Nous avons plusieurs défis à relever ensemble», rapporte Lahbib Benyahya, secrétaire général de l'UMA. L'espace maghrébin est une entité fortement encouragée par les instances internationales et à leur tête le Fonds monétaire international (FMI) qui, par la voie de Christine Lagarde, son Directeur général, a tenu à apporter son soutien à l'intégration des pays de la région. «Malgré les bonnes intentions, les réalisations ne suivent pas. Pourtant, l'espace maghrébin bénéficie de plusieurs atouts que d'autres regroupements n'ont pas, notamment la géographie, une population jeune et dynamique et une histoire commune», explique Lagarde. Au cours de cet événement, tous les intervenants ont mis l'accent sur les mesures qui peuvent aider à faciliter l'intégration comme la réduction des barrières douanières qui sont deux fois plus élevées que la moyenne mondiale et les barrières non tarifaires. Le coût du non Maghreb pèse pour chaque pays 2% de son PIB. «La Turquie fait le double du PIB du Maghreb alors que sa population est inférieure à celle de l'UMA. Nous avons plusieurs défis à relever comme l'éducation qui n'arrive pas à former des ressources humaines qualifiées», souligne Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib. Il ajoute que «depuis le lancement de l'UMA, très peu de choses ont été réalisées. La création de l'Union bancaire maghrébine n'a pas abouti à la création d'une banque de développement maghrébine». Pages réalisées par C. Jaidani