Près de 500 entrepreneurs maghrébins ont étudié à Marrakech les moyens de renforcer l'intégration économique malgré le blocage politique de l'Union du Maghreb arabe (UMA), qui coûte plusieurs points de croissance chaque année selon des chiffres officiels. Ce rendez-vous, auquel ont participé également des dirigeants d'institutions financières internationales, avait débuté le jour même du 25e anniversaire de la signature du traité constitutif de l'UMA, dans cette même ville de Marrakech. Cette instance régionale, qui regroupe l'Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie, représente un marché de quelque 90.000 millions d'habitants. La mise en oeuvre de l'UMA bute néanmoins sur les contentieux politiques entre pays membres, en particulier entre Alger et Rabat. «Le commerce entre les pays de l'UMA ne représente en moyenne que 3% des échanges globaux de ces pays, ce qui représente le taux d'intégration le plus faible au monde», a fait valoir la présidente de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Miriem Bensalah Chaqroun. Le rendez-vous de Marrakech doit être l'occasion de mettre sur les rails une «Initiative maghrébine du commerce et de l'investissement (IMCI)», «initiative du secteur privé qui contiendra des mesures concrètes pour renforcer le commerce et les investissements», a ajouté la «patronne des patrons» marocains, hôte de l'événement. Selon des chiffres officiels, aucun des cinq pays ne compte un de ses voisins maghrébins comme partenaire commercial majeur. Au Maroc, le commerce inter-maghrébin ne représente ainsi que 3,2% du total des exportations et 2,6% des importations. Le 3e Forum des entrepreneurs maghrébins à Marrakech est le premier depuis le déclenchement du Printemps arabe en 2011. «L'intégration économique des pays de l'Union du Maghreb peut créer, selon nos études, entre 2% et 3% de PIB supplémentaire par an», a réaffirmé à cette occasion la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, dans un message aux participants. Parmi les défis à résoudre, Mme Lagarde a évoqué la «complexité des procédures et la bureaucratie», «les doubles barrières douanières, la faible ouverture aux systèmes de l'investissement étranger» ou encore «la réforme des systèmes de fiscalité et l'insuffisance des infrastructures». «Le Maghreb uni n'est plus une option, mais une nécessité», a pour sa part fait valoir un haut dirigeant de la Banque mondiale, Simon Gray. Actuellement, les pays du Maghreb se font souvent concurrence sur les produits exportés notamment vers l'UE. Or il y a un potentiel important pour une meilleure division des tâches à travers l'établissement de chaînes de valeur et de production régionales, a-t-il assuré, cité par l'agence MAP. Les participants ont justement appelé à la simplification, l'harmonisation et l'unification des cadres réglementaires régissant les échanges commerciaux au sein de l'espace maghrébin. Ils ont relevé dans le cadre d'une plénière initiée sous le thème «Comment parachever la convergence douanière et réglementaire», que les échanges commerciaux intra-maghrébins s'opèrent dans un cadre réglementaire complexe régi par une multitude d'accords dont des engagements au niveau de la Ligue arabe, de l'Organisation mondiale des douanes (OMD), de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et de l'Union européenne (UE). Le directeur général de l'administration des douanes et impôts indirects (ADII), Zouheir Chorfi, a reconnu que les pays du Maghreb, notamment le Maroc et la Tunisie, ont mis en œuvre des stratégies visant la facilitation des procédures et la modernisation de leurs institutions douanières. Cependant, les pays du Maghreb doivent prendre plusieurs mesures pour lutter contre le circuit informel du commerce intra-maghrébin, promouvoir et faciliter les échanges commerciaux structurés qui doivent être le moteur du développement économique et social de la région, a-t-il préconisé. Il s'agit de la suppression des barrières douanières, la coordination de la gestion des frontières, la conclusion d'accords de reconnaissance mutuelle des opérateurs économiques agréés (OEA) et la mise en place d'un guide maghrébin des procédures, a-t-il précisé. Dans le même sens d'idées, Ahmed Youra Hay, consultant de l'Union nationale des patronats (Mauritanie), a recommandé la réduction du coût et des délais d'exportation trop élevés, l'adoption d'un modèle unique de déclaration en douanes et la mise en place d'un système régional d'assurance automobile.