Jeudi 19 décembre, l'Institut du monde arabe, à Paris, a abrité un débat exceptionnel autour d'un livre intitulé «Le Maroc stratégique» qui vient d'être publié aux éditions Descartes par l'Association marocaine pour l'intelligence économique (AMIE). Le débat, animé par le philosophe François L'Yvonnet, comprenait notamment André Azoulay, conseiller de SM le Roi Mohammed VI et président de la Fondation euro-méditerranéenne Anna Lindh; Fathallah Sijilmassi, secrétaire général de l'Union pour la Méditerranée ( UpM); Abdelmalek Alaoui, président de l'AMIE, Bouchra Rahmouni Benhida, directrice de l'Institut de recherche en géopolitique et gé-économie (IRGG) de l'ESCA, Alexandre Kateb, qui dirige le cabinet de conseil et d'analyse «Compétence finance» à Paris. «Regards croisés sur un Royaume en transformation», le sous-titre du débat est en lui-même un programme. Il tombe à point nommé avec à la clé des interrogations politiques, économiques et sociales pertinentes. Le Maroc a manifesté une résilience spécifique aux mouvements du «Printemps arabe», confirmant par sa réforme constitutionnelle de juillet 2011 sa volonté d'inscrire sa dynamique réformatrice dans une voie démocratique. «Dix-huit mois avant le déclenchement du «printemps arabe», indiquent ses promoteurs, le think-tank Amie Center (www.amiecenter.org) analysait de manière inédite la première décennie du règne de Mohammed VI dans un ouvrage intitulé «Une ambition marocaine, des experts analysent la décennie 1999-2009». Sans complaisance, en relevant carences et défis, une dizaine d'auteurs venus d'horizons différents s'étaient alors attelés à analyser l'entrée du Maroc dans le nouveau millénaire». Les conclusions de leurs travaux d'alors préfiguraient les mouvements qui se sont déroulés depuis bientôt quatre années. Sur le plan social, une nouvelle société marocaine était sur le point d'émerger sous l'effet combiné des réformes fondamentales du Code de la famille et de la grande opération de réconciliation nationale qu'était l'Instance équité et réconciliation, bien que la société marocaine conserve en son sein une frange islamo-conservatrice puissante. Au niveau de la stratégie économique, la politique des grands travaux d'infrastructures, de libéralisation et de stimulation des Investissements directs étrangers laissait entrevoir un meilleur ancrage du Royaume dans son environnement international, bien que cette croissance volontaire ait également engendré une augmentation des disparités et des inégalités. Cette dynamique a certainement permis la résilience du Maroc aux révolutions arabes, de même que la réforme constitutionnelle de juillet 2011 y a contribué. Dans ce nouvel opus analytique sobrement intitulé «Le Maroc stratégique», Amie Center ambitionne de poursuivre cette conversation entre experts et analystes afin d'aller au-delà des clichés maintes fois ressassés à propos du Maroc. L'objectif étant de faire un diagnostic, non pas exhaustif mais global, de la trajectoire poursuivie par ce pays dans le monde arabe. À l'occasion de la publication du «Maroc stratégique» faisant le point sur la situation du Royaume et donnant la priorité à l'analyse de sa stratégie économique, les auteurs de l'ouvrage confronteront leurs travaux aux visions d'autres éminents spécialistes d'une nouvelle société marocaine sur le point d'émerger et qui constitue à bien des égards un laboratoire de l'avenir du monde arabe. Ce sont notamment les nouvelles formes de gouvernance compétitive qui seront décrites, ainsi que l'articulation des stratégies privées et publiques, la libéralisation commerciale, la volonté d'insertion régionale et mondiale d'un pays qui bénéficie d'une longue tradition d'ouverture et d'une position géopolitique stratégique. La question - et l'espoir - peuvent finalement se résumer ainsi : le Maroc peut-il devenir le moteur d'une Méditerranée du Sud plus démocratique, équitable et performante ? Le livre porte un regard sur le modèle de gouvernance et sur les politiques publiques du pays. Les auteurs analysent les conditions géopolitiques afin de mieux comprendre le positionnement géostratégique et les enjeux économiques, institutionnels et sociaux actuels et futurs pour le Maroc. Il faut souligner l'intérêt que le Maroc d'aujourd'hui suscite auprès des institutions, des gouvernements, des observateurs et tout simplement de l'opinion internationale. André Azoulay a souligné que la «dynamique économique mise en œuvre actuellement par le Maroc a révélé une certaine justesse parce qu'il a opté depuis l'indépendance pour le modèle de l'ouverture, et que des réformes avaient été mises en œuvre des années avant l'éclosion du printemps arabe, ce qui explique sa résilience à ce phénomène». «Amie Center», think tank qui émane de l'Amie se définit comme un cercle de réflexion, un levier d'impulsion à la disposition de toutes les organisations : pouvoirs publics, entreprises, administrations, associations professionnelles, communauté de chercheurs. Elle opère sur le terrain de l'accompagnement et de l'assistance en matière de stratégie économique et de formulation de politiques publiques impactant la compétitivité, en axant plus particulièrement ses travaux sur les thématiques liées à l'émergence; la veille stratégique ainsi que la gouvernance compétitive.