Le ministre de l'Energie a décliné les six axes qui composent la feuille de route de cette transition. Les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique y occupent une place de choix. Face à un paysage mondial en perpétuelle évolution, Abdelkader Amara prône la flexibilité. Il est très difficile de prévoir comment sera composé le paysage énergétique, aussi bien au Maroc que dans le monde. Le pays bataille depuis 2009 pour instaurer un modèle énergétique propre à lui, qui englobe aussi bien les opportunités que les contraintes, notamment le fait qu'il n'est pas producteur de pétrole. A partir de cette date là, le pays menait, en effet, une Stratégie nationale énergétique, basée sur les orientations royales émanant du discours de juillet 2007. Le Souverain y soulignait que l'objectif «est de garantir la sécurité énergétique de notre pays, de diversifier les sources d'énergies nationales, par le recours à des énergies alternatives, et d'en assurer un usage rationnel». Près de cinq années plus tard, le paysage énergétique a bien évolué, de nouvelles technologies sont disponibles, de nouveaux défis ont été définis pour assurer une bonne transition énergétique et atteindre les objectifs consignés dans cette stratégie nationale de l'énergie. Pour enrichir le débat sur cette question, hautement stratégique pour le Royaume, une conférence a été organisée par la Fédération de l'énergie, en partenariat avec le ministère de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement, avec pour principaux objectifs de confronter les expertises pour explorer les pistes d'amélioration, d'innovation et de partenariat pour une meilleure transition énergétique. Ouvrant les travaux de cette Conférence-débat sur la transition énergétique, le ministre de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement, Abdelkader Amara, a rappelé les enjeux stratégiques que présente le secteur de l'énergie pour le pays, à la fois politiques, économiques, sociaux et bien évidemment environnementaux. «Nous sommes toutefois conscients qu'il est très difficile de prédire ce que sera le paysage énergétique dans les décades à venir. L'incertitude demeure et porte sur tous les domaines : elle est technologique, économique, politique et financière. Aussi, la flexibilité doit-elle être de mise. Quel que soit le scénario à long terme, nous devrons, à court terme, prendre les décisions qui évitent de fermer prématurément des options alternatives qui pourraient ultérieurement se révéler indispensables», souligne-t-il. Aussi, pour satisfaire la demande énergétique croissante du Maroc, le département ministériel a-t-il établi une feuille de route pour la transition énergétique. Laquelle repose sur six piliers-objectifs majeurs qui rejoignent la stratégie nationale énergétique notamment, les objectifs prioritaires d'assurer la sécurité d'approvisionnement, et par la suite, de généraliser l'accès à l'énergie à des prix optimisés. Les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique y occupent également une place de choix. Le cinquième axe de cette transition énergétique sur lequel le ministre a insisté est l'intégration du Royaume dans le système énergétique régional. Enfin, le défi demeure dans l'application en amont des dispositifs de préservation de l'environnement dans toutes les activités énergétiques. La flexibilité semble être le mot d'ordre d'Amara. Et ce, d'autant plus que les défis sont immenses quand on voit tous les chantiers, contenus dans cette stratégie nationale de 2009, entamés mais n'ayant pas encore abouti, parfois faute de financement, parfois à cause de leur grande ambition et le nombre incalculable des parties prenantes. ER, maintien de cap Fraîchement arrivé à la tête de ce ministère, A. Amara a tenu à rappeler que le développement des énergies renouvelables, le renforcement de la recherche dans le domaine des nouvelles technologies énergétiques, l'efficacité énergétique, sont devenus des sujets centraux dans les stratégies de développement des nations et de la communauté internationale. Y compris au Maroc. Outre l'avantage qu'offrent les énergies renouvelables dans la diversification du bouquet énergétique marocain, tout en veillant au respect de l'environnement, elles constituent un gisement d'emploi. Ainsi, le ministre a estimé qu'à l'horizon 2020, 13.300 emplois peuvent être créés dans le secteur des énergies renouvelables et 36.800 dans celui de l'efficacité énergétique. Les énergies fossiles toujours, mais en plus propre Malgré l'augmentation des parts des énergies «nationales» dans le bouquet énergétique du Maroc, les énergies fossiles resteront dominantes. Mais le ministre s'est engagé à veiller à ce que leur utilisation soit responsable et plus propre grâce au recours aux technologies propres et à la mise en place de normes de réduction d'émission des gaz à effet de serre (GES) dans les industries productrices et consommatrices de ces énergies. Concernant le développement du gaz, il demeure un choix stratégique et économique qui se fera, également, à travers son importation sous forme liquéfiée. Il se substituera progressivement au charbon et au fuel à l'horizon 2025. «Nous projetons, sur ce point, dans le cadre d'une feuille de route sur le gaz en cours de préparation, la mise en place des infrastructures nécessaires pour le développement de l'utilisation du GNL. Cette feuille de route sera dévoilée, prochainement, après consultation de nos partenaires privés et publics, et s'agissant d'un chantier stratégique, la convergence des points de vue sera privilégiée», annonce Amara. Par ailleurs, le pays intensifie l'exploration pétrolière et gazière, ainsi que la recherche appliquée pour la mise en valeur des immenses gisements de schistes bitumineux dont notre pays est doté, conformément à l'un de nos objectifs stratégiques visant la mobilisation des ressources nationales fossiles. Elles sont 31 sociétés pétrolières internationales, parmi lesquelles des majors, des super indépendants et des indépendants, qui opèrent actuellement dans les différentes régions du Maroc, aussi bien en offshore qu'en onshore. Les activités en cours d'exploration et d'exploitation des hydrocarbures concernent 11 concessions d'exploitation en onshore, 134 permis de recherche dont 82 en offshore et 8 autorisations de reconnaissance dont 2 en offshore. Il est clair, aujourd'hui, que les performances économiques du Maroc restent tributaires de celle de «son énergie». Le ministre de tutelle doit œuvrer, plus que jamais, à la participation accrue des opérateurs privés à son développement, compte tenu des moyens financiers considérables que nécessite une si importante et ambitieuse stratégie.