Les sidérurgistes continuent de lancer des cris d'orfraie. L'on se rappelle que l'année dernière déjà, à travers l'Association des sidérurgistes au Maroc, ils avaient tiré la sonnette d'alarme pour dénoncer les importations massives de fil machine et rond à béton qui pénalisaient l'industrie locale. Leur plainte avait alors trouvé un écho favorable auprès des autorités qui, après enquête, avaient décidé d'imposer des droits anti-dumping sur ces produits là. Un an après, Maghreb Steel, peu concerné par les mesures prises l'année dernière par l'Etat, d'autant qu'il produit essentiellement des aciers plats et autres tôles galvanisées et prélaquées, remet ça sur la table. Le sidérurgiste demande à l'Etat de faire suite à la plainte qu'il avait également formulée fin 2012 et qui a conduit le gouvernement à initier une enquête sur les importations d'aciers plats en provenance de l'Union européenne et de la Turquie. Une enquête dont les conclusions confirment, selon l'opérateur, le dumping sur les importations provenant de ces deux régions. En cela, les importations de tôle galvanisée et de laminé à froid ont augmenté respectivement de 225% et 238% entre 2011 et 2012. Ce qui a engendré pour l'entreprise «une perte sur cette période évaluée à 500 millions DH».Pourtant, pour le moment, aucune décision n'a été prise par l'Etat pour juguler ce phénomène, malgré l'urgence de la situation. C'est clair, Maghreb Steel traverse visiblement une mauvaise passe. D'ailleurs, le sidérurgiste a été contraint, surtout face à la chute brutale des ventes, notamment en juillet et août, de licencier 350 employés, créant un climat social délétère au sein de l'entreprise. «Si les mesures anti-dumping venaient à tarder, ces licenciements pénibles et douloureux devraient continuer et l'usine connaîtra des périodes d'arrêt plus ou moins longues, voire un arrêt total de l'activité», souligne par ailleurs le sidérurgiste. Manifestement, c'est tout le secteur qui semble pâtir de la concurrence déloyale, comme en témoigne la baisse de 61% de la production industrielle dans la métallurgie en juillet, à cause notamment de l'explosion des importations d'acier. Aujourd'hui, le secteur tourne en sous-régime, avec une production nationale évaluée à 1,5 million de tonnes, alors que la capacité de production des opérateurs est estimée à 2,5 millions de tonnes. Il semble évident que, pour protéger cette industrie et les emplois qu'elle génère, l'Etat doit agir urgemment. Mais les mesures ponctuelles pour apaiser la colère et les craintes des uns et des autres ne suffiront pas à garantir la stabilité et la pérennité du secteur. Il faudra prendre des décisions drastiques et courageuses afin que les partenaires du Maroc ne puissent se servir outrageusement des accords de libre-échange pour torpiller l'industrie nationale.