Il ne reste que quelques jours (jusqu'au 1er janvier) pour filer à Cas'Art Gallery du Sofitel Casablanca Tour Blanche découvrir les nouvelles créations de Hanan Bouanani, une artiste-peintre passionnée et passionnante. On s'y est engouffré à la poursuite de l'amour. Celui qui fait bondir le cœur, rougir ou pâlir, et rend parfois les mains moites. On s'est d'emblée retrouvé face à un cœur géant vibrant et palpitant (boum, boum), entouré de déclarations qui font frissonner… Marguerite Duras : «Et puis il n'avait plus su quoi lui dire. Et puis il le lui avait dit. Il lui avait dit que c'était comme avant, qu'il l'aimait encore, qu'il ne pourrait jamais cesser de l'aimer, qu'il l'aimerait jusqu'à la mort.» Kamel Daoud : «L'amour. Quelle sensation étrange, non ? Ça ressemble à de l'ébriété. On éprouve la perte de l'équilibre et des sens, mais qui s'accompagne d'une acuité étrangement précise et inutile.» Sacrebleu. C'est quoi l'amour ? Et de quel amour parle-t-on ? Nous n'avons qu'un petit mot fourre-tout, quand le grec ancien fut bien plus précis en distinguant le désir, la passion charnelle (éros), l'amour familial (storgê), l'amour désintéressé (agápê), l'amitié, le lien social (philía)… Le monde s'est rétréci d'un coup en 2020, limitant l'horizon et stoppant brutalement notre vie sociale. Nos certitudes ont volé en éclats et il nous a fallu apprendre à vivre au jour le jour, masqués et fuyant le contact de l'autre. Ô combien notre espèce a-t-elle besoin (aujourd'hui et plus que jamais ?!) de se réchauffer les yeux à la lueur de l'amour. Pure coïncidence ou réaction souterraine après une année d'hémorragie sentimentale, Cas'Art Gallery cède ses cimaises à Hanan Bouanani qui place le sentiment amoureux au centre de ses toiles. Beau, engageant… cette exposition que sert l'établissement, intitulée «Quand l'art inspire les arts de vivre». Or, chez Hanan, ce n'est pas des journées d'amour, mais la passion qui est racontée. La totalité de ses œuvres transpire son adoration pour la beauté des femmes, pour leurs yeux de chat – sinon sous forme de poissons -, pour leurs lèvres pulpeuses, pour leurs cheveux souples ou rebelles et leurs courbes – toujours – parfaites… Techniquement, elle manie l'acrylique, l'huile sur toile et l'aquarelle, pour faire chanter le pinceau dans un registre expressionniste rappelant celui allemand et autrichien. Du vécu aux rêves, on découle un art qui ne s'explique pas, mais, qui se ressent. Doux et loufoques. Des mystères s'égrènent, d'autant que ses œuvres «cherchent à préserver un secret, son secret», lit-on dans un communiqué. Peindre, selon Hanan, «est une manière de voir le monde autrement, de le sentir et de comprendre soi. C'est un voyage poétique qui ne se limite pas à des coups de pinceaux». Voilà quelqu'un qui a su capturer «les arts de vivre», qui a su déchiffrer les rouages de l'âme, en combinant une esthétique magnifique et une finesse chromatique incroyable. Une peinture qui donne chaud !
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