Depuis plus de 60 ans, Schneider Electric Maroc accompagne le pays dans son développement en nouant des partenariats solides avec de nombreuses entreprises locales. Malgré une conjoncture morose marquée par une crise mondiale, le groupe arrive à tirer son épingle du jeu grâce à la diversification des marchés finaux dans lesquels il opère. Jean Charles Vanier, Directeur général de Schneider Electric Maroc, estime, qu'à travers sa politique énergétique, le Maroc est un marché prometteur pour le groupe. Finances News Hebdo : Implanté au Maroc depuis 1950, comment Schneider Electric Maroc a-t-il évolué depuis ? Jean Charles Vanier : Nous sommes implantés au Maroc depuis 1950, ce qui fait de Schneider Maroc l'une des toutes premières filiales à l'étranger du groupe Schneider Electric. A l'époque, c'était une filiale de Telemecanique et, ensuite, de Merlin Gerin, les marques historiques sur la base desquelles s'est construit le groupe. Le groupe compte plus de 60 ans d'histoire avec une forte empreinte sur le marché de la gestion d'énergie au Maroc, marquée par la construction de partenariats solides avec de nombreuses entreprises locales! La notoriété de Schneider Electric au Maroc est de ce fait très importante. Aujourd'hui, notre présence, matérialisée à travers deux entités Schneider Maroc (gestion de l'énergie pour le bâtiment, industrie et régies) et Schneider IT Maroc (Data center), nous permet d'avoir un portefeuille parfaitement intégré qui offre toutes les fonctions de la gestion de l'énergie électrique. F. N. H. : Le Maroc a entrepris une stratégie énergétique visant à réduire ses dépenses énergétiques à travers différents plans. Comment cela impacte-t-il votre activité ? J. C. V. : Notre stratégie mondiale est de procurer des offres intégrées pour la gestion de l'énergie, des solutions pour l'efficacité énergétique et pour les énergies renouvelables. Le Maroc est un parfait exemple des marchés que cible Schneider Electric puisqu'il a fait du développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique une priorité stratégique traduite par des plans nationaux comme le Plan d'énergie renouvelable marocain, le Plan d'efficacité énergétique et, par le passé, le Plan d'électrification rurale. Le Royaume a connu une croissance soutenue au cours des dernières années, et qui continuera à l'être, ce qui implique une forte croissance des besoins énergétiques. Ceci l'a poussé à avoir une stratégie de diversification avec, d'une part le développement des énergies renouvelables pour pouvoir, d'ici 2020, produire une grosse partie de sa consommation soit 42%, et d'autre part, un plan d'efficacité énergétique qui permettra de modérer la croissance de ce besoin en énergie. F. N. H. : Vous suivez le développement du Maroc dans la gestion d'énergie. Comment se décline votre stratégie de développement à moyen et long termes ? J. C. V. : Notre stratégie est fondée sur le développement de partenariats. Nous ne sommes pas des fournisseurs de solutions clés en main, mais nous fournissons des architectures que nous remettons entre les mains des partenaires qui ajoutent leur valeur locale pour la construction. Notre positionnement, au Maroc, restera celui de fabriquant et non pas d'installateur ou de fabriquant de solutions clés en main. En revanche, nos offres sont intégrées dans des architectures cohérentes qui permettent de couvrir le besoin complet de la solution. F. N. H. : Vous êtes sur des partenariats aussi bien dans le solaire avec Soitec et Masen, que dans l'éolien. Où en êtes-vous aujourd'hui ? J. C. V. : Dans le cas de l'éolien, nous avons participé comme fournisseur d'équipements et de systèmes d'automatisme sur des réalisations qui sont actuellement en cours d'exécution et qui nous permettent de participer activement à des projets, notamment ceux de Foum El Oued, d'Haouma et d'Akhfenir. Bien évidemment, nous continuerons de répondre aux appels d'offres. Dans le domaine solaire, les choses sont allées beaucoup plus lentement puisque le premier appel d'offres pour la centrale à Ouarzazate n'a été assigné qu'à fin 2012. Un partenariat entre Schneider Electric France et Soitec (société de fabrication des panneaux de concentration solaire) et Masen a été signé visant la construction d'un site pilote de 5 mégawatts à Ouarzazate. L'objectif de ce site est la validation des hypothèses économiques de la technologie des panneaux solaires photovoltaïques à concentration, ainsi que des hypothèses d'intégration industrielle sur ce type de technologie puisque l'une des vocations du Plan solaire marocain est la création d'une filiale locale pour les énergies solaires. F. N. H. : Ressentez-vous une prise de conscience des enjeux de l'efficacité énergétique et des énergies renouvelables de la part des entreprises marocaines ? J. C. V. : Je dirai globalement oui, notamment chez les industriels qui sont des gros consommateurs d'énergie. La rationalisation de l'utilisation de l'énergie est une notion de plus en plus répandue auprès des industriels qui sont plus sensibles à cette réalité économique. Cette prise de conscience devient tout à fait naturelle puisque l'investissement se paye par un retour d'investissement très intéressant. Il manque sûrement une politique volontariste pour arriver à sensibiliser les consommateurs moins importants au niveau des PME et de tout le secteur tertiaire. Si des choses très concrètes ont été mises en place jusqu'à aujourd'hui, il manque cependant des schémas incitateurs à l'échelle nationale pour accélérer l'adhésion de tous. Les bases sont en cours de construction et il faudra les consolider par plus de législation sur le sujet pour activer le processus. F. N. H. : Pour rebondir sur la législation, quel regard portez-vous sur les avancées enregistrées dans ce sens, notamment en matière de développement durable, de protection de l'environnement et d'efficacité énergétique ? J. C. V. : En termes de développement durable, il n'y a pas aujourd'hui de schéma qui fasse la promotion de l'énergie renouvelable auprès des petits consommateurs. Globalement, le système permet de réaliser des grands projets. Par contre ce système ne va pas permettre de pousser les particuliers à faire des investissements pour l'installation des infrastructures adaptées. Il manque donc un outil de libéralisation, de promotion actives et de financement des installations chez les particuliers, ce qui donnerait un réel coup de pouce au processus. F. N. H. : La crise mondiale se fait de plus en plus ressentir au Maroc dans différents secteurs. Avez-vous été impactés? J. C. V. : La crise a affecté plus fortement certains secteurs que d'autres. C'est le cas du secteur du bâtiment qui a connu une baisse du marché de la construction. La vente du ciment, indicateur direct du secteur de la construction, a fortement chuté au deuxième semestre 2012 (-14%) et a continué au mois de janvier 2013 avec 25% de baisse. Heureusement, Schneider est actif sur plusieurs marchés finaux. Outre la construction résidentielle et tertiaire, le groupe opére dans différents secteurs à savoir l'industrie, l'énergie, les mines et les Data center. Ce mixte de marchés a permis de compenser le mauvais moment que nous passons sur le marché de la construction. F. N. H. : Comment s'est-elle soldée l'année écoulée ? J. C. V. : 2012 s'est soldée en ligne avec nos perspectives. Cela dit, elle n'a pas été une année exceptionnelle à cause, principalement, de cette conjoncture amorcée au deuxième semestre. F. N. H. : Pour conclure, comment voyez-vous, vous qui êtes présents partout dans le monde, les avancées que le Maroc a enregistrées en matière de protection de l'environnement et du développement durable ? J. C. V. : Il y a une chose qui est toute à l'honneur du Maroc : le fait d'avoir une vision claire des besoins futurs tracée sur le long terme et basée sur une analyse précise du contexte. Je pense qu'au niveau de la région, et même au-delà, c'est assez exceptionnel d'avoir une politique aussi cohérente comme celle entreprise par le Maroc. Nous sommes assez optimistes, même si parfois, nous souhaiterions que les choses aillent un peu plus vite.