Les groupes étrangers sont de plus en plus nombreux à manifester leur intérêt pour acquérir les participations de Vivendi dans le capital de Maroc Telecom. La part de Maroc Telecom dans le CA du Groupe s'établit à 9,5% en 2011 contre 11,3% en 2007. L'opérateur historique national affiche des niveaux de marge parmi les plus élevés de son secteur, avec près de 40% en 2011. Face à la pression de ses actionnaires, le Groupe Vivendi avait annoncé sa volonté de céder sa participation de 53% dans le capital de Maroc Telecom, dans le cadre de sa nouvelle stratégie de désengagement progressif de ses activités télécoms (SFR, IAM et GVT). L'objectif étant de se recentrer davantage sur les activités de contenus que sont la musique, avec Universal Music Group, la télévision, avec le Groupe Canal+, et les jeux vidéos, à travers Activision Blizzard. Ces filiales afficheraient pour Vivendi des perspectives de développement plus favorables comparativement aux opérateurs télécoms, dont «la forte concurrence et la maturité des marchés locaux a impacté les niveaux de marges», précisent les analystes de BMCE Capital dans une récente note de recherche. Sur le plan financier, Vivendi affiche en 2011 un chiffre d'affaires consolidé de 28.813 M€ contre 21.657 millions en 2007, soit une croissance annuelle moyenne de 7,4%. Sur la période 2007-2011, la contribution des filiales aux revenus du Groupe a fortement évolué, avec notamment la montée en puissance d'Activision Blizzard, portée par la hausse des ventes numériques. En revanche, SFR reste la vache à lait du groupe en contribuant, en 2011, à hauteur de 42,2% de ses revenus consolidés (contre 41,5% en 2007), suivie par le Groupe Canal+ avec 16,8% (contre 20,1% en 2007) et Universal Music Group avec 14,5% (contre 22,4% en 2007). Activision Blizzard a renforcé considérablement son poids dans le CA du Groupe durant la même période, passant de 4,7% à 11,9%, tandis que Maroc Telecom voit sa part reculer, se fixant à 9,5% en 2011 contre 11,3% en 2007. Enfin, la filiale brésilienne a enregistré à fin 2011 une contribution de 5% contre 0,4% l'année de son acquisition en 2007. Au niveau opérationnel, le Groupe français affiche une hausse annuelle moyenne de 5,6% de son EBITA sur la période 2007-2011 pour s'établir à 5.860 M€ en fin de période, avec une progression plus limitée entre 2010 et 2011 (+2,3%). A l'instar des revenus consolidés, la contribution des filiales à l'EBITA a connu une évolution importante sur la période 2007-2011, avec un repli de la part des filiales télécoms SFR et IAM ainsi que d'Universal Music Group, et la hausse de celle d'Activision Blizzard, du Groupe Canal+ et de GVT. Ainsi, SFR demeure le premier contributeur à l'EBITA consolidé avec 38,1% en 2011, mais affiche un repli significatif de plus de 14 points depuis 2007. Maroc Telecom se place à la deuxième position avec 18,2% en 2011 (en diminution de 4,5 points comparativement à l'année 2007), suivie par Activision Blizzard avec 16,9% (en hausse de 13,1 points comparativement à 2007) et le Groupe Canal + avec 11,7%. Pour leur part, les niveaux de marges opérationnelles ressortent en moyenne à 20,3% sur la période 2007-2011, avec une baisse de 2,3 points entre 2007 et 2008, avant de reprendre légèrement en 2011 pour se fixer à 20,3%. Par filiale, SFR voit ses niveaux de marge d'exploitation se réduire significativement entre 2007 et 2011 (passant de 27,9% à 18,7%), impactés par l'accentuation de la concurrence en France. Quant à Maroc Telecom, elle affiche une marge d'exploitation en baisse de 4,7 points à 39,8% en 2011, pénalisée par la concurrence des deux autres opérateurs. En parallèle, les marges opérationnelles d'Universal Music Group évoluent en dents de scie sur la même période, passant de 12,8% en 2007 à 12,1% en 2011. A contrario, celles-ci se hissent notablement de 11,7 points à 29,5% en 2011 pour Activision Blizzard contre une progression de 5,3 points à 14,4% pour le Groupe Canal+. Un endettement en aggravation L'endettement net financier du Groupe s'est alourdit fortement entre 2007 et 2011, passant de 5.186 M€ à 12.027 millions en fin de période (soit un TCAM de 23,4%), dû à l'augmentation des acquisitions. Dans ces conditions, le gearing de Vivendi a augmenté fortement sur la même période, passant de 25% en 2007 à 62% en 2011, mais «reste à un niveau soutenable», jugent les analystes de BMCE Capital. L'aggravation du contexte concurrentiel des différents marchés télécoms où le Groupe Vivendi est présent, laisse comprendre que le timing du désengagement de ce secteur approche. Le retrait devrait permettre au groupe français de se recentrer sur ses activités historiques de divertissement, tout en réduisant son niveau d'endettement. «Cet arbitrage nous semble prématuré eu égard aux différentiels de marge importants toujours à la faveur du secteur des télécoms. C'est le cas particulièrement de Maroc Telecom qui affiche des niveaux de marge parmi les plus élevés de son secteur avec près de 40% en 2011», lit-on dans la note de recherche de BMCE Capital. «Le prix qu'en demande Vivendi (5,5 Mds d'€ soit 132 DH par action) est dans le haut de la fourchette des valorisations, reflétant un certain attachement du Groupe français à l'opérateur, cherchant par là même à maximiser la transaction», ajoutent-ils. Les prétendants annoncés sont, à cet effet, nombreux : France Telecom, Etissalat, Qtel, STC, MTN, KT et STC.