Est-il possible que le Groupe Vivendi se sépare de Maroc Télécom, son réservoir de croissance ? Dans l'absolu, rien n'est moins sûr. Ce scénario, le top management du groupe français l'avait évoqué, il y a plus de quatre ans déjà. Aujourd'hui plus qu'hier, parce qu'il est moins valorisé en bourse, pénalisé par la faible croissance de son pôle télécoms, Vivendi réfléchit à un plan de restructuration. Il faut dire qu'en ces temps difficiles et de forte volatilité des marchés, plus rien n'est tabou chez les dirigeants des grandes entreprises. La semaine qui vient de s'écouler a apporté son lot de surprises : départ de Jean Bernard Levy de la tête de Vivendi, en raison de son désaccord avec le président du conseil de surveillance du groupe Jean René Fourtou, sur les scénarios préconisés de recomposition stratégique du groupe, après l'entrée en force de Vincent Bolloré dans le capital, industriel et homme d'affaires qui semblé avoir une préférence pour les médias, mais aussi départ imprévu de Michel Combes PDG de SFR et son remplacement par Stéphane Roussel, DRH de Vivendi. SFR, fortement impacté par l'offre Free, a vu se succéder quatre PDG en moins de 3 mois. Actif autant dans les télécoms avec SFR, Maroc Télécom et GVT que dans les médias avec Canal +, Universal Music et Activision Blizzard, Vivendi semble évoluer dans son plan. Chez nous, personne n'est en mesure de se prononcer sur le sort qui est réservé à l'opérateur historique. Filiale à 100% de Vivendi, SFR est 2ème sur le marché français des télécoms avec 21,5 millions de clients mobiles et cinq millions de clients Internet fin 2011. Le groupe, qui a réalisé 12,18 milliards d'euros de CA et un résultat opérationnel ajusté de 2,28 milliards, est valorisé 18,7 milliards d'euros par le cabinet d'analyse indépendant Alphavalue. Maroc Télécom, n°1 de la téléphonie au Maroc, a réalisé, fin 2011, un chiffre d'affaires de 30,8 milliards DH et un résultat opérationnel consolidé de près de 12,4 milliards DH. Le Groupe, qui affichait un TCAM à deux chiffres, a été légèrement impacté par la percée du Groupe Wana, le 3ème opérateur, qui enregistre pour la première fois une baisse sensible de son RNPG , passant de 9,5 milliards DH en 2010 à tout juste 8,1 milliards DH en 2011, soit une baisse de 14,8%. Cela dit, les deux filiales assurent au groupe des rentrées substantielles, tant en termes de chiffres d'affaires qu'en termes de contribution aux résultats. Cela dit, on entonnait en chœur que les sorts de Canal +, champion français de l'audiovisuel, et de Maroc Télécom, champion marocain des télécoms, préoccupent les gouvernements français et marocain. Ils seront attentifs à ce qu'une solution nationale soit trouvée pour Canal + et Maroc Télécom. Il faut dire qu'au Maroc, à l'inverse de ce que rapporte la presse française, on a tressailli à l'annonce. Nombre d'analystes saluent cette opportunité –au cas où elle se réalise- pour le Maroc de remettre la main sur ce joyau du pays. On dit que le gouvernement a intérêt à y réfléchir par deux fois pour ne pas rater cette opportunité historique. Les 57% que détient Vivendi dans Maroc Télécom sont valorisés aux alentours de 4 milliards d'euros. Valorisation qui reste sujette à nouveau calcul, puisque le Maroc a ce droit de préemption et c'est au gouvernement de trouver l'argent pour boucler au plus vite cette opération, car l'on sait que les Emiratis mettent la pression sur Vivendi depuis plusieurs mois déjà. Au fond, ce scénario n'est pas, pour l'heure, envisagé. Le démembrement de Vivendi ne risque pas de se traduire par des remontées positives pour la holding, puisque la dette qui pesait sur ses comptes est bien dedans ; font remarquer les analystes. A l'inverse, en se séparant de Maroc Télécom et de SFR, Vivendi risque de perdre de la valeur. Ce dossier mérite d'être suivi.