A l'inverse des entreprises traditionnelles, les «data-driven organizations» atteignent très rapidement l'excellence opérationnelle. L'utilisation optimale de la data permet de maximiser le retour sur investissement.
Par Yousef Seddik
Le businessmodel classique des banques est résolument en phase de bouleversement : marges réduites, nouveaux entrants, pression réglementaire, fermetures d'agences, etc. La percée obligatoire vers la Data chamboule les modèles économiques existants. A l'heure actuelle, les entreprises tournées vers l'avenir sont de plus en plus pilotées par la donnée. Ce qu'on appelle des «data-driven organizations». Concrètement, il s'agit d'entreprises qui s'appuient sur l'analyse des données pour prendre des décisions et orienter leurs stratégies. Les banques sont évidemment en pointe sur ces questions. «Une partie importante de notre travail autour de la donnée est orientée autour du data-driven. C'est-à-dire comment créer un état d'esprit enthousiaste et constructif qui considère la data comme un réel actif stratégique et non plus comme un sous-produit de l'activité informatique. Le Big Data et le Machine Learning ne sont que des outils parmi d'autres pour concrétiser ce mindset et transformer cette donnée en actif», nous confie Issam El Alaoui, responsable Big Data chez CIH Bank.
Une approche «Costumer centric» Les «Data scientists» font aujourd'hui le pari que mieux connaître le client - grâce à l'exploitation des données - entraînera indubitablement une progression de sa satisfaction. La légitimité de ces acteurs à participer à la création d'un service financier sur-mesure n'en sera que plus forte. «Nous essayons d'orienter l'utilisation de ces technologies principalement pour promouvoir une meilleure connaissance client au sein de notre organisation. La notion de connaissance du client englobe la capacité à anticiper ses besoins, comprendre ses frustrations et ajuster nos produits en fonction de son comportement», explique notre expert. Avec la Data, les banques peuvent établir de nouvelles combinaisons de ventes à appliquer sur leurs clients. Par exemple, maximiser l'up-sell d'une carte bancaire (passer de la Gold à la Platinium), ou le Cross-sell d'un contrat d'assurance (automobile et maison)… Schématiquement, c'est utiliser de façon optimale des moyens marketing pour maximiser le R.O.I.
D'autres débouchés métiers Au sein des banques, les commerciaux, les traders, les gestionnaires de risques, s'intéressent aux nouvelles approches de la Data Science pour performer. Ils comptent dans leurs équipes des data scientists, ou font appel au Datalab, pour développer des algorithmes adaptés aux différentes thématiques qu'ils traitent. «Les débouchés métiers sont nombreux et vont même jusqu'au risque et à la gestion du contentieux. Il s'agit donc d'instaurer une forme d'hygiène de la donnée qui doit accompagner tout projet dans notre banque. Tout mesurer, recueillir un maximum de feedback, modéliser en segmentant et piloter par la data visualisation. En un mot, appuyer toute décision par un insight lucide et objectif». Et de résumer : «Converger vers la data-driven organization est aujourd'hui un challenge transverse difficile et passionnant qui promet un retour sur investissement important». L'on comprend donc qu'établir une culture data-driven n'est pas seulement une histoire de spécialistes, mais aussi une affaire de toutes les équipes. L'objectif final serait que chaque département peut être «Data-driven» selon ses objectifs, pour s'inscrire, par la suite, dans la logique évolutive de la banque.
Expérimentations autour de la blockchain «Nous avons également entrepris un certain nombre d'expérimentations autour de la blockchain avec la conviction qu'il est possible d'accélérer et de fluidifier les échanges de données entre entreprises, sans perdre en cohérence et en sécurité. C'est l'un des aspects les plus méconnus de la blockchain privée : sa capacité à porter des transactions arbitraires bien au-delà des Cryptocurrency qui font beaucoup parler d'elles. Ce type de technologie résout des problématiques techniques le plus souvent lointaines de nos clients mais c'est une première étape pour s'approprier la blockchain, en attendant de voir émerger des blockchains publiques marocaines auxquelles aura accès le citoyen», ajoute El Alaoui. ◆
Bientôt une blockchain publique ? Un projet dans ce sens est initié par le Soft Centre, la cellule d'innovation et de R&D logicielle de l'Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT). L'objectif à terme du projet est la mise en place, dans le cadre d'une démarche d'Open Innovation, d'une infrastructure de blockchain ouverte (nationale) qui faciliterait la création et le déploiement des services fintech et des Smart Contracts pour les particuliers et les start-up, sans avoir à se soucier de l'infrastructure ou des prérequis techniques nécessaires, nous informait Jamal Benhamou, directeur du Soft Centre.