Ubérisation, identité-client, Big data, open data... autant de concepts et de technologies qui bouleversent les modèles classiques des acteurs du secteur financier. Ces évolutions sont bien une opportunité pour la place casablancaise comme l'ont rappelé plusieurs intervenants aux deux panels. Résumé, non exhaustif, des questions brûlantes abordées. Les débats de ce deuxième meeting de l'information financière se sont articulés autour de deux panels. Le premier, modéré par Bachir Baddou, DG de la Fédération marocaine des sociétés d'assurances et de réassurance (FMSAR), a été consacré à «la dématérialisation, levier de croissance pour le marché financier». Dans le second panel, modéré par Fatima Ouriaghli, directeur de publication de Finances News Hebdo, il s'agissait pour les différents intervenants de répondre à la question : «Quelle stratégie digitale pour l'attractivité du hub financier régional» ? L'omniclient est roi D'emblée, Kenza Berrada, du cabinet B-Part, a planté le décor pour prendre la mesure de la révolution digitale en cours : «aujourd'hui, l'humanité crée en deux jours autant d'informations qu'elle créait en 2 millions d'années avant le digital !». L'enjeu aujourd'hui pour les entreprises est de bien utiliser cette Data pour mieux connaître ses clients. Ces derniers veulent d'ailleurs de plus en plus une relation simplifiée, décomplexée et multicanal avec les instituts financiers que permet l'utilisation correcte de la Data. Les entreprises qui opèrent dans la sphère financière ont donc tout intérêt à opérer le virage digital pour s'adapter à ce que K. Berrada appelle «l'omniclient» : un client qui est dans l'exigence, qui en veut plus, tout de suite et à moindre coût. Chose que les fintechs ont parfaitement intégré dans leur businessmodel. Pour Andréa Rus, directeur Europe du Sud chez Gigya (Sillicon Valley), l'identité client est aujourd'hui le levier de croissance qui se trouve au cœur de toute stratégie digitale. Les entreprises plus classiques devront suivre le mouvement. Mais, prévient K. Berrada, «plus qu'un virage technologique, il s'agit d'un changement de paradigme et de culture dans le cadre d'un véritable projet d'entreprise». La digitalisation de la confiance Aujourd'hui, résume Ahmed Rahhou, PDG de CIH Bank, la relation entre les prestataires de services financiers et leurs clients est en train de muter vers une intimité plus grande. Cette intimité fait que la relation de confiance va s'accentuer, et que dans cette relation, l'élément humain préservera une place importante. Ce qui fait dire au patron du CIH qu'il ne croit pas en la banque 100% digitale, ni en la banque 100% classique, mais plutôt à une fusion des deux, c'est-à-dire la «banque bionique». D'ailleurs, à travers le monde, on constate un rapprochement entre ces deux modèles, que ce soit dans le secteur bancaire ou dans les autres services financiers. Les agences bancaires vont-elles, à terme, disparaître comme le prédisent certains spécialistes ? Non, juge Rahhou, le réseau bancaire au Maroc est encore susceptible de se densifier. Ce qui est sûr en revanche, c'est que la confiance, et ce pour la première dans l'histoire, est en train de se digitaliser. Autrefois, la fonction «confiance» était assurée par un intermédiaire situé entre deux acteurs qui ne se connaissaient pas. Aujourd'hui, la révolution annoncée de la blockchain permet d'établir la confiance entre deux tiers qui ne se connaissent pas, uniquement par le biais de la technologie. Mais, tempère Rahhou, au Maroc, on va continuer à agir avec une confiance matérialisée par des institutions comme le dépositaire central, la Banque centrale ou encore la Bourse. Plus vite, plus transparent, plus sûr Les dépositaires centraux justement sont en première ligne en matière de dématérialisation et de digitalisation. Comme l'explique Bernard Ferran, DG d'Euroclear, les opportunités offertes par la dématérialisation et la digitalisation aux dépositaires sont nombreuses. Il cite notamment la mise à disposition d'un plus grand pool de liquidité, la réduction des coûts et des risques, une plus grande rapidité des paiements, l'automatisation du prêt et emprunt de titres ainsi qu'une meilleure gestion du collatéral. Mohamed Slaoui, directeur des opérations de Maroclear, en convient, ajoutant aux avantages de la dématérialisation cités plus haut celui de la protection de l'environnement. Au-delà du dépositaire, des banques, des assurances, etc., ce sont tous les acteurs de la place casablancaise, AMMC et Bourse en tête, qui doivent unir leurs efforts pour mener à bien les chantiers de la dématérialisation et de la digitalisation. Pour Mohamed Saad, directeur des systèmes d'information à la Bourse de Casablanca, les acteurs de la place financière doivent unir leurs efforts pour explorer ce que le Big Data et l'open data peuvent créer comme opportunités. «Imaginez la market data de la Bourse se libérer pour que les universités, les chercheurs, les start-up, etc. puissent créer des opportunités autour de ces données. C'est tout simplement énorme», s'enthousiasme-t-il. A. Elkadiri Assurance : Le e-constat arrive Bachir Baddou, DG de la FMSAR, a annoncé que la Fédération travaille actuellement sur plusieurs chantiers digitaux, notamment sur le plan réglementaire. En effet, dans le cadre de la digitalisation, le secteur des assurances au Maroc souffre encore de freins réglementaires, comme notamment l'obligation pour le client de signer physiquement son contrat d'assurance (signature électronique). De même, la FMSAR a signé une convention avec la Fédération des assureurs français pour la mise en place du e-constat au Maroc. Aujourd'hui, 71% des consommateurs européens effectuent une recherche numérique pour acheter de l'assurance et un consommateur sur trois achète son assurance en ligne.