Les compagnies d'assurance souhaitent investir dans le non coté à condition que le cadre réglementaire ne soit pas contraignant. En matière de méthodes d'évaluation d'actifs non cotés, la DAPS a donné son aval pour que d'autres méthodes, autres que la valeur mathématique et celle de l'actif net réévalué, puissent être retenues. Bachir Baddou, Directeur général de la FMSAR, nous éclaire sur les enjeux de la réglementation dans le secteur des assurances. - Finances News Hebdo : Vous avez annoncé un montant de 120 Mds d'investissement du secteur des assurances à fin 2011. Quelle est la part du volume d'investissements en actions cotées ? - Bachir Baddou : C'est très difficile de vous donner un montant, mais tout ce que je peux vous dire c'est qu'aujourd'hui plus de 60% des actifs des sociétés d'assurance sont cotés en actions. Tout à l'heure, on parlait de la convergence vers les normes européennes de solvabilité (Solvency II); il faut savoir que les normes, telles qu'elles sont mises en place en Europe, font en sorte que les assureurs fuient les marchés boursiers. Aujourd'hui, si au Maroc nous sommes pratiquement sur 60% de nos actifs en Bourse, en France, par exemple, les assureurs ne sont qu'à 6 ou 7%. Parce que pour eux, plus on va sur le marché actions, plus les contraintes de Solvency II exigent des fonds propres plus importants. Et donc cela devient très rédhibitoire pour les compagnies d'aller sur le marché actions. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'on demande à l'Administration qu'en matière de règles prudentielles, il faut y aller à la sauce marocaine. - F. N. H. : On parle maintenant d'une migration vers les best practices ou les meilleurs pratiques internationales. Pourquoi cette nouvelle tendance ? - B. B. : En effet, même les Solvency II sont des best practices. Aujourd'hui, il y a l'Association Internationale des Contrôleurs en Assurances (AICA) qui donne des recommandations. Donc, nous pouvons les prendre en considération sur un certain nombre de principes, mais après vous savez à quel niveau vous devez placer le curseur. En fonction de ce niveau, vous allez influencer le comportement des assureurs. Nous sommes dans un pays qui a besoin de se développer encore, qui a des investissements à faire, que ce soit dans le monde du tourisme ou dans les métiers mondiaux. Et donc, pour pouvoir accompagner tous les projets inhérents à l'émergence industrielle, il faut investir dans le non coté. Si le cadre réglementaire m'exige des fonds propres très forts dès lors que je souhaite investir dans cette classe d'actifs, il est clair que je ne vais pas y aller. Si nous souhaitons garder cette possibilité que les assureurs soient des acteurs majeurs dans l'investissement dans le tissu économique, il faut faire attention aux normes que l'on va mettre en place. - F. N. H. : Vous avez parlé, en matière de déploiement du contrat-programme, de nouvelles méthodes d'évaluation des actions non cotées. Est-ce que vous pouvez nous renseigner davantage sur ces méthodes que vous avez retenues en collaboration avec la DAPS ? - B. B. : Vous avez une méthode, à savoir la valeur mathématique qui, quand vous investissez dans une entreprise, ce qui est normal et logique, dégage des pertes les premières années, exige de commencer à les provisionner. Ce qui n'est guère convenable pour notre secteur en tant qu'investisseur à long terme. Nous avons fait une révolution avec la Direction des assurances consistant à mettre en place une nouvelle méthode que l'on appelle la méthode de l'actif net réévalué (ANR) qui permet de réévaluer un certain nombre d'éléments au niveau de l'actif de cette société de sorte à équilibrer un peu et d'avoir une valeur plus juste et plus pertinente. Malgré cela, nous avons estimé que la méthode de l'ANR ne couvrait pas l'ensemble des sociétés du fait de leur particularité. La nouvelle évolution est que l'administration admet, sur autorisation bien entendu, d'autres méthodes lorsqu'elles sont pertinentes et justifiables. - F.N.H. : Vu la cadence d'avancement du contrat-programme, pensez-vous que les objectifs chiffrés escomptés sont réalisables ? - B. B. : En ce qui concerne les objectifs chiffrés, je pense que nous aurons du retard. Le doublement du chiffre d'affaires à l'horizon 2015 est difficile, parce que l'ensemble des obligations qui sont dans le CP viendra, mais peut-être à fin 2013. Celles sur lesquelles nous avons avancé sont la tous-risques chantier et la RCD et nous avons espoir que l'obligation de leur couverture sortira cette année. Si on prend, par exemple, la responsabilité civile habitation, nous sommes encore loin. Donc, plus on s'éloignera de la réalisation de ces objectifs, plus on prendra du retard. Ceci dit, nous avons cependant réalisé un taux de croissance de 9,2% en 2011, ce qui est très important, comparé à d'autres secteurs d'activité et à la croissance économique. Je reste optimiste quant à l'accélération du développement du secteur afin qu'il puisse jouer le rôle qui lui est dévolu dans le financement de l'économie. - F. N. H. : L'Union Générale des Assureurs Arabes tiendra sa rencontre prochainement à Marrakech. Est-ce que vous avez une idée sur le contenu de la rencontre ? - B. B. : Il faut savoir que l'Union Générale des Assureurs Arabes est la Fédération Arabie des Sociétés d'Assurance et de Réassurance, basée en Egypte et à laquelle nous adhérons. Tous les deux ans, elle organise la grand-messe de l'assurance en Arabie. Il y a deux ans, elle a été organisée en Jordanie. Maintenant, nous avons l'honneur de l'accueillir au Maroc, et ce pour la deuxième fois. Jusqu'à présent, nous avons 1.700 inscrits et si nous regardons les éditions précédentes, on peut dire que c'est un très bon score. Ce n'est pas le contenu scientifique qui est recherché dans ce type d'évènements, c'est surtout faire rencontrer les opérateurs, créer un espace de dialogue et d'échange entre assureurs et réassureurs arabes. Dossier réalisé par S. Es-siari & M. Bensaoud (stagiaire)