Rahma Bourqia, sociologue et président de l'Université Hassan II de Mohammedia. Je crois que la situation de la femme a évolué sensiblement dans notre pays. La rupture la plus importante qui a été réalisée est celle du passage d'un ordre patriarcal, qui considérait la femme comme un être inférieur, à un ordre qui garantit aux femmes leur dignité et leurs droits et les protège contre l'injustice en matière de divorce. Ce passage s'est concrétisé par la réforme du Code de la famille (la moudawana), suivie de celle de la loi sur la nationalité par la mère. Ces réformes ont été le produit d'une rencontre entre les revendications du mouvement des femmes et la volonté de Sa Majesté Mohammed VI. Il est évident que les réformes au niveau de la loi sont la base des changements vers l'égalité et la dignité. On constate aussi que les femmes ont conquis l'espace public à travers le travail, l'éducation, la participation dans l'économie et l'investissement dans la société civile. Néanmoins, il subsiste encore des contraintes culturelles, idéologiques et politiques pour une émancipation accomplie des femmes. L'essor du pays est tributaire de la mobilisation et de la contribution de tous les citoyens. Les femmes constituent la moitié des citoyens marocains. Comment pourrait-on accélérer le rythme du développement et le processus démocratique sans les femmes ? Aujourd'hui, les femmes y contribuent, mais on ne peut dire qu'elles contribuent «pleinement ». Il y a encore du chemin à faire !