La page difficile de l'assainissement semble définitivement tournée. Des résultats semestriels en forte hausse, essentiellement tributaire de l'activité courante de la banque. Le projet de banque universelle en «grande marche». Pratiquement deux ans après la mise en place de son plan de développement, le CIH sort la tête de l'eau, comme en attestent les résultats au titre du premier semestre 2011. Des résultats présentés mardi dernier par un Ahmed Rahhou serein, accompagné de son staff, et visiblement satisfait du travail accompli à la tête de cet établissement bancaire depuis qu'il en a pris les rênes. Satisfait surtout parce que le CIH vient enfin de boucler son gigantesque chantier d'assainissement. «Si 2010 a été consacré à l'assainissement, l'exercice 2011 s'est inscrit dans une logique de fin d'assainissement et d'immunisation contre le risque», souligne le président du CIH, tout en précisant qu'il reste encore «quelques chantiers d'assainissement résiduels qui vont être probablement dénoués d'ici la fin de l'année, mais qui n'ont pour autant aucun impact sur le compte de résultat». Ce qui n'empêche pas de «continuer à rester vigilant». En clair, les performances enregistrées par le CIH à la fin de ce premier semestre résultent de l'activité courante de la banque. Ce qui, selon Rahhou, «n'était pas arrivé depuis très longtemps» à cet établissement bancaire qui poursuit résolument sa mue vers une banque universelle. «Aujourd'hui, nous proposons une offre de produits et services riche et diversifiée, au même titre que les autres banques de la place, tout en poursuivant une politique de maîtrise des risques rigoureuse», confie Rahhou. En effet, le CIH a adopté une stratégie commerciale agressive, au demeurant confirmée par la multiplication de l'offre. C'est sous cet angle qu'il faut apprécier la mise en place des packs destinés aux particuliers (Ntilak Diali, Mtiaz Diali, Raha Diali), mais aussi des packs destinés aux fonctionnaires (Mowadaf) et à la clientèle des MRE (Diyafa). La mise en place du plan d'épargne logement (PEL Iskane), le lancement de la carte de paiement pour le e-commerce, le nouveau site web…, de même que l'enrichissement de l'offre de la banque de l'entreprise avec les solutions SPOT et change à terme logent à la même enseigne. Parallèlement, la banque a poursuivi ses projets de développement, avec notamment l'acquisition de 34% de Maroc Leasing, l'ouverture de 9 nouvelles agences et l'ouverture d'un bureau de représentation à Marseille destiné aux MRE. Démarche qui a été soutenue par l'amélioration de la qualité de service, à travers, entre autres, la mise à niveau du système d'information. Résultats en forte hausse Toutes ces initiatives ont eu impact positif sur les performances réalisées par le CIH à fin juin 2011. Ainsi, par rapport au premier semestre 2010, les dépôts à vue ont augmenté de 5,3% à 12,2 Mds de DH, avec à la clé une bonne performance sur le segment des particuliers (collecte nette de 800 MDH) et un gain de 7 points de base de part de marché. Les ressources à terme suivent la même tendance, gagnant 3 pbs de part de marché pour s'établir à 8,95 Mds de DH, soit une appréciation de 14,6%. Parallèlement, la structure des ressources clientèle s'est nettement améliorée, les ressources à vue non rémunérées en représentant 60% contre 49% à fin juin 2010. En cela, souligne Ahmed Rahhou, «le CIH se refinance certes moins cher que l'année dernière, mais l'effort de collecte doit être encore plus important». Pour sa part, la production de crédits a évolué de 8,8% à 2,74 Mds de DH, au moment où les encours sains CIH gagnent 8,2% à 23,3 Mds de DH. Quant aux crédits entreprises, ils augmentent de 12,2%, avec une baisse de la part des encours à l'immobilier de 0,7%. Ainsi, en social, le PNB ressort à 670 MDH, en hausse de 8,5%, porté essentiellement par la marge nette d'intérêt qui en représente 79%, alors que le résultat des opérations de marché n'en constitue que 1%. «Les opérations de marché présentent un potentiel de développement intéressant pour nous. Avec l'expertise en la matière de nos deux actionnaires de référence (CDG et BPCE), nous allons progressivement investir ce créneau pour gagner des parts de marché», confie Rahhou. Le résultat brut d'exploitation ressort, pour sa part, à 300 MDH, en progression de 47%, en rapport avec la hausse du PNB et l'évolution maîtrisée des charges générales d'exploitation à 3,6%. Le résultat net gagne ainsi 56,3% à 182,2 MDH, pour un coefficient d'exploitation qui passe de juin 2010 à juin 2011 de 60,7 à 58%, un coût du risque qui gagne 0,37 point à 0,37% et un taux de créances en souffrance qui baisse de 10 points à 13,5%. Les indicateurs de rentabilité sont également en amélioration : le ROE s'apprécie de 4,87 points à 13,61%, tandis que la marge nette gagne 8,3 points à 27,2%. En ce qui concerne les résultats consolidés (selon les normes IFRS), il faut d'abord préciser que le périmètre de consolidation du CIH a fortement changé, avec notamment la sortie du périmètre des établissements hôteliers (Lido, Wafa Hôtel, Paradise, Iter Erfoud, Sitzag Zagoura, Tichka Ouarzazate) et la rentrée de CIH Courtage et Maroc Leasing. De ce fait, le produit net bancaire enregistre une baisse mécanique de 5,2% à 683,6 MDH, du fait notamment de l'impact de la déconsolidation des actifs hôteliers dont le chiffre d'affaires intégrait le périmètre à fin juin 2010. Le résultat d'exploitation enregistre une croissance exponentielle de 1.013% à 242,5 MDH, en raison notamment de la baisse significative de la charge de risque qui était alourdie par le dossier fiscal. Quant au RNPG, il ressort à 166,7 MDH, soit un bond de 583%, avec une contribution des filiales à hauteur de 18,4 MDH. Le coefficient d'exploitation s'améliore de 2 points à 56,1%, la marge d'exploitation (35,5%) gagne 32,5 points, tandis que la marge nette progresse de 21 points à 24,4%. Perspectives Le CIH compte poursuivre son ambitieuse stratégie de développement, avec l'objectif d'être une banque universelle de référence. Cela, en poursuivant son effort de collecte des ressources et l'équipement des ménages, à travers notamment «la fidélisation des clients face à la multibancarisation». Il s'agira aussi de continuer à diversifier les risques, d'enrichir l'offre Entreprise et de poursuivre l'extension du réseau, avec un objectif affiché de 30 nouveaux points de vente d'ici la fin de l'année. Des initiatives qui seront complétées par la «finalisation de la première phase du plan informatique, avec le déploiement du nouveau noyau comptable, de la nouvelle usine de traitement de crédit et du système de décision». En gros, conclut Rahhou, «le second semestre devrait s'inscrire dans la tendance du premier et être en ligne avec les objectifs du plan moyen terme 2010 – 2014».