* Les agents de la Cellule de Renseignements Financiers, qui sera créée en vertu de la loi 43-05 relative à la lutte contre le blanchiment dargent, devraient être actuellement en formation dans le cadre dun accord avec Tracfin. * Bien quaucune date de création de cette unité ne soit à ce jour connue, la volonté politique est là pour barrer la route à largent sale. * Pour Hassan Dabchy, expert international en lutte antifraude, consultant en Audit Interne et Système de Contrôle de HD Consulting, le succès de cette loi passe par une sensibilisation aux dangers du blanchiment dargent, mais également par la dotation de lunité de moyens qualitatifs et quantitatifs adéquats. Bien que la loi 43-05 sur le blanchiment dargent soit adoptée depuis un certain temps déjà, rien ne filtre encore sur la Cellule de Renseignements Financiers qui na toujours pas été créée quoique certaines rumeurs font état dun éventuel démarrage de la formation de ses agents. En effet, le Maroc, dans le cadre de lAccord dAssociation dans le domaine de la prévention de lutilisation du système financier aux fins de blanchiment de capitaux, de la lutte contre les abus dans les transactions financières et le financement du terrorisme, va bénéficier dune formation dagents qui seront la plaque tournante de la mise en uvre de cette loi 43-05. Nos agents devraient être actuellement en formation. Ce qui est certain, cest que le Maroc a signé un accord avec Tracfin, la cellule française de renseignements financiers, pour lassistance à la mise en place de la CRF marocaine et la formation de ses futurs cadres. La formation comporte des séminaires, mais également des visites et des stages dans les autres CRF de lUnion européenne. Et cest un immense chantier si lon se réfère à ce qui se fait à lextérieur, notamment en matière de formation dagents de contrôles aux techniques et technologies les plus pointues. «Il faut que cette unité regroupe des gens formés aux techniques bancaires et financières marocaines, mais il doivent également maîtriser les rouages du marché international des capitaux, et notamment les techniques de transfert de capitaux sur le marché international, les techniques dinvestigation des infractions financières et les techniques de prévention et de traitement de la fraude. Les ressources humaines joueront un rôle capital dans le travail de la cellule, surtout concernant laspect de la coopération à lInternational», explique Hassan Dabchy, expert international en lutte anti fraude, consultant en Audit Interne et Système de Contrôle de HD Consulting. Cette cellule devra recueillir et analyser toutes les informations relatives au blanchiment quelle recevra des 38 agents assujettis à la déclaration, notamment les banques, les courtiers en valeurs, les assureurs, les casinos, les juristes, les comptables et autres. Après traitement des déclarations, la CRF devra déférer les cas avérés de blanchiment dargent devant la Justice. Elle sera également appelée à échanger les informations avec les organisations internationales, telles que lOCDE-GAFI et le Conseil de l'Europe, ainsi qu'avec les services correspondants des États membres de l'UE. Une fois mise en place, la cellule permettra la mise en uvre de la loi 43-05 qui met le Maroc au diapason avec les recommandations du Groupe dAction Financière sur le blanchiment de capitaux qui regroupe actuellement 31 pays, dont un seul dAfrique, lAfrique du Sud. Bien que depuis ladoption de la loi 43-05, beaucoup aient évoqué un retard de la part du Maroc dans la lutte anti-blanchiment dargent, Hassan Dabchy est dun autre avis. Il explique : «Il nest pas trop tard. Il faut relativiser puisquen Europe la lutte contre la criminalité économique a démarré dans les années 90, notamment avec la création du Groupe dAction Financière sur le blanchiment de capitaux, GAFI, au sommet du G-7 à Paris en 1989. Cette lutte a été enclenchée après les crises financières qua essuyées lEurope». La coopération de mise La CRF du Maroc nest quun maillon dans la lutte contre largent dorigine criminelle. En effet, le ton est donné à la coopération des agents assujettis à la déclaration. Cela pose le problème des moyens de déceler un blanchiment dargent. «Il y a un travail didactique et de sensibilisation à faire. Certes, certaines banques marocaines ont mis en place des cellules anti-blanchiment dotées doutils logistiques et informatiques pour filtrer les analyses comportementales des transactions, mais il faut également sensibiliser le grand public au danger de largent blanchi qui na aucune base économique et qui, de ce fait, fragilise une économie», poursuit Hassan Dabchy. Si dans une étude du FMI, le blanchiment représente en moyenne de 1 à 5 % du PIB mondial, cette moyenne doit être revue à la hausse au Maroc, à en croire certaines notes de quelques Ambassades étrangères aux investisseurs de leurs pays. Ce qui confirme ladage qui dit : «Largent sale chasse largent propre». Largent blanchi peut également prendre en otage une économie, le secteur financier et même le secteur politique, doù la volonté du Maroc de lutter contre la criminalité financière. «Largent blanchi est une bulle qui peut éclater à tout moment et fragiliser léquilibre économique dun pays ; il représente de surcroît une concurrence déloyale pour les entrepreneurs corrects», estime Hassan Dabchy qui assure que la volonté politique est là pour contrecarrer ce phénomène. La sensibilisation et le contrôle doivent également se faire au niveau des secteurs non productifs qui captent largent blanchi, notamment limmobilier, le commerce dobjets dart et les bijoux, lagriculture, doù limportance de limplication des notaires, avocats. La lutte contre le blanchiment est de surcroît entravée par un taux de bancarisation encore très faible au Maroc, doù un cash important qui ne passe par aucun des circuits traditionnels. Si la loi présente un intérêt économique et financier, elle a également un aspect dordre sécuritaire. Depuis les évènements du 11 septembre 2001, le GAFI a réexaminé ses 40 recommandations pour y ajouter un autre élément, la lutte contre le financement du terrorisme. En effet, le Maroc a été pris pour cible par des actions terroristes, certes à petite échelle, mais il nen demeure pas moins que largent dorigine criminelle a fait des ravages ailleurs et il est primordial pour le Maroc de lui barrer la route.