Sonasid, Taslif, Med Paper… Ces sociétés cotées ont en commun le fait d'avoir lancé un profit warning. Maroc Leasing a, elle aussi, revu à la baisse ses prévisions de résultats au titre de l'exercice 2010 : un profit warning déguisé, en quelque sorte. Faut-il voir, en ces démarches, une volonté réelle de transparence ou une simple obligation de se conformer aux dernières injonctions du CDVM ? Lequel avait, rappelons-le, attiré l'attention des émetteurs sur «l'obligation de procéder à la publication, sans délai et au moment où ils ont pris connaissance de l'information, d'un avertissement sur les résultats en cas de rupture par rapport à l'historique des réalisations ou d'écart significatif par rapport aux prévisions annoncées». Au regard des pratiques qui prévalaient jusqu'alors, il semble difficile de croire que les sociétés ont subitement pris conscience qu'il fallait communiquer autrement avec les investisseurs, c'est-à-dire de manière transparente, sans rétention volontaire d'informations importantes. L'injonction du gendarme du marché y est donc forcément pour quelque chose. Il faut dire que le terme profit warning était, il y a peu, quasiment absent du marché boursier, pour ne pas dire inexistant. L'une des premières, sinon la première société cotée qui a osé lancer un profit warning sur ses résultats annuels 2008 a été Managem. La minière, impactée par la baisse du taux de change moyen Dollar/Dirham, la dégradation des cours des métaux de base (cuivre, zinc et plomb) et la chute importante du cours du cobalt au second semestre, avait alors choisi d'être sanctionnée sur le cours au lieu d'une méfiance durable des investisseurs. Elle gagnait alors en crédibilité ce qu'elle perdait en capitalisation. Ce que ne voulait visiblement pas la Samir qui, malgré un résultat net consolidé prévisionnel de 526 MDH, pour un résultat net finalement déficitaire de 1,2 Md de DH, s'était abstenue d'alerter le marché. La sanction est tombée huit mois plus tard : un avertissement. En octobre dernier, pour le même motif, le CDVM infligeait également à la Sonasid un avertissement et 67.000 DH d'amende. Aujourd'hui, il semble bien que le profit warning soit définitivement intégré dans le jargon de la communication financière au Maroc. Grâce au CDVM, lequel, visiblement, assoit chaque jour davantage son… autorité. Alors, au vu de la cadence actuelle, faudrait-il encore s'attendre à d'autres profit warning d'ici fin mars, date limite à laquelle l'ensemble des sociétés est tenu de rendre publics ses résultats au titre de 2010 ? Peut-être bien. Et les regards sont d'ores et déjà tournés vers les entreprises dont l'activité est étroitement liée à l'évolution des cours de matières premières à l'international. Des cours qui ont explosé en 2010 (et qui continuent d'augmenter) et dont l'impact sur les résultats des sociétés concernées ne sera certainement pas négligeable.