Le déficit du Trésor continue à se détériorer. Les statistiques provisoires publiées par la TGR à fin décembre 2019 attestent de la complexité de la situation. Des recettes en baisse et des dépenses en hausse. Résultat des courses : le recours excessif à l'emprunt. Les statistiques des finances publiques relatives au mois de décembre 2019 tombent enfin. La situation provisoire des charges et ressources du Trésor arrêtée à fin décembre laisse apparaître un déficit de 46,7 Mds de DH à fin 2019 sachant qu'au courant de l'année, le Trésor a fait appel au marché financier international pour contracter un prêt de 1 milliard d'euros, soit 10,6 Mds de DH. Les recettes diverses plombent les recettes ordinaires Du côté des recettes, on note une hausse de 5,5%. Celles-ci se sont établies à 253,4 Mds de DH contre 240,3 Mds de DH à fin décembre 2018. Cette hausse ne prend pas en considération le versement de 24 Mds de DH effectué en 2018 à partir du Conseil de Coopération du Golfe. Tenant compte de ce versement, les recettes ordinaires brutes ont enregistré une baisse de 4,1%. Cette baisse s'explique par la hausse des droits de douane de 0,5%, des impôts indirects de 4,9% et des droits d'enregistrement et de timbre de 0,5%, conjuguée à la baisse des impôts directs de 0,7% et de celle des recettes non fiscales de 29,4%. En ce qui concerne les recettes fiscales, elles ont augmenté de 1,9% passant de 213, 8 Mds de DH à fin décembre 2018 à 217,7 Mds de DH à fin décembre 2019. Leur évolution résulte de de la hausse des recettes douanières de 3,7% et de la fiscalité domestique de 0,7%. Toutefois, cela n'empêche pas de noter que l'impôt sur les sociétés, baromètre de l'économie a accusé une baisse de 2,8% à fin décembre 2017. Aussi, la taxe d'habitation a-t-elle enregistré une baisse de 28,4%. Autre indicateur important est la TVA à l'intérieur. Les recettes nettes générées par la TVA à l'intérieur à fin décembre 2019 se sont établies à 22,1 Mds de DH contre 22,3 Mds de DH à fin décembre 2018, en diminution de 0,9% ou -209 MDH, compte tenu des remboursements supportés par le budget général qui ont été de 6.877 MDH à fin décembre 2019 contre 5.130 MDH un an auparavant. Il est à préciser qu'à fin décembre 2019, les arriérés de remboursement de TVA ont été de 41,2 Mds de DH. Le taux de réalisation de la LF 2019 étant de 94,4%. Source : TGR Comme signalé ci-dessus, les recettes non fiscales non plus n'ont pas été au rendez-vous. Il ressort des statistiques provisoires qu'elles ont affiché une baisse de 29,4%. En cause : les recettes diverses ont chuté de 70,06 % passant à 10, 92 Mds de DH à fin décembre 2019 vs 36,40 Mds de DH. Le recours à l'emprunt pour financer les dépenses En matière des dépenses, celles émises au titre du budget général ont été de 360,1 Mds de DH à fin décembre 2019, en hausse de 11,7% par rapport à leur niveau à fin décembre 2018, en raison de l'augmentation de 9,2% des dépenses de fonctionnement, de 3,7% des dépenses d'investissement et de 28,1% des charges de la dette budgétisée. La hausse des charges de la dette budgétisée de 28,1% s'explique par l'augmentation de 42,8% des remboursements du principal (50 Mds de DH contre 35 Mds de DH) et de 9,2% des intérêts de la dette (29,5 Mds de DH contre 27 Mds de DH). En ce qui concerne le taux de réalisation des prévisions, il ressort que les recettes ordinaires ont été réalisées à hauteur de 100,5% des prévisions, les dépenses ordinaires ont été exécutées pour 98,4% et les dépenses d'investissement ont été émises pour 95,9%. A fin décembre 2019, le taux de couverture des dépenses ordinaires par les recettes ordinaires a été de 105,7% contre 120,4% un an auparavant. Ainsi, à fin décembre 2019, 44% de ces recettes ont été consacrées aux dépenses de personnel, 28,7% aux dépenses de matériel, 11,6% aux intérêts de la dette, 7,2% aux émissions de la compensation et 3% aux remboursements, dégrèvements et restitutions fiscaux. Une partie des dépenses émises au titre du budget de l'Etat a été financée principalement par le recours à l'emprunt (voir tableau)↑. Par ailleurs, il y a lieu de souligner que dans son intervention devant le Parlement ce mardi 28 janvier, Driss Jettou est revenu sur cette épineuse question de la dette publique. Il a rappelé que le déficit du Trésor est passé de 345,20 Mds de DH en 2009 à 750,12 Mds de DH à fin 2019, soit 65,3 % du PIB. Pour Jettou, atteindre l'objectif de ramener le niveau de déficit à 60% du PIB à horizon 2021 devient hors de portée. Aussi, la dette publique, Trésor et EEP, a atteint 901,1 Mds de DH soit 81,4% du PIB ! Lire également : LE TRESOR PUBLIC : VICTIME DE FEU AMIS !