L'inflation, en dépréciant le pouvoir d'achat, porte préjudice au citoyen. seulement elle rend maints services à l'Etat en optimisant son endettement et fructifiant ses recettes fiscales. Indicateur surprenant L'année 2019 s'est soldée, au Maroc, par un taux d'inflation qui tend vers 1%. Tous les opérateurs économiques s'accordent pour dire qu'une inflation domptée à 2% ne fait de mal à personne. Depuis que le monde est monde, on ne cesse de mettre en lumière l'impact négatif de l'inflation sur le pouvoir d'achat de la population. Un taux d'inflation aussi bas devrait donc profiter aux consommateurs marocains aussi bien ceux faisant partie du dessus du panier que ceux qui relèvent du fonds du panier. La population, la plus démunie, remet en cause à cor et à cri le niveau déclaré de l'inflation. Elle avance que l'inflation ressentie dépasse de loin l'inflation mesurée. Elle rejoint le Wali de la Banque Centrale qui plaide pour la casse du thermomètre. Il est vrai que casser le thermomètre n'est pas la meilleure façon pour faire baisser la température. Mais un indicateur aussi important doit découler d'un processus qui assure la véracité et la réalité et être vérifiable et auditable. Dans l'attente d'un indicateur qui reflète de manière fidèle le pouvoir d'achat, les marocains considèrent que la table est le plus sûr thermomètre de la dépréciation voire de l'amélioration dudit pouvoir d'achat. on n'a pas besoin d'un modèle qui verdit l'indicateur et nous rosit, artificiellement, la vie alors que le vécu est de couleur ardoise. L'échec Un taux d'inflation aussi bas doit sûrement alerter les pouvoirs publics et ce à plusieurs titres. En effet, il renseigne sur le fait que l'offre disponible sur le marché ne trouve pas de demande conséquente. Telle situation devrait se traduire par un ralentissement de l'investissement, l'accentuation du chômage et la régression de la croissance économique. En outre, la stagnation de la demande intérieure constitue un échec de la politique interventionniste de l'Etat. En effet, celui-ci n'arrête pas de motiver l'augmentation des dépenses publiques par son souhait de tirer ladite consommation intérieure vers le haut. Il est évident que le canal des dépenses publiques ne verse pas toujours dans le marché intérieur. Les dépenses publiques, en passant de 223 milliards de dirhams en 2018 à 243 milliards de dirhams en 2019 soit une hausse de 9%, ne se sont pas traduites de façon significative sur la demande intérieure et n'ont pas généré le taux d'inflation escompté. Inflation VS Balance commerciale Un tel taux d'inflation devrait se répercuter positivement sur le coût des facteurs de production et favoriser l'amélioration du déficit de la balance commerciale du pays. En effet, des prix bas à l'intérieur devraient encourager la consommation des produits locaux et réduire ainsi la facture des importations. De même, la faiblesse des coûts à l'intérieur devrait créer un avantage concurrentiel au profit des produits locaux et favoriser leurs exportations. Seulement, le déficit de la balance commerciale s'est détérioré de 2.3% entre novembre 2018 et novembre 2019. En outre, le taux de couverture des importations par les exportations s'est cloué à 57%. Il est donc évident que les pouvoirs publics n'apprécient pas le niveau du taux d'inflation parce qu'il dévoile l'échec de l'action publique en matière de stimulation de la demande intérieure. Inflation VS Endettement Les pouvoirs publics ne sont pas satisfaits d'un tel niveau du taux d'inflation dans la mesure où il ne permet pas de gommer de façon substantielle la dette intérieure. En effet, l'inflation impacte le coût réel de l'endettement. La valeur de la dette se déprécie en fonction de la différence entre le taux de l'inflation et le taux d'intérêt débiteur. Un faible taux d'inflation, comme celui affiché ces dernières années, ne permet pas d'amortir partiellement la dette. Avec une dette intérieure de 574,60 Milliards de dirhams à fin 2018 soit 51,90% du PIB, l'Etat a besoin du coup de pouce de l'inflation pour alléger le poids de la dette. L'inflation s'avère alors un mode qui permet l'extinction de l'obligation de payer. Inflation VS Fiscalité Les effets négatifs de l'inflation ne s'arrêtent pas au niveau de l'endettement. Ils vont s'étendre aux recettes fiscales. En effet, un taux d'inflation faible est synonyme d'une demande intérieure faible et par conséquent une consommation intérieure faible. Il en découle que les recettes fiscales issues de la consommation subiront une sérieuse correction. Parmi ces recettes, on note celle se rapportant à la taxe sur la valeur ajoutée. Cette dernière représente prés de 30% des recettes fiscales de l'Etat. Toute chute de cette recette accentuerait davantage le déficit budgétaire. L'inflation fait également des heureux !