Les effets de la politique du taux de change, sont complexes et se prêtent à plusieurs interprétations, du fait de leur influence directe et indirecte sur la quasi-totalité des variables et comportements macro et microéconomiques. Utilisé de façon adéquate, le taux de change peut être un instrument de politique souple et puissant. Toutefois, sa stabilité forcée n'est pas le signe d'une politique économique réussie. Le taux de change est en fait le prix relatif de la production intérieure par rapport aux biens et services extérieurs et il joue un rôle dans le marché des biens échangeables au même titre que n'importe quel autre prix. Son avantage est d'affecter, d'une manière non déformante et globale, le prix de tous les biens échangeables par rapport aux prix des biens non échangeables fabriqués au Maroc. La surévaluation en baissant le coût des devises étrangères agit comme une subvention indirecte aux biens importés et un impôt implicite sur les produits exportés. Impact budgétaire de la surévaluation La surévaluation a un effet direct sur les principaux indicateurs macro-économiques : déficit budgétaire balance des paiements, inflation et taux d'intérêt. Elle affecte indirectement la croissance économique par ses incidences sur les exportations, l'emploi, les finances publiques et sur la balance des paiements. La surévaluation affecte le budget de l'Etat par ses effets directs sur les recettes fiscales au titre des activités du commerce extérieur et sur la valeur des flux de la dette extérieure. Elle affecte indirectement les finances publiques par ses effets sur l'activité économique et sur le niveau des recettes et dépenses fiscales qui en découlent. Un modèle est nécessaire pour quantifier l'impact net de ces effets de nature souvent compensatoires. La surévaluation en rendant les prix des importations inférieurs à leurs prix réels, génère deux effets contradictoires sur les recettes fiscales au titre des importations. D'une part les importations sont évaluées en dessous de leur valeur réelle, ce qui génère un manque à gagner fiscal et d'autre part, les achats à l'extérieur en devenant moins chers, leur niveau augmente et génère par conséquent des recettes fiscales supplémentaires. Cet effet est, par ailleurs fonction du niveau e revenu des consommateurs. Ce revenu, étant limité au Maroc, l'effet net de la surévaluation sur les recettes fiscales au titre des importations penche plus vers la perte de l'Etat de recettes supplémentaires. Par ailleurs, au niveau des dépenses de compensation sur les céréales importées et autres produits subventionnés, la surévaluation permet à l'Etat de réaliser une épargne budgétaire qui est fonction du volume es biens subventionnés importés et du niveau de la surévaluation. Pour les activités formelles d'importation, la surévaluation augmente les marges des importations illicites, amplifiant ainsi le phénomène et privant l'Etat de recettes fiscales importantes. Impact de la surévaluation sur le compte courant La surévaluation a des effets mitigés sur le compte courant. La nature positive ou négative de ces effets ne peut être déterminée sans recours à la modélisation. La balance commerciale est la première composante de ce compte qui est affectée par la surévaluation. Les importations augmentent ainsi en devenant moins chères. L'ampleur de cette augmentation dépend, cependant, de la propension à consommer les biens importés et du revenu des consommateurs. Au Maroc, les niveaux des revenus étant faibles, l'effet augmentation des importations, que doit générer la surévaluation, se trouve limité. Egalement, l'augmentation en volume des importations est compensée par la baisse des prix des biens importés due à la surévaluation. Ces deux effets, limite l'impact de la surévaluation sur la valeur des importations qui est prise en considération dans l'élaboration de la balance commerciale. Par contre, en réduisant l'équivalent en dirhams des exportations, la surévaluation à un effet négatif net sur les exportations. Les conditions de compétitivité ne permettant pas aux exportateurs de percuter la baisse de leurs prix sur les clients, ils augmentent les quantités exportées, dans un premier temps, avant que les conditions de rentabilité les obligent à réduire leurs niveaux d'activité et le volume de leurs exportations. L'évolution récente de la balance commerciale marocaine confirme, dans une large part, ce schéma théorique des effets de la surévaluation sur la balance commerciale. Ainsi, les termes de l'échange se sont fortement dégradés durant l'année 2000 sous l'effet simultané de l'appréciation du dollar sur les importations (en plus de l'effet cours du pétrole et du surplus d'importation de céréales en raison de la sécheresse) et la surévaluation du dirham par rapport à l'Euro sur les exportations. Cette situation a engendré le creusement du déficit commercial de près de 40 % durant cette année. Globalement, la balance du compte courant est négativement affectée par la surévaluation. L'ampleur des effets dépend principalement des élasticités prix et revenu de la demande d'importation et de la capacité des exportations à résister aux effets négatifs de la surévaluation.