On ne peut parler de l'amélioration du climat des affaires et la sécurisation de l'investissement, sans évoquer la lutte contre la corruption. Un indice majeur qui influence l'acte d'investir, surtout pour les capitaux étrangers. C'est tout naturellement donc que Bachir Rachdi, Président de l'Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPC), a pris part à la Conférence internationale sur la Justice. Son analyse au micro d'EcoActu.ma. Cette deuxième édition de la Conférence internationale sur la Justice se tenait sous le thème « Justice et investissement : Enjeux et défis ». Une thématique qui interpelle Bachir Rachdi. « C'est une thématique extrêmement importante parce que dans le monde entier, on est conscient que l'investissement ne peut pas être abordé dans un contexte où il n'y a pas une sécurité juridique et où il n'y a pas un assainissement de l'environnement des affaires ». Pour lui, la valeur ajoutée d'une telle rencontre sont les échanges entre les spécialistes et entre les acteurs économiques pour voir quels sont les moyens pour accélérer le rythme de création d'environnement des affaires favorable pour que l'investissement puisse s'exprimer pleinement et transformer le potentiel réel de chacun des pays. Cette rencontre est d'autant plus importante que 75 pays y prennent part, avec des niveaux élevés de représentation, ce qui promet un débat profond qui posera les jalons d'une collaboration et d'une coopération internationales en matière de sécurité et de sûreté de l'investissement à plusieurs niveaux. « Particulièrement au niveau des législations qui régissent, accompagnent et sécurisent l'acte d'investir : de l'amont du processus d'investissement avec une simplification et une clarté des procédures, égalité des chances, accès aux moyens nécessaires de développement des affaires jusqu'à l'aval lorsque survient un litige qui peut constituer une menace pour l'investissement, pour garantir que l'issue soit conforme au droit et à l'intérêt légitime de l'investisseur », poursuit le Président de l'Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPC). L'une des dimensions la plus importante à ses yeux est que la concurrence soit la plus loyale et que par conséquent qu'il n'y ait pas de billet. « Le plus gros billet est celui de la corruption parce qu'il détruit les fondements d'une concurrence saine et par voie de conséquence, un investissement qui tire vers le haut parce qu'il parie plus sur l'innovation et la création de facteurs distinctifs. La corruption comme son nom l'indique, elle corrompt, elle tire vers le bas et elle casse toutes les capacités individuelles des entreprises mais également les capacités d'un pays à pouvoir exploiter pleinement le potentiel en présence », précise Bachir Rachdi. Ce qui est encore plus valable pour les petites et moyennes entreprises et le discours de SM le Roi insiste sur cette composante du tissu économique puisque ce que c'est celle qui est capable d'apporter la vraie dynamique et la vraie capacité de création d'emplois et de richesses pérennes dans le Maroc et c'est valable également pour les autres pays, poursuit-il. Si les grandes entreprises ont des capacités de se défendre, les PME et les TPE ont besoin d'un environnement beaucoup plus sécurisé qui réduit leur vulnérabilité, qui les soutient et leur épargne les pressions qui ne sont pas le cœur de leur métier. Donc un environnement qui les booste plutôt que de les freiner, plaide le président de l'INPPC. Cela est de nature également à éliminer les appréhensions et à encourager la prise d'initiatives et de risques, c'est ça le propre d'une entreprise. C'est dire que la lutte contre la corruption est fondamentale aussi bien pour la confiance du citoyen de manière générale et elle l'est encore plus pour l'acteur économique en masse, poursuit-il. Et d'annoncer « L'instance a plusieurs axes d'intervention. Nous sommes en pleine finalisation des fondements de cette entité qui seront validés par les instances de décision. Ces fondements sont à 80 % tournés vers la prévention mais avec un axe consacré à l'investigation. En termes de prévention, il y a des propositions stratégiques en termes de prévention et de lutte contre la corruption et par la suite la supervision et la coordination des politiques publiques en matière de prévention. Concernant les politiques publiques, il y a un volet important dédié au monde économique. Ainsi dans la stratégie nationale de lutte contre la corruption, il y a d'abord la dématérialisation qui est un axe fondamental pour rendre la relation plus équitable, plus efficiente et traçable. Un autre axe est consacré à l'investissement et la commande publics, pour ne faire un vrai levier de dynamique économique et de mobilisation des acteurs principalement les PME et les TPE ». L'objectif est que les règles soient claires et garantissant l'efficience économique. Dans ce sens, pour certaines mesures prioritaires les résultats pourraient se faire sentir dès 2020, assure le responsable. Un autre axe en cours de développement est celui de la simplification des procédures, pour le citoyen de manière générale, mais également pour l'entreprise, notamment la création en ligne. « Nous ne perdons pas de vue les autorisations, en supprimant certaines d'entre elles dans la mesure où il y aurait un contrôle a posteriori. Ceux qui ne respectent pas la loi devraient être sanctionnés au lieu de mettre la pression et un frein aux actes économiques. Il faut sortir de la logique des autorisations, fluidifier les procédures et établir un lien de confiance sauf lorsqu'il est très difficile de faire autrement (et encore il faut réduire au maximum) », conclut-il. En somme, il faut réduire les risques de corruption et par conséquent les foyers dans lesquels les auteurs de corruption se trouvent très à l'aise pour agir et détruire le potentiel du pays.