En 2009, le Maroc a fait le choix d'opérer le virage de la transition énergétique avec le lancement de la Stratégie énergétique nationale axée sur le développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique. Une nécessité plus qu'un choix eu égard aux défis énergétiques et à la dépendance du Maroc vis-à-vis des importations massives d'énergie. 10 ans après, les investissements réalisés dans ce domaine ont permis de réduire cette dépendance qui est passée de 98% à 93%. Malheureusement, la facture énergétique continue de peser lourdement sur la balance commerciale et par conséquent sur les équilibres macroéconomiques. D'où l'impératif de relever un double enjeu : sécuriser les besoins énergétiques du pays et réduire sa facture énergétique. Grâce à une vision royale, le Maroc est parvenu, en une décennie, à se positionner à l'échelle mondiale en tant que hub dans le domaine des énergies renouvelables (ER) qui représenteront à l'horizon 2030, 52% du mix énergétique. Mais cela reste insuffisant pour relever tous les défis énergétiques et environnementaux. En effet, pour avancer vite, il faudra miser davantage sur l'efficacité énergétique, deuxième pilier de la Stratégie énergétique, ainsi qu'investir dans la recherche & développement. C'est ce qu'a fait le Maroc en investissant des milliards de DH dans la R&D appliquée dans le domaine des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique. Un investissement qui lui permettra de passer à un autre stade celui de l'industrialisation de la technologie énergétique. La création de l'Institut de Recherche en Energie Solaire et Energies Nouvelles (IRESEN) en 2011 témoigne donc de cette dynamique nationale et de la volonté de faire du Maroc un hub de la R&D appliquée dans le domaine des énergies renouvelables. Un Institut qui, en 5 ans, a réussi à hisser le Maroc dans l'échiquier international des pays avancés dans la R&D dans ce domaine. Pour mieux comprendre comment cet institut accompagne-t-il la Stratégie énergétique nationale, l'IRESEN a ouvert les portes du Green Energy Park, inauguré par SM le Roi en 2017, à la presse nationale. D'autres projets d'infrastructures de recherche sont dans le pipe et seront lancés prochainement dans le domaine du bâtiment (GREEN & SMART BUILDING PARK en 2019), le carburant vert (GREEN H2A en 2019), la biomasse (AGRO ENERGY TIC en 2019) et le dessalement et le traitement des eaux (WATER ENERGY NEXUS en 2020). Pour approcher les médias du monde de la R&D, le ministère de l'Energie, des Mines et du développement durable avec l'IRESEN et l'AMEE a organisé deux journées de formation et d'information organisées au profil des journalistes dans une optique de les outiller et les familiariser avec le domaine de l'efficacité énergétique. L'objectif de cette formation, comme précisé par le ministre, est de mettre à la disposition des journalistes toutes les informations dans les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique mais aussi établir un canal de communication entre les médias et les institutions opérant dans ce domaine. Lors de la première journée organisée au sein du Green Energy Park, situé à Benguérir et doté d'équipements de pointe, le Directeur général de l'IRESEN, Badr Ikken, a mis l'accent sur le travail accompli en matière de R&D par des chercheurs marocains mais également ceux venus des quatre coins du monde. Les recherches menées au sein de l'IRESEN ont fini par donner les premiers fruits. En chiffres, ce sont 400 MDH dédiés à la R&D entre 2012-2017, 12 appels à projets lancés dans le domaine des EnR, 490 communications internationales, 314 publications internationales, 17 laboratoires créés, 21 brevets enregistrés, 2 startups créés et 5 en cours. L'IRESEN s'apprête même à franchir un nouveau pas celui de l'industrialisation et la commercialisation de 3 innovations à savoir un projet de CSP, un conteneur et un robot pour nettoyer les modules PV. La question aujourd'hui est de savoir si l'industrie marocaine parviendra-t-elle à suivre cet élan ? Oui d'après Aziz Rebbah. « L'industrie marocaine est dans un processus de transformation avec des élites de business qui commencent à capter les opportunités qu'offre ce secteur. Aussi, plusieurs industriels internationaux veulent créer des joint-ventures avec des Marocains pour aller vers cette dynamique de nouvelles technologies dans les différents domaines. Cela dit, il y aura plusieurs de prôneurs et c'est à l'IRESEN d'aller commercialiser ces innovations. C'est dans ce sillage que nous avons proposé à créer un événement de matching entre le mode de la recherche et celui du business », a-t-il précisé. L'enjeu est de taille. Encore faut-il que le Maroc puisse disposer des ressources humaines qualifiées nécessaires pour garantir l'émergence de cette industrie de pointe. Interpelé sur cette question, le ministre de tutelle a affirmé que le lancement de la nouvelle feuille de route de la formation professionnelle viendra accompagner le développement de l'économie nationale et en particulier de l'industrie marocaine notamment dans ce domaine. Nonobstant, la transformation économique lancée requiert une réelle transformation de la formation des ressources humaines et c'est tout le défi à relever. L'AMEE met le turbo Pour rattraper le retard que le Maroc a accusé dans le domaine de l'efficacité énergétique, l'Agence marocaine de l'efficacité énergétique (AMEE) accélère le rythme des actions menées pour atteindre les objectifs que le Maroc s'est fixés en matière d'efficacité énergétique à savoir 20% à l'horizon 2030. Pour donner un ordre de grandeur, 1% d'économie d'énergie sur la facture énergétique représenterait 70 MDH, 10% c'est l'équivalant de 7 Mds de DH à condition que tout le monde s'y mette. En effet, il faudra généraliser l'utilisation d'équipements à faible consommation d'énergie mais surtout changer de mode de consommation et de comportement. A travers ces deux jours de formation, les organisateurs ont cherché à sensibiliser davantage les médias sur le rôle qui leur incombe dans la sensibilisation du citoyen lambda, de l'industriel et de tous les Marocains sur la nécessité de revoir leur mode de vie. Avec des gestes simples et de faibles investissements l'on peut économiser 10, 20 jusqu'à 30% de la facture énergétique. Tous les secteurs sont également concernés comme précisé par Said Mouline, Directeur général de l'AMEE. Ils devront mener des actions techniques, de financement et de sensibilisation.