Tous les signaux laissaient croire une réconciliation et détente des relations entre le Maroc et l'Espagne dans un futur proche. Les dernières semaines ont connu plusieurs rapprochements des deux côtés à l'image du roi d'Espagne Philippe VI, qui a affirmé, lundi dernier, la nécessité « de redéfinir la relation avec le Maroc sur des bases plus solides et plus fortes ». La presse espagnole et les observateurs internationaux s'étonnent encore de la persistance de la crise diplomatique bilatérale entre le Maroc et l'Espagne. L'Espagne s'était pourtant dite prête à entamer une » nouvelle étape » dans ses relations avec le Maroc, basée sur « la confiance, la transparence et le respect des engagements pris », avait déclaré le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, dans une interview publiée en Novembre par le magazine « Jeune Afrique ». Pour plusieurs mois, le Maroc et l'Espagne ont été confronté à une crise. L'actuelle crise diplomatique entre l'Espagne et le Maroc à propos de la gestion des flux migratoires dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla situées sur le territoire marocain n'aura été que la manifestation d'un désaccord plus profond entre ces deux Etats à propos du statut définitif du Sahara. La genèse de ce regain de tensions avait été liée à l'hospitalisation en Espagne, en avril dernier, de Brahim Ghali, leader des indépendantistes et président élu de la RASD. Lire aussi | Les Etats-Unis et l'Espagne souhaitent unir leurs forces pour trouver une solution au conflit du Sahara Aujourd'hui, le bout du tunnel pour une normalisation des relations entre le Maroc et l'Espagne est encore loin. Tel est le constat fait par le ministre des Affaires étrangères espagnol, José Manuel Albares. En effet, pour la première fois depuis sa nomination à la tête de la diplomatie espagnole, en juillet 2021, José Manuel Albares modère son optimisme quant à une reprise des relations avec le Maroc. Le ministre des Affaires étrangères a admis que la résolution de la crise avec le royaume exige beaucoup du temps. «Je vais prendre le temps qu'il faut» pour une normalisation des relations, a-t-il reconnu, vendredi lors de sa participation à un forum organisé par l'agence Europa Press. Du côté marocain, mercredi 20 janvier, lors de son interview le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a invité les pays cherchant à nouer une alliance avec le Maroc à être «fidèles à la cause nationale du Sahara», reconnaissant qu'«il existe de nombreux Etats avec lesquels le ministère des Affaires étrangères accélère actuellement les relations». «Ceux qui n'ont pas compris mettront du temps à comprendre», a-t-il ajouté. Un message indirect adressé à l'Espagne, d'autant qu'il s'est félicité du changement de la position de l'Allemagne à l'égard de ce dossier. José Manuel Albares a estimé que le chef de l'exécutif marocain n'a pas mentionné l'Espagne. Au lendemain de ces déclarations, le ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement, Mustafa Baitas a été plus clair en précisant que «L'ambition existe, et l'Espagne aussi a exprimé son ambition, mais pour que cette ambition soit renforcée, nous avons besoin de beaucoup de clarté». Pour rappel, dans son discours du 6 novembre, S.M le Roi Mohammed VI a lancé une mise en garde «à ceux qui affichent des positions floues ou ambivalentes» sur la marocanité du Sahara. «Nous déclarons que le Maroc n'engagera avec eux aucune démarche d'ordre économique ou commercial qui exclurait le Sahara marocain», a déclaré le souverain. Lire aussi | Maroc-Espagne : l'urgence d'une relecture de leur histoire commune [Par Lahcen Haddad] Ces déclarations sont venus à la suite des déclarations faites par José Manuel Albares sur la question du Sahara au terme de sa réunion, tenue mercredi dernier à Washington, avec Antony Blinken. Le chef de la diplomatie espagnole avait affirmé que son pays et les Etats-Unis «se sont mis d'accord pour unir» leur «forces pour résoudre ce conflit qui n'a que trop duré et pour lequel une solution doit être trouvée». Le retour à la normale entre les deux pays s'annonce sans doute long. Une visite du Premier ministre espagnol est prévue à Rabat mais aucune date précise n'est avancée. Le retour de l'ambassadrice marocaine à Madrid, rappelée pour consultation à Rabat en mai 2021, n'est pas encore, non plus, inscrit sur un calendrier... A suivre.