Les PME sont peu enclines à investir dans les nouvelles technologies. Le manque de visibilité, le coût de l'investissement et la mentalité des patrons, sont autant de facteurs qui expliquent cette réticence. Les petites et moyennes entreprises marocaines (PME) sont en retard en matière de nouvelles technologies. C'est, en tout cas, ce qu'explique Mohamed Bennis président de l'AUSIM : «certes nous n'avons pas de statistiques officielles, mais les tendances confirment que les PME n'investissent pas à la bonne dose en matière des IT». A l'origine de ce manque d'intérêt, de nombreux facteurs. D'abord, la rareté des chiffres relatifs au taux d'équipement des PME en nouvelles technologies, qui rend les stratégies gouvernementales visant à développer l'usage et l'investissement en IT (technologies de l'information) moins efficaces. L'élément financier figure, ainsi, parmi les principaux handicaps bloquant l'accès de ces structures aux nouvelles technologies. D'ailleurs, «pour se doter de logiciels et services IT, le patron d'une PME doit investir en moyenne quelques 800 000 DH», explique Aicha Karmouchi patronne de Lifko. Or, comme le souligne Ouafaa Katir, Directrice Générale IDC Afrique du Nord et Afrique Francophone, «grâce au programme d'accompagnement des PME en matière d'assistance technique et d'intégration des IT, mis en place par l'Agence nationale de promotion des petites et moyennes entreprises (ANPME), les moyens financiers deviennent un simple prétexte». Pour rappel, l'Agence a lancé en juin 2010 un programme visant à financer jusqu'à 60% des investissements des entreprises en IT. Le principal frein expliquant le retard marocain, serait donc humain. C'est une question de mentalité ? «Au Maroc, l'innovation et les TIC ne sont pas toujours perçues comme des avantages compétitifs pour une entreprise. Pourtant, elles permettent de réduire les coûts et d'augmenter la compétitivité. Un point essentiel, particulièrement en période de crise», analyse Ouafaa Katir. En clair, les PME n'arrivent pas à comprendre que les IT, ne sont pas un simple outil de support technique, mais plutôt un levier de croissance. Pis, «souvent les patrons marocains ne connaissent pas l'utilité et l'importance de certains services et logiciels informatiques », explique Bennis, avant d'ajouter, que «les fournisseurs ont joué un rôle important dans cette situation, en ne favorisant pas le segment des PME». Un avis que rejette en bloc Chakib Rifi , président directeur général de Data Plus, spécialisé dans la distribution et l'installation de systèmes informatiques et de télécommunications. Selon lui, Cela fait une dizaine d'années que les fournisseurs ont commencé à concevoir des produits et services adaptés à cette cible. Ces derniers concernent principalement des solutions d'externalisation, tel que le cloud computing. En revanche, pour Chakib Rifi , «ce sont les PME qui restent réticentes quant à l'externalisation de leur DSI (direction système informatique). Celles-ci, dit-il, craignent de perdre le contrôle de leurs données. C'est dire que la loi encadrant ce type de service, qui est en cours d'adoption au Parlement, sera la bienvenue.■