Décidément, le Maroc est bien lancé sur le chemin du numérique. Le rapport annuel de l'Union internationale des télécommunications vient, en effet, de constater une nouvelle fois une amélioration du royaume dans le classement global de l'usage des IT. De la 92e position, il est passé au 90e rang. Certes, cette position place le Maroc très loin derrière les pays développés, néanmoins il confirme la tendance actuelle qui veut que les TIC au Maroc continuent à se démocratiser. D'ailleurs, le spécialiste du secteur, IDC, via son baromètre annuel des DSI (Directeur des systèmes d'information), confirme ce constat. «Le Maroc enregistrera la meilleure performance en Afrique du Nord en termes de croissance, grâce à la maturité enregistrée dans les investissements IT». Bien que le marché des IT au Maroc occupe la septième position dans la région MENA (Afrique, Moyen-Orient et Turquie), le cabinet spécialisé considère que les programmes lancés par le gouvernement pour vulgariser l'usage des nouvelles technologies et faciliter leur accès, permettent au royaume de se positionner dans le peloton de tête de la région. Ces actions sont principalement la mise en place de la stratégieMaroc Numeric 2013 et la promotion de l'offshore. Selon le cabinet, les dépenses en TIC des entités gouvernementales marocaines devraient même porter la croissance globale du secteur des IT. Elles devraient, en effet, se chiffrer à près de 150 millions de dollars à fin 2012 pour atteindre 200 millions de dollars en 2015. Les investissements du secteur public vont atteindre une croissance annuelle de 10% en 2013, permettant ainsi une croissance dynamique du marché des IT. Moins d'investissements dans les infrastructures Toutefois, Ouafa Kathir, l'une des experts du cabinet IDC, ne manque pas de soulever une problématique de taille. «Le Maroc est en train de reproduire les mêmes erreurs que l'Europe par le passé». Il s'agit en fait de l'investissement massif dans les infrastructures IT. Selon les données du cabinet, plus de 77% des budgets IT au Maroc sont dédiés aux infrastructures, alors que dans le reste du monde, cette quote-part ne dépasse pas les 48%. Or, il s'avère aujourd'hui qu'au vu des dernières avancées technologiques, l'investissement en infrastructure n'est plus aussi indispensable qu'il ne l'était par le passé. À titre d'exemple, l'expert d'IDC présente le Cloud computing qui permet aux opérateurs économiques de se passer de matériel dédié au stockage des données. Du coup, même la démarche adoptée par le gouvernement est appelée à changer en privilégiant les services et le software au lieu de l'infrastructure. D'ailleurs, pour IDC, cette volte-face est incontournable. «Cette tendance connaîtra un changement dans les années à venir avec le déclin des dépenses d'infrastructure, au profit des services», note le cabinet. Le numérique ne peut donc plus être réduit à l'installation d'ordinateurs personnels ou à l'usage de services basiques comme la messagerie, mais devra être étendu à des services plus sophistiqués comme le Cloud. Notons que, selon la même source, de tous les secteurs de l'économie nationale, le secteur bancaire est l'un des plus matures en termes d'utilisation des IT. Concernant les investissements, 48% des dépenses sont consacrées aux services et aux logiciels et «ce pourcentage augmentera considérablement dans les trois prochaines années», peut-on lire dans le rapport du cabinet. Le développement et l'utilisation des chaînes numériques alternatives telles que le Mobile banking et l'Internet banking dans le secteur financier ont augmenté sensiblement en 2012 et cela implique un moindre intérêt pour l'investissement dans les infrastructures physiques, ce qui ne manquera certainement pas de réduire à l'avenir les coûts de ces établissements. Réticence face au Cloud Par ailleurs, IDC a effectué un sondage auprès des DSI marocains en vue de mesurer leur prédisposition à l'utilisation de certaines des principales technologies nouvelles qui connaissent une véritable dynamique dans le monde et qui pourraient justement contribuer au renversement de la tendance dans les investissements et les dépenses en IT. C'est notamment le cas pour le Cloud. À ce titre, le constat n'est pas si réjouissant. Selon le cabinet, à l'heure actuelle, près des deux tiers des DSI affirment qu'ils n'ont aucun intérêt à déployer le Cloud computing. Les fournisseurs de solutions Cloud doivent ainsi faire davantage d'efforts pour atteindre une pratique répandue au Maroc. Les entreprises considèrent, par ailleurs, qu'elles ont encore besoin d'explorer davantage et de recueillir des expériences distinctives, afin de définir leurs besoins d'affaires et de construire un modèle de services en nuage (le Cloud), qui est spécifiquement adapté à leur activité. Selon IDC, la sécurité des données est toujours le plus grand obstacle qui freine l'utilisation du Cloud. Au-delà de ce dernier, la mobilité devient un autre aspect devant favoriser l'usage des technologies d'information. Depuis l'apparition des smartphones et des tablettes dites intelligentes, les experts sont unanimes sur le fait que cela doive engendrer une perte de vitesse pour les postes informatiques classiques. D'ailleurs, IDC prévoit une nette augmentation de l'investissement dans ces nouveaux outils, au détriment des outils classiques. Flou autour de la 4G «La 4G sera bien pour 2014». Azzedine El Mountassir Billah réfute du revers de la main les rumeurs faisant état d'un retard accusé dans le projet de déploiement de la 4G au Maroc. Pour le Directeur général de l'ANRT, les délais sont toujours maintenus. «Nous sommes toujours dans la phase de sélection d'un cabinet pour réaliser l'étude et cette dernière devrait être achevée avant fin 2013», souligne-t-il. Pour rappel, un appel d'offres pour la sélection d'un prestataire avait été lancé depuis quelques mois, mais aucune sélection n'a été faite à ce jour. C'est d'ailleurs l'une des raisons qui a fait enfler la rumeur d'un possible retard dans les délais. Pour El Mountassir Billah, cela ne remet aucunement en cause le lancement de l'appel d'offres concernant les opérateurs en 2013, pour que le déploiement effectif soit opéré en 2014. Sur un autre registre, répondant aux critiques sur la qualité de la 3G au Maroc, le DG de l'ANRT rappelle que, «la 3G au Maroc est utilisée à d'autre fins que ce pour quoi elle a été créée. Les Marocains l'utilisent principalement pour regarder des vidéos. Or, elle n'est pas faite pour cela», assure-t-il.