Après les récentes démissions au sein de la CGEM et toute la vague de diverses réactions et prises de position dans les médias, le président de la CGEM, Salaheddine Mezouar, a décidé de clarifier la situation et de démêler le vrai du faux. Les démissions de Hammad Kessal et de Fadel Agoumi ont créé des remous. Mezouar a tenu une conférence de presse pour réaffirmer sa volonté d'aller au bout de son mandat. Il a parlé d' »impeachment », et s'est dit sûr qu'il y aura d'autres démissions, mais que la CGEM (Confédération générale des entreprises du Maroc) continuera de fonctionner normalement. « Nous avons tout fait pour que l'ensemble des structures de la CGEM puissent fonctionner en bonne harmonie et atteindre les objectifs qui sont fixés », a souligné le président de la CGEM. Il a expliqué que son mandat a apporté un nouveau mode opératoire à la tête de l'organisation et que certains n'ont pas du tout apprécié ce changement et ont préféré s'en aller. « Ce mode opératoire impose aux personnes à l ‘intérieur de l'organisation de s'adapter. Cela met forcément beaucoup de pression sur l'organisation et sur les personnes en interne parce que le rythme en termes de travail et d'interpellation sur tel ou tel autre dossier devient très lourd. J'ai fait un audit organisationnel, un audit des procédures et un audit financier. J'ai fait tout cela. Mais, ce n'était pas pour nuire à qui que ce soit. C'est cela faire bouger une organisation », a-t-il poursuivi. Le moins que l'on puisse dire, c'est que Mezouar n'a pas du tout apprécié ce qui a été dit ça et là dans la presse au sujet de l'organisation patronale. « Ce qui se joue sous nos yeux, c'est une tentative de mise sous tutelle de la CGEM » « J'ai entendu que l'organisation était empêchée de fonctionner, que c'était l'implosion… comme si un départ est quelque chose de dramatique. Alors que nous rentrons dans la phase 2 du mandat, le mode opératoire touche la réorganisation globale des structures, des ajustements qui doivent être faits. Mais, forcément dans cette démarche, on peut avoir des personnes qui considèrent que cela ne leur convient pas. Mais, il n'y a rien de dramatique ! », a-t-il estimé. « S'il y a un cas qui m'a personnellement ému, c'est celui du vice-président général (Ndlr : Faïçal Mekouar). J'ai travaillé avec lui en toute confiance. Nous avons partagé ensemble, fait face aux difficultés ensemble. Je me suis interdit de faire quoi que ce soit sans qu'il ne soit au courant. J'ai tout fait pour qu'il ait le plus de visibilité possible, pour qu'il soit le plus respecté et le plus écouté possible. Par rapport au degré de confiance entre nous, j'ai trouvé inélégant de recevoir une lettre de démission, sans qu'il ait pris la peine de s'asseoir pour discuter. Et juste après la démission, on commence à informer, et il y a une machine qui se met en branle », a déploré Mezouar. Il a laissé entendre que certains tiennent déjà des réunions pour fomenter d'autres coups, mais qu'il est au courant. « Ce qui me désole dans tout cela, c'est ce que certains n'apprécient pas l'ouverture de la CGEM à d'autres entreprises, à d'autres personnes que nous avons entamée », a déploré aussi Mezouar. « Certains pensent qu'il faut arriver à un « impeachment » dans cet Acte 2 que nous sommes en train de mener, c'est-à-dire m'empêcher de continuer à travailler. Mais, je pense que leur idée est de montrer que c'est la catastrophe et que personne ne veut travailler avec la CGEM, et aussi que Mezouar c'est du n'importe quoi, etc. », a-t-il ajouté, rappelant qu'il a été élu par 80% des membres de la CGEM. « Je continuerai à assumer mes responsabilités sans défaut », a assuré le président. Il a, entre autres, expliqué que Hammad Kessal est parti suite à un différend sur la question des délais de paiements. Fadel agoumi, directeur général, n'était qu'un salarié de la CGEM qui était là pour exécuter les ordres du président. Il a choisi une autre orientation, c'est son droit, mais ce n'est pas le sujet de l'année. Le vrai problème, c'est l'indépendance de la CGEM, pas uniquement vis-à-vis des cercles du pouvoir, mais aussi des luttes partisanes et des groupes puissants qui voudraient faire de l'organisation uniquement leur porte-parole. Tous les présidents de la CGEM ont eu, à un moment ou un autre, à affronter des frondes suscitées par ces lobbys dans le lobby. Mais, jamais autant que Salahdine Mezouar. Pourtant, il a été élu à une écrasante majorité. Il a eu droit à une cabale médiatique, il y a quelques mois pour des motifs relevant de la gestion du groupe parlementaire. En fait, ce qui se joue sous nos yeux, c'est une tentative de mise sous tutelle de la CGEM. L'organisation patronale doit sauvegarder son indépendance pour jouer son rôle de partenaire social. La mine de l'intérieur, qui empêche le président élu d'agir, au nom de divergences politiques, n'est pas responsable. La démocratie a besoin des corps intermédiaires et la représentation patronale en fait partie.