Entretien avec Hammad Kessal président de la Fédération de la PME-PMI La Gazette du Maroc : quelles sont vos attentes par rapport à la refonte des statuts de la CGEM. Hammad Kessal : nous avons exprimé de façon claire notre position par rapport à l'événement. Ces réformes ne respectent pas du tout la position de la PME-PMI dans le tissu économique national, ceci en dépit des chiffres avancés. Je crois que c'est totalement déplacé de vouloir nous comparer avec le Danemark. Ce pays à niveau économique très avancé et où existe un système social où les contributions sont automatiques. Du reste, quand la situation arrange les dirigeants de la CGEM, ils parlent de spécificité du Maroc. Mais dès qu'il s'agit d'un autre volet, ils font apparaître des comparaisons insensées. Si la CGEM était capable de fournir des services de qualité, elle allait voir des milliers de PME-PMI adhérer en son sein. C'est donc très facile d'aller vendre des voix pour avoir de l'argent. Les grands groupes n'ont pas besoin de voix pour siéger au sein de la CGEM. Ne pensez-vous pas que pour rendre des services à ses membres, la CGEM a besoin d'argent ? Les PME-PMI ne cotisent pas parce qu'elles ne se sont jamais senties appartenir vraiment à cette instance. Jamais un président de cet organisme n'a fait une tournée dans les régions pour voir de près ce que vit la PME-PMI au quotidien. Pour manque de services rendus, des dirigeants de la petite et moyenne entreprise démissionnent ou baissent les bras. Cette fatalité n'augure rien de bon pour notre compétitivité au moment où nos entreprises s'ouvrent à la concurrence étrangère. Une organisation patronale doit fournir des services de qualité comme le fait n'importe quelle autre organisation digne de ce nom dans le monde. Ceci se fait par le biais des avocats et des experts-comptables pour défendre les droits des adhérents. Or, que constate-t-on au niveau de la CGEM ? C'est cela le fond du problème. À la lumière de cette refonte, comment voyez-vous l'avenir de la PME-PMI ? À moyen terme, on va continuer à militer pour voir si les changements intervenus peuvent nous apporter gain de cause. Les élections présidentielles de 2006 nous en diront plus sur notre position par rapport à cette refonte des statuts. Si la grande entreprise apporte son argent pour financer la CGEM, la PME-PMI est toujours présente dans les assemblées pour apporter des idées. N'est-ce pas équitable, quelque part ? Nous ne travaillerons plus pour ceux qui, par leur apport financier, ont la facilité de recueillir des voix. Enfin, quoi qu'il en soit, c'est la grande entreprise qui va profiter des largesses de la CGEM.