* Lerreur commise dans le secteur du textile-habillement (sous-traitance) est reproduite dans les métiers de loffshoring. * Les métiers volatils ne peuvent pas être créateurs de richesse pendant longtemps. * En vue dattirer plus de PME françaises ou italiennes, le Maroc est appelé à assainir son climat daffaires. * Le point avec H. Kessal, vice-président de la CGEM. - Finances News Hebdo : Nombreux sont les opérateurs qui prétendent que les mesures contenues dans le Plan durgence élaboré par le gouvernement ne répondent pas parfaitement à leurs besoins réels. Quen pensez-vous en tant que Patronat ? - Hammad Kessal : Notre principal objectif est damener le gouvernement à accepter quil y a une crise, parce quau début il ne lacceptait pas. Nous avons remonté linformation en fonction des secteurs dactivité aussi bien pour lautomobile, limmobilier que le textile et cuir Il y a deux phases dans ce programme durgence : la première est quil faut mettre en place des actions immédiates pour sauver ce que lon peut sauver. Après, il y a les actions structurelles qui pourront renforcer la mise à niveau de lentreprise parce que le premier objectif est de préserver les emplois et déviter les licenciements. A noter quil y a également des entreprises qui étaient en difficulté avant la crise et qui vont profiter de la crise pour se refaire «une virginité». Nous nallons donc pas soutenir les canards boiteux. Celles qui étaient en crise finiront certainement par disparaître. Mais les entreprises qui ont un potentiel de développement et dinternationalisation, il faut essayer de mettre le paquet sur elles. - F. N. H. : Est-ce que vous ne pensez pas que le travail sera dautant plus difficile puisque, finalement, il ne sagira pas dune crise cyclique mais bien dune crise de développement du tissu économique ? - H. K. : La question qui se pose aujourdhui est celle du modèle économique. Est-ce que le modèle économique que nous avons suivi jusquà présent est le bon ? Malheureusement, notre économie était basée sur la sous-traitance. Nous avons refait la même erreur de sous-traitance dans le textile-habillement, dans loffshoring. Or, il sagit de métiers volatils qui ne peuvent être pendant longtemps des créateurs de richesses. Donc, ce que nous demandons aujourdhui cest dinvestir dans lagriculture et lindustrie qui sont des secteurs fortement créateurs de valeur ajoutée. Un DH investi en agriculture nous en rapporte 4. Si nous ratons ces secteurs et continuons à courir après les nouveaux métiers, nous allons retomber dans les mêmes erreurs. Donc, à mon avis, il faut refaire le modèle économique. Quest-ce que nous voulons ? Refaire les mêmes bêtises parce que nous voulons sauver rapidement les emplois ou avoir des reins solides ? - F. N. H. : Que proposez-vous en tant que patronat ? - H. K. : À mon avis, il faut mettre en place une stratégie à double voie : la première pour venir en aide aux entreprises qui sont dans une situation durgence et qui disposent dun potentiel de développement ; la deuxième consiste en la refonte du modèle économique. Parce que nous devons nous préparer pour laprès-crise et voir si nous avons les moyens de faire face à la hausse du prix du pétrole. Il faut donc sorienter vers une politique plus structurée et cest dans les périodes de crise que nous pouvons entamer les plus grandes réformes. - F. N. H. : La crise se veut également un moyen de transformer les menaces en opportunités. Quels sont les atouts sur lesquels peut capitaliser le Maroc afin de transformer les menaces en opportunités ? - H. K. : Le Maroc a aujourdhui une position stratégique par rapport à dautres pays comme lEspagne et la France. Malgré le discours prônant quil ne faut pas délocaliser, ils vont le faire aujourdhui, pour la survie de certaines entreprises, surtout les PME. Le Maroc, sil aspire à attirer les PME françaises ou italiennes, est appelé à assainir son climat daffaires. Parce quaujourdhui, ce qui fait peur aux PME cest la lourdeur administrative pointée du doigt par les organisations internationales. Le Maroc a, certes, des atouts mais il est appelé à améliorer les services daccueil des investisseurs. Je peux vous dire que même les CRI ne coordonnent pas entre eux.