Hammad Kassal, vice-président de la Fédération des PME-PMI, revient dans cet entretien sur les difficultés des PME-PMI. Selon lui, le prochain gouvernement doit engager une politique volontariste pour créer les conditions favorables à leur développement. ALM : La Fédération des PME-PMI dont vous occupez la vice-présidence vient d'élaborer un document comprenant plusieurs propositions destinées aux partis politiques en lice pour les élections. Quel est l'écho de ce manifeste auprès de ces formations ? Hammad Kassal : Ce document est destiné principalement aux décideurs politiques et aux candidats aux élections. Son élaboration se justifie du fait que la PME est absente dans les débats au sein des formations en lice. Ce manifeste a été donc une nécessité malgré le fait qui intervient tardivement par rapport à ces échéances. Nous avons voulu attirer l'attention des politiques sur les difficultés des PME-PMI. Ces entreprises opèrent dans un environnement qui lui est hostile, alors qu'elles constituent l'essentielle partie du tissu économique national. Dans ce manifeste, nous avons décliné une série de propositions aussi bien au niveau fiscal, du financement, les charges sociales, l'accès aux zones industrielles… Comment expliquez-vous l'absence de vos recommandations dans le mémorandum de la CGEM rendu public dernièrement ? Il est vrai que les dix commandements du mémorandum de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc dont notre Fédération fait partie, ne font pas référence à la PME. Ceci dit, nous adhérons entièrement aux grandes orientations de la CGEM. Face à la concurrence internationale, on parle de plus en plus de la disparition d'une bonne partie des PME-PMI. Peut-on avoir une idée claire là-dessus ? Comme vous le savez, l'outil statistique est défaillant au Maroc. Nous avons entrepris une étude en mai 2002 pour évaluer de près cette tendance lourde. Il en ressort que le taux de création des PME est très faible. La plupart des entreprises sont concentrées dans l'axe Casablanca-Kénitra. Elles opèrent dans le secteur de l'agroalimentaire et les nouvelles technologies de l'information et de la communication. La mortalité des PME-PMI est constatée particulièrement dans les zones de l'Oriental et le Nord-est du pays. Je tiens à signaler aussi que des PME commencent à exercer dans l'informel. Compte tenu de tous ses éléments, la survie des PME-PMI est sérieusement menacée. Pourtant la charte de la PME concoctée par le gouvernement a prévu plusieurs dispositions pour promouvoir les PME-PMI? La charte de la PME est un acquis considérable. C'est une reconnaissance du poids des PME-PMI dans l'économie nationale. J'estime que cette charte est une coquille vide. Nous n'avons pas été impliqués dans l'élaboration de cette charte. Dans l'état actuel des choses, nous avons besoin de solutions pratiques pour relancer l'investissement. A ce propos, le livre blanc des PME-PMI est une extraordinaire pépinière d'idées qu'il faudra concrétiser sur le terrain.