Plus d'un demi siècle de politique sportive au Maroc avec des fédérations, des clubs, des pratiquants, des arbitres et un ministre de tutelle, sans compter un CNOM qui prend d'année en année plus d'importance tant il est devenu incontournable, et pourtant on a toujours l'impression que l'on est encore à ânonner l'alphabet du sport. C'est le fameux «b.a-ba» que l'on peut traduire en darija par le «ba-bou-bi» qui marque le rythme dans les écoles primaires. Balbutiements et énervements A voir le nombre de doctes dirigeants sportifs qui s'emportent pour un oui ou pour un non et qui sont prêts à tout remettre en cause au moindre désagrément, on se dit que l'on est bien loin d'une gestion adulte et responsable du sport. Le nombre de fédérations dont les bureaux éclatent comme des pétards mouillés, ne peut garantir une pratique ludique et productrice du sport. A la moindre occasion, on réclame assemblée générale et révision des statuts et règlements. A force de vouloir mettre les codes de direction en conformité avec les caprices et désirs des uns et des autres, on arrive à ne plus rien diriger du tout. Car, de saison en saison, les lois s'annulant l'une l'autre, on ne trouve plus comment se dépatouiller de tout cela. Le nombre de fédérations mises carrément hors-jeu, ou qui sont tenues en otage par quelques présidents de clubs influents est effarant. Ainsi le Handball, le Basket Ball, le Volley Ball ou encore la Natation et le Taekwondo, voire le Rugby, sont devenus pratiquement ingouvernables. Le pompon revient à la fédération de lutte. Elle est, comme beaucoup d'autres disciplines, moribonde mais elle bouge encore et attire les convoitises. La basse-cour du sport A la dernière AG, le président en exercice, installé-là depuis vingt ans, a été dégommé d'une voix par son plus dangereux opposant. L'élection – démocratique comme il se doit – s'est jouée sur un seul votant. Le nouveau a gagné par onze voix contre dix. On dirait un score de match de handball pour cadets ou juniors. Et encore, sur cette vingtaine de clubs votants, il faut savoir qu'il y en a qui n'existent que sur le papier. Il y a des clubs fantômes en sport et ce, dans toutes les disciplines. Comme beaucoup de cette multitude d'associations qui pullulent au Maroc, ils n'ont d'existence véritable que par le dépôt légal qui les autorise à ouvrir un compte bancaire où seront versées les subventions qui servent souvent d'autres projets que ceux pour lesquels l'institution a été créée. Faut-il donner l'exemple de ce club dont le propriétaire (vocable plus adapté que celui de président) recevant 10 000 DH par an pour une vague activité socio-sportive en ponctionnait chaque fois les 4/5 pour se constituer un bon petit cheptel. Du bétail au nom du sport...Qui a dit « chacun chez soi et les vaches seront bien gardées » ? Voilà l'application de ce fameux adage à la lettre. L'argent du sport n'est pas perdu pour tout le monde. Et contrairement à une idée largement répandue, ce n'est pas dans les gros budgets que l'on trouve les prévaricateurs, mais bien dans les petites structures dont personne ne parle, qui sont loin des projecteurs des médias qui s'en mettent plein les poches en ne faisant rien de bien, mais qui seront les premiers à crier à l'injustice et à réclamer plus d'intégrité et de transparence dans la gestion des affaires publiques. Quand des parlementaires ajoutent à la confusion Certains de ces illustres olibrius beaux parleurs et opportunistes se sont retrouvés dans l'enceinte du Parlement. Ce ne sont pas eux qui sont à blâmer, mais bien ceux qui les ont élus. Mais qu'y peut-on ? Ce n'est pas demain la veille que l'on aura une majorité de citoyens à même de défendre leurs droits en respectant leurs devoirs et œuvrant pour l'intérêt général. Cela viendra incha Allah, mais il faut être patient. En attendant, il nous faut assister à ces réunions où la chose sportive est traitée non pas au niveau de la politique générale en y apportant une salutaire réflexion sur les réformes à entreprendre, mais comme si certains élus avaient des comptes à régler avec des personnalités respectables et au statut social irréprochable mais dont le seul tort est de s'occuper du sport. Un sport où, répétons-le, les petits margoulins peuvent grouiller et prospérer en paix dans le marigot, alors que les gens en vue sont systématiquement pointés du doigt. Ainsi de Ali Fassi-Fihri, président de la FRMF, dont une commission parlementaire a tout simplement exigé la démission sans condition pour manquements graves dans la conduite du football. Ce week-end a lieu le match Maroc-Mozambique, capital pour les Lions de l'Atlas. Que se passera-t-il si, à Dieu ne plaise, notre équipe ratait ce match ? Est-ce le gibet ou l'échafaud qui sera réclamé par la vox populi ? Une vox qui se fait influencer même dans les lieux où la pondération et la maturité devraient présider. Mais enfin...